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Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 184<br />

de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />

auraient-el<strong>le</strong>s pu suffire à provoquer la réaction mora<strong>le</strong> qui a créé <strong>le</strong> totémisme<br />

<strong>et</strong> <strong>le</strong> tabou. Nous échapperions ainsi à la nécessité de faire remonter <strong>le</strong>s débuts<br />

de notre civilisation, dont nous sommes si fiers, <strong>et</strong> à juste titre., à un crime<br />

horrib<strong>le</strong> <strong>et</strong> qui b<strong>le</strong>sse tous nos sentiments. L'enchaînement causal, qui s'étend<br />

de ces débuts jusqu'à nos jours, ne subirait de ce fait aucune solution de<br />

continuité, car la réalité psychique suffirait à expliquer toutes ces<br />

conséquences. A cela on peut répondre que <strong>le</strong> passage de la forme socia<strong>le</strong><br />

caractérisée par la horde paternel<strong>le</strong> à la forme caractérisée, par <strong>le</strong> clan fraternel<br />

constitue cependant un fait incontestab<strong>le</strong>. L'argument, quoique fort, n'est<br />

<strong>pour</strong>tant pas décisif. La transformation de la société a pu s'effectuer d'une<br />

manière moins vio<strong>le</strong>nte, tout en fournissant <strong>le</strong>s conditions favorab<strong>le</strong>s à la<br />

manifestation de la réaction mora<strong>le</strong>. Tant que l'oppression exercée par l'ancêtre<br />

primitif se faisait sentir, <strong>le</strong>s sentiments hosti<strong>le</strong>s à son égard étaient justifiés <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong> remords qu'on éprouvait à cause de ces sentiments <strong>et</strong> en même temps qu'eux<br />

devait, <strong>pour</strong> se manifester, attendre un autre moment. Tout aussi peu probante<br />

est l'autre objection, d'après laquel<strong>le</strong> tout ce qui décou<strong>le</strong> de l'attitude<br />

ambiva<strong>le</strong>nte à l'égard du père, tabou <strong>et</strong> prescriptions relatives au sacrifice,<br />

présenterait <strong>le</strong>s caractères du sérieux la plus profond <strong>et</strong> de la réalité la plus<br />

complète. Mais <strong>le</strong> cérémonial <strong>et</strong> <strong>le</strong>s inhibitions de nos névrosés souffrant<br />

d'idées obsédantes présentent <strong>le</strong>s mêmes caractères <strong>et</strong> restent toujours à l'état<br />

de réalités psychiques, de proj<strong>et</strong>s, sans jamais devenir des faits concr<strong>et</strong>s. Nous<br />

devons nous garder d'appliquer au monde du primitif <strong>et</strong> du névrosé, riche<br />

seu<strong>le</strong>ment en événements intérieurs, <strong>le</strong> mépris que notre monde prosaïque,<br />

p<strong>le</strong>in de va<strong>le</strong>urs matériel<strong>le</strong>s, éprouve <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s idées <strong>et</strong> <strong>le</strong>s désirs purs.<br />

Ici nous avons à prendre une décision faite <strong>pour</strong> nous rendre perp<strong>le</strong>xes.<br />

Commençons cependant par déclarer que c<strong>et</strong>te différence, que d'aucuns<br />

<strong>pour</strong>raient trouver capita<strong>le</strong>, ne porte pas sur <strong>le</strong> côté essentiel du suj<strong>et</strong>. Si désirs<br />

<strong>et</strong> impulsions présentent <strong>pour</strong> <strong>le</strong> primitif toute la va<strong>le</strong>ur de faits, il ne tient qu'à<br />

nous de chercher à comprendre c<strong>et</strong>te conception, au lieu de nous obstiner à la<br />

corriger conformément à notre propre modè<strong>le</strong>. Essayons donc de nous faire<br />

une idée plus précise de la névrose, puisque c'est el<strong>le</strong> qui a sou<strong>le</strong>vé en nous <strong>le</strong>s<br />

doutes dont nous venons de par<strong>le</strong>r. Il n'est pas vrai que <strong>le</strong>s névrosés obsédés<br />

qui, de nos jours, subissent la pression d'une sur-mora<strong>le</strong>, ne se défendent que

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