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N°147 - Association des Marches Folkloriques de l'Entre Sambre et ...

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4<br />

In memoriam<br />

Anne-Marie Ganty<br />

D R JACQUES GANTY<br />

C’était une belle journée <strong>de</strong> juin<br />

1968 : un samedi, veille <strong>de</strong> la<br />

SS. Pierre <strong>et</strong> Paul à Thy-le-<br />

Château. Elle était jeune, elle était<br />

belle, elle avait toute la vie <strong>de</strong>vant<br />

elle. Elle avait huit ans <strong>et</strong> s’appelait<br />

Anne-Marie. C’était ma sœur.<br />

Alors que les tambours battaient le<br />

rappel du corps d’office dont je faisais<br />

partie, un bruit assourdissant<br />

r<strong>et</strong>entit dans le village. La poudre<br />

noire entreposée dans la maison<br />

paternelle <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée aux Marcheurs,<br />

avait pris feu. Brûlée vive<br />

sur tout le corps, Anne-Marie <strong>de</strong>vait<br />

succomber à ses blessures quelques<br />

heures plus tard. C’était, il y a bientôt<br />

trente ans <strong>et</strong> chacun comprendra<br />

toute mon émotion au travers <strong>de</strong> ces<br />

premières lignes. Aujourd’hui encore,<br />

je revois mon père extraire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

décombres <strong>de</strong> la maison, c<strong>et</strong> enfant<br />

qui, sous l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’explosion, ressemblait<br />

plus à un mineur <strong>de</strong> fond<br />

qu’à la p<strong>et</strong>ite fille aux boucles<br />

blon<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> au sourire enjôleur que<br />

j’avais connue. Aujourd’hui, je ressens<br />

encore toute sa souffrance<br />

comme je ressens celle <strong>de</strong> mon père<br />

qui, après la disparition <strong>de</strong> sa jeune<br />

femme, voyait maintenant le <strong><strong>de</strong>s</strong>tin<br />

lui ravir sa p<strong>et</strong>ite fille. Oh, funeste <strong>et</strong><br />

cruel <strong><strong>de</strong>s</strong>tin !<br />

En marge <strong>de</strong> toutes ces émotions,<br />

ceux <strong>et</strong> celles qui me liront, se<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ront très certainement<br />

comment une telle catastrophe s’est<br />

produite. A leur questionnement, je<br />

répondrai que la justice a fait son<br />

œuvre <strong>et</strong> qu’elle a établi les respon-<br />

ASSOCIATION<br />

DES<br />

MARCHES FOLKLORIQUES<br />

DE<br />

L'ENTRE-SAMBRE<br />

ET<br />

MEUSE<br />

sabilités <strong><strong>de</strong>s</strong> différents intervenants<br />

<strong>de</strong> ce fait divers dramatique en ce y<br />

compris la responsabilité <strong>de</strong><br />

l’ancienne administration communale<br />

<strong>de</strong> Thy-le-Château qui, pour<br />

atténuer les frais <strong>de</strong> la Marche, prenait<br />

en charge la comman<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

poudre. R<strong>et</strong>enons que c<strong>et</strong> acci<strong>de</strong>nt a<br />

donc été le fruit d’une conjoncture,<br />

d’un malenconteux enchaînement<br />

<strong>de</strong> circonstances <strong>et</strong> que ceux qui ont<br />

vécu <strong>de</strong> près ou <strong>de</strong> loin c<strong>et</strong> événement,<br />

en ont été marqué à vie.<br />

Et aujourd’hui ! Longtemps absent<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Marches</strong> folkloriques, je suis<br />

revenu, il y a quelques années dans<br />

le comité <strong>de</strong> la Marche SS. Pierre <strong>et</strong><br />

Paul <strong>de</strong> Thy-le-Château où mes<br />

pairs m’ont fait le plaisir <strong>de</strong> m’adouber<br />

comme prési<strong>de</strong>nt. C’est dire si je<br />

connais les <strong>Marches</strong>. C’est dire si je<br />

sais ce qui s’y passe encore.<br />

S’il est vrai que les faits que je vous<br />

relate ici sont arrivés près <strong>de</strong> chez vous<br />

pour paraphaser un célèbre film, je<br />

voudrais tout aussitôt ajouter que<br />

cela n’arrive pas qu’aux autres.<br />

Personne, non personne, n’est à<br />

l’abri d’un acci<strong>de</strong>nt quand il manie<br />

<strong>de</strong> la poudre <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> armes à feu.<br />

Chaque année d’ailleurs, les journaux<br />

font état d’acci<strong>de</strong>nts moins<br />

graves que celui <strong>de</strong> Thy-le-Château<br />

quoique pour celui qui est mutilé<br />

dans sa chair <strong>et</strong> handicapé à vie, il<br />

n’est pas certain qu’il appréhen<strong>de</strong><br />

avec la même parcimonie sémantique<br />

que moi, la réalité <strong>de</strong> sa condition.<br />

Je profiterai donc <strong>de</strong> l’occasion qui<br />

m’est donnée ici pour me tourner<br />

tout d’abord vers mes amis Marcheurs.<br />

Pour reprendre un slogan<br />

connu, je leur dis : «Boire ou tirer, il<br />

faut choisir !» Quand on se trouve<br />

sous l’emprise prononcée <strong>de</strong> la bois-

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