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Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 185<br />

de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />

contre la seu<strong>le</strong> réalité psychique des tentations <strong>et</strong> ne considèrent comme des<br />

crimes méritant un châtiment que des impulsions uniquement ressenties. Il y a<br />

dans <strong>le</strong>urs tentations <strong>et</strong> impulsions une bonne part de réalité historique; dans<br />

<strong>le</strong>ur enfance, ces hommes ne connaissaient que de mauvaises impulsions <strong>et</strong>,<br />

dans la mesure où <strong>le</strong> <strong>le</strong>ur perm<strong>et</strong>taient <strong>le</strong>urs ressources infanti<strong>le</strong>s, ils ont plus<br />

d'une fois traduit ces impulsions en actes. Chacun de ces hommes se piquant<br />

aujourd'hui d'une moralité supérieure a connu dans son enfance une période<br />

de méchanc<strong>et</strong>é, une phase de perversion, préparatoire <strong>et</strong> annonciatrice de la<br />

phase sur-mora<strong>le</strong> ultérieure. L'analogie entre <strong>le</strong> primitif <strong>et</strong> <strong>le</strong> névrosé apparaît<br />

donc beaucoup plus profonde, si nous adm<strong>et</strong>tons que chez <strong>le</strong> premier la réalité<br />

psychique, dont nous connaissons l'organisation, a éga<strong>le</strong>ment coïncidé au<br />

début avec la réalité concrète, c'est-à-dire que <strong>le</strong>s primitifs ont réel<strong>le</strong>ment<br />

accompli ce que, d'après tous <strong>le</strong>s témoignages, ils avaient l'intention<br />

d'accomplir.<br />

Ne nous laissons pas toutefois trop influencer, dans nos jugements sur <strong>le</strong>s<br />

primitifs, par <strong>le</strong>ur analogie avec <strong>le</strong>s névrosés. Il faut éga<strong>le</strong>ment tenir compte<br />

des différences réel<strong>le</strong>s. Certes, ni <strong>le</strong> sauvage ni <strong>le</strong> névrosé ne connaissent c<strong>et</strong>te<br />

séparation n<strong>et</strong>te <strong>et</strong> tranchée que nous établissons entre la pensée <strong>et</strong> l'action.<br />

Chez <strong>le</strong> névrosé l'action se trouve complètement inhibée <strong>et</strong> tota<strong>le</strong>ment<br />

remplacée par l'idée. Le primitif, au contraire, ne connaît pas d'entraves à<br />

l'action; ses idées se transforment immédiatement en actes ; on <strong>pour</strong>rait même<br />

dire que chez lui l'acte remplace l'idée, <strong>et</strong> c'est <strong>pour</strong>quoi, sans prétendre clore la<br />

discussion, dont nous venons d'esquisser <strong>le</strong>s grandes lignes, par une décision<br />

définitive <strong>et</strong> certaine, nous pouvons risquer c<strong>et</strong>te proposition : « au<br />

commencement était l’action ».

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