Décembre - Nervure Journal de Psychiatrie
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N°9 - TOME XIX - DÉCEMBRE 2006/JANVIER 2007<br />
Séminaire Déviance et Santé Mentale<br />
Centre <strong>de</strong> Recherche Psychotropes, Santé Mentale, Société<br />
(CNRS -INSERM Université Paris 5)<br />
faire un pas en avant à la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
repérage stéréotaxique du cortex cérébral.<br />
En effet, les travaux d’anatomie<br />
stéréotaxique <strong>de</strong> Jean Talairach ne pouvaient<br />
se limiter aux formations souscorticales.<br />
Jean Talairach avait une vue<br />
d’ensemble du cerveau et recherchait<br />
un système <strong>de</strong> repérage « universel »<br />
<strong>de</strong>s structures cérébrales, une ligne <strong>de</strong><br />
base « globale » valable à la fois pour les<br />
noyaux gris et pour les structures corticales.<br />
En outre, l’expérience acquise<br />
dans les enregistrements stéréo-électro-encéphalographiques<br />
(SEEG) <strong>de</strong>s<br />
mala<strong>de</strong>s épileptiques imposait <strong>de</strong> réduire<br />
les corrélations anatomo-électrocliniques<br />
à un système <strong>de</strong> référence commun.<br />
Dans un livre édité chez Masson<br />
en 1958, L’exploration chiurgicale stéréotaxique<br />
du lobe temporal dans l’épilepsie<br />
temporale, Talairach décrivit une<br />
ligne <strong>de</strong> base temporale passant par le<br />
plancher <strong>de</strong> la corne du ventricule latéral.<br />
Mais cette ligne <strong>de</strong> base n’était<br />
valable que pour le lobe temporal et fut<br />
vite abandonnée. En fait, les travaux<br />
anatomiques sur le télencéphale et le<br />
<strong>de</strong>ssin d’épures opératoires pour les<br />
cortectomies ayant montré la validité <strong>de</strong><br />
la ligne <strong>de</strong> base Ca-Cp, Talairach la<br />
compléta par le tracé <strong>de</strong> lignes perpendiculaires<br />
Vca et Vcp, puis d’un<br />
quadrillage tridimensionnel du cerveau,<br />
proportionnel aux dimensions propres<br />
<strong>de</strong> chaque individu. Le but était atteint.<br />
Il s’est matérialisé par le second Atlas<br />
paru en 1967, sur l’anatomie stéréotaxique<br />
du télencéphale, toujours édité<br />
chez Masson.<br />
Les applications<br />
cliniques <strong>de</strong> la<br />
stéréotaxie<br />
Pour une sociologie <strong>de</strong>s troubles du comportement<br />
chez l’enfant et l’adolescent<br />
Philippe Le Moigne, Michel Kokoreff<br />
Jeudi 25 janvier 2007 : Dominique Youf, CNFE - PJJ, L’idiome <strong>de</strong> la responsabilité<br />
: ses attendus et ses implications pour la justice <strong>de</strong>s mineurs.<br />
Jeudi 22 février 2007 : Cyrille Canetti, Psychiatre à la prison <strong>de</strong> Fleury-Mérogis,<br />
La psychopathie : du diagnostic psychiatrique à la réalité pénitentiaire.<br />
Jeudi 29 mars 2007 : Philippe Le Moigne, Sociologue, Cesames, Mineurs multirécidivistes<br />
: une sociologie <strong>de</strong> la relation judiciaire.<br />
Jeudi 26 avril 2007 : Christian Laval, Sociologue - Orspere, Le secteur socioéducatif<br />
face à la question clinique.<br />
Jeudi 31 mai 2007 : Richard Rechtman, Psychiatre, Anthropologue, La psychopathologie<br />
comme traumatologie : les jeunes sont-ils « mala<strong>de</strong>s » <strong>de</strong>s<br />
circonstances ? »<br />
Jeudi 28 juin 2007, Michel Kokoreff, Sociologue, Cesames, La nouvelle donne<br />
<strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> prévention : entre ordre gestionnaire et idéologie sécuritaire.<br />
Neurochirurgie <strong>de</strong> l’épilepsie<br />
C’est certainement dans le domaine<br />
<strong>de</strong> l’épilepsie que Talairach consacra,<br />
aux côtés <strong>de</strong> son Collègue neurologue<br />
Jean Bancaud, la majorité <strong>de</strong> ses travaux.<br />
Dès l’arrivée <strong>de</strong> celui-ci en 1952<br />
commence l’ère <strong>de</strong>s enregistrements<br />
intracérébraux chez les patients épileptiques.<br />
Les premiers enregistrements<br />
opératoires furent réalisés par Mme M.<br />
B Dell et Jean Bancaud, dans le thalamus<br />
et diverses régions corticales dans<br />
<strong>de</strong>s épilepsies frontales.<br />
En 1953, Henri Hecaen rentre d’un<br />
séjour d’un an à Montréal où il a observé<br />
Wil<strong>de</strong>r Penfield et Herbert Jasper<br />
réaliser <strong>de</strong>s enregistrements électrocorticographiques<br />
cérébraux au cours<br />
d’interventions pour épilepsie rebelle.<br />
Cette approche neurophysiologique,<br />
clinique et opératoire inspire Jean Bancaud<br />
qui réfléchit alors à une métho<strong>de</strong><br />
capable d’explorer les structures cérébrales<br />
au cours <strong>de</strong>s crises d’épilepsie.<br />
Il observe Jean Talairach mettre au<br />
point sa métho<strong>de</strong> stéréotaxique. La<br />
convergence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux hommes et<br />
<strong>de</strong> leurs travaux prenait corps. Malgré<br />
les critiques et les railleries <strong>de</strong> bien <strong>de</strong><br />
leurs contemporains, Marcel David crut<br />
au projet et fit construire en 1958 dans<br />
son Service la Salle d’opération dédiée<br />
à la neurochirurgie stéréotaxique. Cette<br />
salle <strong>de</strong>vait permettre le repérage neuroradiologique<br />
stéréotaxique fondé sur<br />
un équipement <strong>de</strong> téléradiologie mobile<br />
et les explorations neurophysiologiques<br />
cérébrales.<br />
Le mariage entre l’anatomie cérébrale<br />
- observée par la métho<strong>de</strong> stéréotaxique<br />
- et la neurophysiologie cérébrale<br />
- révélée par la clinique et l’électroencéphalographie<br />
- donna naissance<br />
à la Stéréo Electro-EncéphaloGraphie<br />
(ou SEEG, qui ne prendra ce nom<br />
qu’en 1962). La première implantation<br />
intracérébrale d’électro<strong>de</strong>s pour<br />
explorer l’activité <strong>de</strong> différentes structures<br />
cérébrales simultanément avec<br />
celle du scalp et enregistrer les crises<br />
chez un patient épileptique aura lieu<br />
le 3 mai 1957. Les électro<strong>de</strong>s étaient<br />
fabriquées à Sainte-Anne par Sabaton,<br />
rigi<strong>de</strong>s, stérilisables, à plusieurs contacts.<br />
La SEEG fit faire un immense bond en<br />
avant dans la compréhension <strong>de</strong>s<br />
mécanismes spatiaux et temporels qui<br />
sous-ten<strong>de</strong>nt les crises d’épilepsie, chez<br />
un patient donné comme d’une façon<br />
générale. L’anatomie stéréotaxique<br />
décrite par Jean Talairach fournissait<br />
un corps à l’interprétation dynamique<br />
<strong>de</strong>s crises d’épilepsie et un fon<strong>de</strong>ment<br />
à la démarche corrélative entre la<br />
sémiologie, l’anatomie et la neurophysiologie<br />
indispensable à la chirurgie <strong>de</strong><br />
résection dans l’épilepsie rebelle. La<br />
première intervention <strong>de</strong> ce type, qui<br />
sera appelée plus tard « cortectomie »<br />
eut lieu en janvier 1960. Avant cette<br />
date et <strong>de</strong>puis 1957, les interventions<br />
stéréotaxiques pour épilepsie partielle<br />
rebelle étaient une <strong>de</strong>struction sélective<br />
ammonienne et amygdalienne par<br />
implantation <strong>de</strong> grains d’Yttrium radioactif.<br />
Le rapport présenté <strong>de</strong>vant la Société<br />
<strong>de</strong> Neurochirurgie <strong>de</strong> Langue Française<br />
en 1974 « Approche nouvelle <strong>de</strong> la<br />
neurochirurgie <strong>de</strong> l’épilepsie » résumait<br />
14 années <strong>de</strong> collaboration, celle d’une<br />
équipe qui entourait Jean Talairach et<br />
Jean Bancaud : A. Bonis, S. Geier, G.<br />
Szkila, E. Bordas-Ferrer, C. Schaub, P.<br />
Tournoux, P. Buser, S. Trottier, P. Chauvel,<br />
J.M. Scarabin, C. Munari, pour ne<br />
citer qu’eux. Leurs travaux donnaient à<br />
la chirurgie <strong>de</strong> l’épilepsie ses lettres <strong>de</strong><br />
noblesse. Cette méthodologie <strong>de</strong>s corrélations<br />
anatorno-électro-cliniques possédait<br />
l’originalité d’abor<strong>de</strong>r les mécanismes<br />
d’une crise d’épilepsie <strong>de</strong> façon<br />
structurée, anatomique, spatiale et temporelle,<br />
le tout dirigé dans une perspective<br />
opératoire.<br />
<br />
LIVRES ET REVUES<br />
La sociologie <strong>de</strong> Max Weber<br />
Catherine Colliot-Thélène<br />
La Découverte<br />
Max Weber<br />
Sociologie <strong>de</strong>s religions<br />
Textes réunis, traduits et<br />
présentés par Jean-Pierre<br />
Grossein<br />
Tel Gallimard<br />
Le premier livre fournit <strong>de</strong>s éléments<br />
d’information relatifs à la formation<br />
scientifique et à la carrière <strong>de</strong> Weber,<br />
ainsi qu’un aperçu général <strong>de</strong>s différentes<br />
parties <strong>de</strong> son œuvre.<br />
Les <strong>de</strong>uxième et troisième chapitres<br />
traitent <strong>de</strong> ce que l’on appelle communément<br />
la « méthodologie » wébérienne.<br />
On distinguera son épistémologie,<br />
c’est-à-dire sa conception <strong>de</strong><br />
la nature <strong>de</strong> la connaissance en sociologie<br />
et en histoire, ainsi que <strong>de</strong>s<br />
relations entre les différentes sciences<br />
humaines et sociales, et sa « méthodologie<br />
», entendue au sens strict <strong>de</strong><br />
la systématisation <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong><br />
l’argumentation.<br />
La sociologie wébérienne conjugue<br />
le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’historien et les exigences<br />
<strong>de</strong> la théorie, tandis que le troisième<br />
chapitre explicite ce qu’est la<br />
sociologie « compréhensive », et les<br />
rapports qu’elle entretient avec la psychologie<br />
et la théorie juridique. Sous<br />
le titre « Rationalités », le quatrième<br />
chapitre évoque les ambiguïtés <strong>de</strong>s<br />
notions <strong>de</strong> <strong>de</strong> « rationnel, rationalité,<br />
rationalisation ». A l’encontre <strong>de</strong>s interprétations<br />
qui font <strong>de</strong> la rationalisation<br />
le maître mot <strong>de</strong> la pensée <strong>de</strong><br />
Weber, et sans nier l’importance centrale<br />
que possè<strong>de</strong> ce thème dans l’ensemble<br />
<strong>de</strong> son œuvre, l’auteur le considère<br />
moins comme une solution que<br />
comme un problème, c’est-à-dire<br />
comme le point <strong>de</strong> con<strong>de</strong>nsation d’une<br />
ambivalence qui traverse toutes les<br />
dimensions <strong>de</strong> ses analyses. Le <strong>de</strong>rnier<br />
chapitre recentre le programme<br />
<strong>de</strong> connaissance <strong>de</strong> Weber autour <strong>de</strong>s<br />
notions <strong>de</strong> « conduite <strong>de</strong> vie » et <strong>de</strong><br />
« puissances sociales », à la lumière <strong>de</strong>squelles<br />
se laisse reconstituer la cohérence<br />
entre ses positions épistémologiques<br />
et ses analyses concrètes.<br />
Jean-Pierre Grossein a rassemblé dix<br />
textes écrits par Max Weber, entre<br />
1910 et 1920, qui donnent une vue<br />
générale <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments théoriques<br />
<strong>de</strong> sa sociologie <strong>de</strong>s religions. On sait<br />
les difficultés d’accès à une œuvre inachevée,<br />
en remaniement, difficultés<br />
aggravées pour le lecteur français par<br />
le caractère lacunaire et l’incertitu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>s traductions. La réunion <strong>de</strong> ces<br />
textes <strong>de</strong> synthèse, empruntés pour<br />
l’essentiel aux <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s entreprises<br />
qu’a mené Weber au cours <strong>de</strong>s<br />
années 1910 - le travail d’élaboration<br />
<strong>de</strong>s catégories sociologiques d’Economie<br />
et société et les étu<strong>de</strong>s comparatives<br />
sur L’Ethique économique <strong>de</strong>s<br />
religions mondiales -, a été conçue<br />
pour faciliter l’entrée dans une <strong>de</strong>s<br />
pensées-source <strong>de</strong> la philosophie et<br />
<strong>de</strong>s sciences sociales contemporaines.<br />
Traduits par Jean-Pierre Grossein, présentés<br />
dans l’ordre chronologique, ils<br />
permettent <strong>de</strong> se faire une idée précise<br />
du développement <strong>de</strong> la réflexion<br />
wébérienne dans le sillage <strong>de</strong> L’Ethique<br />
protestante et l’esprit du capitalisme et<br />
<strong>de</strong> prendre la mesure <strong>de</strong> sa portée<br />
systématique.<br />
Le recul <strong>de</strong> la mort<br />
L’avènement <strong>de</strong> l’individu<br />
contemporain<br />
Paul Yonnet<br />
Gallimard, 25 €<br />
Le passage à une mortalité infantile<br />
faible est incompatible, à terme, avec<br />
le maintien d’une fécondité élevée, ce<br />
qui vali<strong>de</strong> le postulat <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong><br />
la Transition démographique dont le<br />
déclenchement est historiquement tardif.<br />
Quand la transition démographique<br />
apparaît, c’est le plus souvent après<br />
la scolarisation massive <strong>de</strong>s filles, voire<br />
leur accès à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s longues, et<br />
après un décollage économique rapi<strong>de</strong>,<br />
ou du moins en accompagnement<br />
<strong>de</strong> celui-ci. Ce ne fut pas le cas<br />
en France, aux débuts <strong>de</strong> la révolution<br />
démographique. En France, la<br />
baisse <strong>de</strong> la fécondité est précédée<br />
d’une baisse <strong>de</strong> la mortalité infantile<br />
et aux âges jeunes.<br />
Mais l’explication paraît insuffisante<br />
pour expliquer le déclenchement d’un<br />
ouragan contraceptif à partir <strong>de</strong> 1790<br />
qui n’est pas dû à <strong>de</strong>s causes économiques.<br />
Mélange <strong>de</strong> déchristianisation<br />
et d’excès dans la volonté <strong>de</strong> pouvoir<br />
<strong>de</strong> l’Eglise, voies trouvées pour<br />
s’opposer à la tentative <strong>de</strong> contrôle<br />
social sexuel par l’institution ecclésiale,<br />
résistance au pessimisme d’inspiration<br />
janséniste, mais aussi tonalité<br />
d’une Contre-Réforme visant le<br />
contrôle strict <strong>de</strong> la libido, conséquence<br />
<strong>de</strong> l’extraordinaire floraison <strong>de</strong> la foi<br />
catholique.<br />
Au-<strong>de</strong>là, et en prolongement, on peut<br />
tenter <strong>de</strong> comprendre l’attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />
élites urbaines, qui sont les précurseurs<br />
et les vecteurs <strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong><br />
la fécondité, au point d’adopter <strong>de</strong>s<br />
comportements <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong> leur<br />
propre <strong>de</strong>scendance anticipant <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux siècles ceux <strong>de</strong> la population<br />
française. L’état <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> classes<br />
en France ouvre la fenêtre <strong>de</strong> la contraception<br />
dans une élite dissuadée du<br />
pouvoir politique par l’absolutisme.<br />
La restriction <strong>de</strong>s naissances est bien<br />
alors la conséquence d’une personnalisation<br />
<strong>de</strong> l’enfant, lui-même envers<br />
d’une dépersonnalisation <strong>de</strong> l’avenir<br />
collectif, proprement politique, dans<br />
les élites écartées <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong> sérieux.<br />
Il y a donc trois facteurs : la<br />
baisse <strong>de</strong> la mortalité infantile et infanto-juvénile<br />
; la Contre-Réforme ;<br />
l’absolutisme. Mais la Révolution agrège<br />
le phénomène et, le diffusant, le fait<br />
changer d’échelle. Quand bien même<br />
ce ne serait pas la baisse <strong>de</strong> la mortalité<br />
infantile qui aurait déclenché la<br />
baisse <strong>de</strong> la fécondité , mais l’inverse :<br />
la baisse <strong>de</strong> la fécondité retentit sur<br />
la mortalité infantile. Les conséquences<br />
psychologiques sur la femme et sur<br />
l’enfant ont été les mêmes : peu à peu,<br />
libération <strong>de</strong> l’angoisse <strong>de</strong> la mort ;<br />
apparition <strong>de</strong> l’enfant du désir ; d’un<br />
être singulier, prémédité et irremplaçable,<br />
conçu pour lui-même et non<br />
pour être un élément parmi d’autres ;<br />
libération <strong>de</strong> la femme <strong>de</strong>s astreintes<br />
<strong>de</strong> la reproduction <strong>de</strong> l’espèce ; et libération<br />
pour la société.<br />
Ecrits allemands - I<br />
Fichte<br />
Ecrits allemands - Il<br />
Philosophie du droit<br />
Philosophie sociale et<br />
phénoménologie<br />
Georges Gurvitch<br />
Textes traduits et édités par<br />
Christian Papilloud et Cécile Rol<br />
L’Harmattan, 31 € chaque volume<br />
De Georges Gurvitch (1894-1965), on<br />
retient son parcours académique en<br />
France, où il a été professeur à la Sorbonne.<br />
On a salué son engagement<br />
lorsqu’il fallut reconstruire la sociologie<br />
durkheimienne après la Deuxième<br />
Guerre mondiale. On connaît enfin<br />
son rôle dans la mise en place <strong>de</strong>s<br />
premières unités du Centre National<br />
<strong>de</strong> la Recherche Scientifïque. Sa revue<br />
les Cahiers Internationaux <strong>de</strong> Sociologie<br />
paraît aujourd’hui encore.<br />
En revanche, on ignore souvent les<br />
influences qui ont guidé sa vie intellectuelle<br />
et imprégné I’œuvre <strong>de</strong> celui<br />
qu’on nommera le « pape <strong>de</strong> la sociologie<br />
française » après-guerre.<br />
Sur la base d’un matériel bio-bibliographique<br />
inédit, les éditeurs éclairent<br />
le détour <strong>de</strong> Gurvitch par l’Allemagne<br />
en publiant le premier <strong>de</strong>s trois volumes<br />
<strong>de</strong> ses écrits allemands consacré<br />
à son travail méconnu sur Fichte.<br />
Après un article préparatoire paru au<br />
HOMMAGE ■ 7<br />
début <strong>de</strong>s années 1920, Gurvitch y<br />
revient en détail à l’occasion <strong>de</strong> sa<br />
thèse <strong>de</strong> doctorat, traduite en français<br />
pour la première fois dans ce recueil.<br />
Il la défend à Berlin, où il pensait faire<br />
carrière. Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s révolutions<br />
russes et alleman<strong>de</strong>s, et après la Gran<strong>de</strong><br />
Guerre, la prise en compte <strong>de</strong> la doctrine<br />
morale <strong>de</strong> Fichte lui semble alors<br />
inéluctable pour que les sciences sociales<br />
retrouvent leurs marques.<br />
Convaincu, Gurvitch revient longuement<br />
sur Fichte, lui consacrant une<br />
notice dans l’Encyclopédie <strong>de</strong>s Sciences<br />
Sociales d’Alvin Johnson et d’Edwin<br />
Seligman, ou publiant la recension<br />
d’un livre <strong>de</strong> Marcel Guéroult sur Fichte,<br />
<strong>de</strong>ux contributions reprises dans le<br />
premier volume.<br />
Le <strong>de</strong>uxième volume contient une<br />
contribution sur le philosophe du droit<br />
Otto von Gierke, sur Proudhon, sur le<br />
philosophe autrichien du droit Anton<br />
Menger et, enfin, sur Gustav Radbruch.<br />
Hormis ce <strong>de</strong>rnier, ces articles paraissent<br />
pour la première fois en français.<br />
Les contributions que Gurvitch consacre<br />
à la philosophie sociale et à la phénoménologie<br />
portent sur Edmund Husserl,<br />
Emil Lask et Nikolaï Hartmann,<br />
<strong>de</strong>ux articles préparant les Tendances<br />
actuelles <strong>de</strong> la philosophie alleman<strong>de</strong>.<br />
Suivent une recension commune du<br />
Fichte <strong>de</strong> Xavier Léon et du Hegel <strong>de</strong><br />
Jean Wahl, inédite en français, ainsi<br />
qu’un article sur la philosophie sociale<br />
<strong>de</strong> Karl Krause. L’ouvrage se termine<br />
par un article critique portant sur la<br />
théorie <strong>de</strong> la valeur du philosophe<br />
néo-kantien Heinrich Rickert.<br />
Ces textes révèlent la permanence <strong>de</strong>s<br />
thématiques fichtéennes et, plus généralement,<br />
<strong>de</strong> la tradition alleman<strong>de</strong><br />
dans les travaux <strong>de</strong> Gurvitch. Ils attestent<br />
<strong>de</strong> son effort pour établir une<br />
synthèse critique <strong>de</strong>s traditions philosophiques,<br />
au profit d’une science<br />
<strong>de</strong> la morale pratique dont il cherchait<br />
les sources européennes. Gurvitch a<br />
trouvé en France la patrie d’adoption<br />
<strong>de</strong> son projet, mais aussi une terre <strong>de</strong><br />
débats féroces que l’exacerbation <strong>de</strong>s<br />
nationalismes en Europe ne manquera<br />
pas d’aiguiser. Marginale, sa présence<br />
à l’intérieur du champ socio-philosophique<br />
franco-allemand invite néanmoins<br />
à certaines redéfinitions. En témoigne<br />
en fin d’ouvrage une collection<br />
<strong>de</strong> matériaux bio-bibliographiques<br />
inédits.<br />
Art et psychanalyse<br />
Savoirs et clinique n°7, Erès, 28 €<br />
Le titre <strong>de</strong> ce numéro reprend celui<br />
du sixième colloque <strong>de</strong> l’ALEPH, qui<br />
s’est tenu les 11 et 12 décembre 2004<br />
au musée <strong>de</strong>s Beaux-Arts <strong>de</strong> Tourcoing.<br />
Dans son éditorial Franz Kaltenbeck<br />
relève que : « La psychanalyse<br />
ne s’applique pas à l’art mais au symptôme<br />
clinique qui est l’expression d’une<br />
satisfaction sauvage et douloureuse <strong>de</strong><br />
la pulsion. Dans l’art se créent <strong>de</strong>s œuvres<br />
qui sont, elles aussi, <strong>de</strong>s symptômes, puisqu’il<br />
faut les déchiffrer. Mais ces symptômes<br />
éveillent nos désirs en proposant<br />
<strong>de</strong>s images et <strong>de</strong>s langages nouveaux<br />
à notre sensibilité. Ils nous donnent ainsi<br />
<strong>de</strong>s aperçus sur les régions les plus opaques<br />
<strong>de</strong> notre propre jouissance ».<br />
<strong>Psychiatrie</strong> <strong>de</strong> l’adulte<br />
Formations médicales et<br />
paramédicales<br />
Pierre André<br />
4 ème édition révisée et augmentée<br />
Heures <strong>de</strong> France, 27 €<br />
Cet ouvrage pédagogique est <strong>de</strong>stiné<br />
à la formation <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins et <strong>de</strong>s<br />
paramédicaux. Sont abordées les diverses<br />
pathologies mais sont également<br />
traitées : la relation <strong>de</strong> soin, le<br />
projet thérapeutique ; les psychothérapies<br />
; les principales situations d’urgence<br />
; les médicaments psychotropes ;<br />
la législation et l’organisation <strong>de</strong>s soins<br />
en psychiatrie. On trouve en fin d’ouvrage<br />
un lexique <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> psychiatrie,<br />
psychologie et mé<strong>de</strong>cine.