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Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac

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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 178<br />

de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />

C'est ainsi que dans la doctrine chrétienne l'humanité avoue franchement<br />

sa culpabilité dans l'acte criminel originel, puisque c'est seu<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong><br />

sacrifice de l'un des fils qu'el<strong>le</strong> a trouvé l'expiation la plus efficace. La<br />

réconciliation avec <strong>le</strong> père est d'autant plus solide qu'en même temps que<br />

s'accomplit ce sacrifice, on proclame la renonciation à la femme qui a été la<br />

cause de la rébellion contre <strong>le</strong> père. Mais ici se manifeste une fois de plus la<br />

fatalité psychologique de l'ambiva<strong>le</strong>nce. Dans <strong>le</strong> même temps <strong>et</strong> par <strong>le</strong> même<br />

acte, <strong>le</strong> fils, qui offre au père l'expiation la plus grande qu'on puisse imaginer,<br />

réalise ses désirs à l'égard du père. Il devient lui-même dieu à côté du père ou,<br />

plus exactement, à la place du père. La religion du fils se substitue à la religion<br />

du père. Et <strong>pour</strong> marquer c<strong>et</strong>te substitution, on ressuscite l'ancien repas<br />

totémique, autrement dit on institue la communion, dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s frères<br />

réunis goûtent de la chair <strong>et</strong> du sang du fils, <strong>et</strong> non du père, afin de se sanctifier<br />

<strong>et</strong> de s'identifier avec lui. C'est ainsi qu'en suivant, à travers <strong>le</strong>s époques<br />

successives, l'identité du repas totémique avec <strong>le</strong> sacrifice animal, avec <strong>le</strong><br />

sacrifice humain théoanthropique <strong>et</strong> avec l'eucharistie chrétienne, on r<strong>et</strong>rouve<br />

dans toutes ces so<strong>le</strong>nnités l'écho <strong>et</strong> <strong>le</strong> r<strong>et</strong>entissement du crime qui pesait si<br />

lourdement sur <strong>le</strong>s hommes <strong>et</strong> dont ils devaient <strong>pour</strong>tant être si fiers. Mais la<br />

communion chrétienne n'est, au fond, qu'une nouvel<strong>le</strong> suppression du père,<br />

une répétition de l'acte ayant besoin d'expiation. Et nous nous rendons compte<br />

combien Frazer a raison, lorsqu'il dit que « la communion chrétienne a absorbé<br />

<strong>et</strong> s'est assimilé un sacrement beaucoup plus ancien que <strong>le</strong> christianisme 1 ».<br />

7<br />

1 « Eating the God », p. 51. « Toute personne un peu familiarisée avec <strong>le</strong>s ouvrages écrite sur ce suj<strong>et</strong>,<br />

n'adm<strong>et</strong>tra jamais que <strong>le</strong> rattachement de la communion chrétienne au repas totémique soit une idée<br />

personnel<strong>le</strong> de l'auteur ».

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