Totem et Tabou - Philosophie pour le Bac
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Sigmund Freud (1912), <strong>Totem</strong> <strong>et</strong> tabou. Interprétation par la psychanalyse 104<br />
de la vie socia<strong>le</strong> des peup<strong>le</strong>s primitifs<br />
désirs, mais qu'ils finissent par n'être plus qu'une très fidè<strong>le</strong> imitation des actes<br />
sexuels, une manifestation <strong>pour</strong> ainsi dire déguisée, substitutive de ces actes.<br />
Si nous acceptons <strong>le</strong> mode d'évolution des conceptions humaines du<br />
inonde, tel qu'il a été décrit plus haut, à savoir que la phase animiste a précédé<br />
la phase religieuse qui, à son tour, a précédé la phase scientifique, il nous sera<br />
faci<strong>le</strong> de suivre aussi l'évolution de la « toute-puissance des idées » à travers ces<br />
phases. Dans la phase animiste, c'est à lui-même que l'homme attribue la<br />
toute-puissance ; dans la phase religieuse, il l'a cédée aux dieux, sans toutefois<br />
y renoncer sérieusement, car il s'est réservé <strong>le</strong> pouvoir d'influencer <strong>le</strong>s dieux de<br />
façon à <strong>le</strong>s faire agir conformément à ses désirs. Dans la conception<br />
scientifique du monde, il n'y a plus place <strong>pour</strong> la toute-puissance de l'homme,<br />
qui a reconnu sa p<strong>et</strong>itesse <strong>et</strong> s'est résigné à la mort, comme il s'est soumis à<br />
toutes <strong>le</strong>s autres nécessités naturel<strong>le</strong>s. Mais dans la confiance en la puissance<br />
de l'esprit humain qui compte avec <strong>le</strong>s lois de la réalité, on r<strong>et</strong>rouve encore <strong>le</strong>s<br />
traces de l'ancienne croyance à la toute-puissance.<br />
En remontant l'histoire du développement des tendances libidineuses,<br />
depuis la forme qu'el<strong>le</strong>s affectent à l'âge mûr, jusqu'à <strong>le</strong>urs premiers débuts<br />
chez l'enfant, nous avons établi tout d'abord une distinction importante que<br />
nous avons exposée dans Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie (1905). Les<br />
manifestations des tendances sexuel<strong>le</strong>s peuvent être reconnues dès <strong>le</strong> début,<br />
mais dans <strong>le</strong>urs tout premiers commencements el<strong>le</strong>s ne sont encore dirigées<br />
sur aucun obj<strong>et</strong> extérieur. Chacune des tendances dont se compose la sexualité<br />
travail<strong>le</strong> <strong>pour</strong> son compte, recherche <strong>le</strong> plaisir sans se préoccuper des autres <strong>et</strong><br />
trouve sa satisfaction sur <strong>le</strong> propre corps de l'individu. C'est la phase de<br />
l'autoérotisme, à laquel<strong>le</strong> succède cel<strong>le</strong> du choix de l'obj<strong>et</strong>.<br />
Une étude plus approfondie a fait ressortir l'utilité, voire la nécessité,<br />
d'interca<strong>le</strong>r entre ces deux phases une troisième ou, si l'on préfère, de<br />
décomposer en deux la première phase, cel<strong>le</strong> de l'auto-érotisme. Dans c<strong>et</strong>te<br />
phase intermédiaire, dont l'importance s'impose de plus en plus, <strong>le</strong>s tendances<br />
sexuel<strong>le</strong>s, qui étaient indépendantes <strong>le</strong>s unes des autres, se réunissent en une