Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac
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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 109<br />
de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />
morbide utilise réel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> mécanisme de la projection, <strong>pour</strong> résoudre ces<br />
conflits surgissant dans la vie psychique. Or <strong>le</strong> cas-type des conflits de ce genre<br />
est celui qui surgit entre <strong>le</strong>s deux termes d'une opposition, c'est-à-dire <strong>le</strong> cas de<br />
l'attitude ambiva<strong>le</strong>nte que nous avons analysée en détail à propos de la<br />
situation d'une personne frappée de deuil par la mort d'un parent cher. Ce cas<br />
nous paraîtra particulièrement apte à justifier la création de formations<br />
projectives. Ici nous nous trouvons de nouveau d'accord avec l'opinion dès<br />
auteurs qui considèrent <strong>le</strong>s esprits méchants comme <strong>le</strong>s premiers-nés parmi <strong>le</strong>s<br />
esprits <strong>et</strong> font remonter la croyance à l'âme aux impressions que la mort laisse<br />
aux survivants. Le seul point sur <strong>le</strong>quel nous nous séparons de ces auteurs<br />
consiste en ce qu'au lieu d'accorder la première place au problème intel<strong>le</strong>ctuel<br />
que la mort pose aux vivants, nous croyons que la force, qui pousse l'homme à<br />
réfléchir sur la mort a sa source dans <strong>le</strong> conflit affectif que c<strong>et</strong>te situation crée<br />
chez <strong>le</strong>s survivants.<br />
La première création théorique des hommes, cel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s esprits, proviendrait<br />
donc de la même source que <strong>le</strong>s premières restrictions mora<strong>le</strong>s auxquel<strong>le</strong>s ils se<br />
soum<strong>et</strong>tent, c'est-à-dire <strong>le</strong>s prescriptions tabou. Mais l'identité d'origine<br />
n'implique nul<strong>le</strong>ment la simultanéité d'apparition de l'une <strong>et</strong> des autres. S'il est<br />
vrai que la situation des survivants par rapport aux morts, a été la première<br />
cause qui poussa l'homme à réfléchir, à céder aux esprits une partie de sa toutepuissance<br />
<strong>et</strong> à sacrifier une partie de l'arbitraire auquel il se conformait dans<br />
ses actions, on peut dire que ces formations socia<strong>le</strong>s représentent une première<br />
reconnaissance de l'[mot en grec dans <strong>le</strong> texte] d'une nécessité qui s'oppose au<br />
narcissisme humain. Le primitif s'inclinerait devant l'inéluctabilité de la mort<br />
avec <strong>le</strong> même geste avec <strong>le</strong>quel il semb<strong>le</strong> la nier.<br />
Si nous avions <strong>le</strong> courage de <strong>pour</strong>suivre l'analyse de nos principes, nous<br />
<strong>pour</strong>rions nous demander quels sont <strong>le</strong>s éléments de notre propre structure<br />
psychologique qui se reflètent <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>rouvent dans <strong>le</strong>s formations projectives<br />
des âmes <strong>et</strong> des esprits. C'est fait diffici<strong>le</strong> à nier que la représentation primitive<br />
de l'âme, malgré la distance qui la sépare de la représentation ultérieure<br />
impliquant l'immatérialité de l'âme, ne s'en rapproche pas moins, dans ses<br />
traits essentiels, de c<strong>et</strong>te dernière, en ce qu'el<strong>le</strong> conçoit une personne ou une