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Décembre - Nervure Journal de Psychiatrie

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4<br />

■ FMC<br />

hommes et 1/100 000 femmes.<br />

Le sex ratio varie selon le pays et les<br />

étu<strong>de</strong>s. Il y a plus d’hommes que <strong>de</strong><br />

femmes qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un changement<br />

<strong>de</strong> sexe, les chiffres variant <strong>de</strong><br />

8:1 à 2,5:1, la moyenne étant 3:1. Une<br />

exception est la Pologne où le sex ratio<br />

est <strong>de</strong> 5,5 femmes pour 1 homme.<br />

Certains disent que cette particularité<br />

pourrait être due à <strong>de</strong>s critères diagnostiques<br />

différents en Pologne,<br />

d’autres qu’il pourrait s’agir d’une différence<br />

<strong>de</strong> conception du statut féminin<br />

dans les pays <strong>de</strong> l’Est, mais aucune<br />

hypothèse n’a été confirmée.<br />

Sur le plan étiologique<br />

Hypothèses psychologiques<br />

Pour Stoller le transsexualisme rend<br />

compte d’une impossibilité pour l’enfant,<br />

qui vit avec sa mère une symbiose<br />

étroite et aconflictuelle, <strong>de</strong> quitter<br />

une i<strong>de</strong>ntification primaire féminine,<br />

et une impossibilité d’i<strong>de</strong>ntification au<br />

père du fait <strong>de</strong> son absence.<br />

C. Chiland renouvelle l’approche clinique<br />

à partir <strong>de</strong> ses observations d’enfants<br />

dysphoriques <strong>de</strong> genre et <strong>de</strong> leurs<br />

parents. Elle remet en question les positions<br />

<strong>de</strong> Stoller : pour elle le garçon<br />

ne vivrait pas son union avec sa mère<br />

comme aconflictuelle, l’i<strong>de</strong>ntification à<br />

la femme idéalisée parait défensive face<br />

à une image féminine redoutable. De<br />

plus, les pères joueraient un rôle, non<br />

pas par leur absence, mais en raison<br />

<strong>de</strong> leur difficulté à assumer leur virilité.<br />

Son hypothèse est que par leur vécu,<br />

leurs fantasmes, leurs conduites, père et<br />

mère délivrent au garçon <strong>de</strong>s messages<br />

conscients et inconscients qu’il interprète<br />

comme s’il ne pouvait se sentir<br />

exister qu’en tant que membre <strong>de</strong><br />

l’autre sexe.<br />

Hypothèses biologiques<br />

Ce sont les plus récentes, elles donnent<br />

lieu à <strong>de</strong> nombreux travaux <strong>de</strong><br />

recherche.<br />

L’hypothèse d’une anomalie génétique,<br />

et notamment d’une anomalie du gène<br />

HY (situé sur le chromosome Y, contrôlant<br />

l’expression <strong>de</strong> l’antigène HY présent<br />

à la surface <strong>de</strong> toutes les cellules<br />

mâles), n’a pas été confirmée.<br />

L’hypothèse d’une anomalie <strong>de</strong> l’imprégnation<br />

hormonale du cerveau dans<br />

les pério<strong>de</strong>s pré et/ou périnatales, émise<br />

à partir <strong>de</strong> l’observation <strong>de</strong> modèles<br />

animaux expérimentaux et <strong>de</strong> modèles<br />

humains pathologiques (hyperplasie<br />

congénitale <strong>de</strong>s surrénales, testicules<br />

féminisants,…), reste purement théorique.<br />

L’hypothèse d’un dimorphisme anatomique<br />

sexuel cérébral a été émise. Le<br />

transsexualisme serait lié à une discordance<br />

entre la différenciation sexuelle<br />

génitale et la différenciation sexuelle<br />

cérébrale, qui apparaît très précocement<br />

au cours du développement sous<br />

l’influence <strong>de</strong>s hormones sexuelles. Un<br />

dimorphisme sexuel cérébral a été ainsi<br />

observé au niveau <strong>de</strong> l’hypothalamus :<br />

aire préoptique (le SDN : noyau sexuellement<br />

dimorphe, Swaab et al., 1985 ;<br />

INAH-2 et INAH-3 : noyau interstitiel<br />

<strong>de</strong> l’hypothalamus antérieur, Allen et al.,<br />

1989) et noyau du lit <strong>de</strong> la strie terminale<br />

(BST : « bed nucleus of the stria<br />

terminalis », dont la partie centrale BSTc<br />

a un volume 2,5 fois plus grand chez<br />

l’homme que chez la femme, Allen et<br />

al., 1990). Peu d’étu<strong>de</strong>s ont porté sur<br />

les sujets transsexuels. Zhou et al. ont<br />

montré, en 1995, que la BTSc <strong>de</strong>s<br />

transsexuels M->F avait un volume<br />

comparable à celui <strong>de</strong> femmes témoins,<br />

et, en 2000, que le nombre <strong>de</strong> neurones<br />

à somatostatine dans la BTSc<br />

chez le transsexuel correspondait au<br />

sexe qu’il revendiquait. Selon ces<br />

auteurs, ces différences observées ne<br />

peuvent pas s’expliquer par un traitement<br />

oestrogénique ou par une orchi<strong>de</strong>ctomie.<br />

La poursuite <strong>de</strong>s explorations<br />

est nécessaire. Les noyaux<br />

sexuellement dimorphes ont une implication<br />

sur le comportement sexuel <strong>de</strong>s<br />

animaux étudiés.<br />

Cependant, aucune conclusion ne peut<br />

être appliquée à l’homme sans<br />

recherche complémentaire. Le sentiment<br />

d’i<strong>de</strong>ntité sexuée semble propre<br />

à l’homme, étant lié en particulier au<br />

langage. Une meilleure appréciation<br />

<strong>de</strong>s déterminants et <strong>de</strong>s conséquences<br />

cliniques du dimorphisme cérébral est<br />

nécessaire.<br />

Une autre piste <strong>de</strong> recherche est l’approche<br />

neuro-cognitive, étudiée par<br />

B.A. Shaywitz et S.F. Witelson, partant<br />

<strong>de</strong>s différences d’aptitu<strong>de</strong>s cognitives<br />

homme-femme. L’hypothèse étant qu’il<br />

existe une « latéralité hémisphérique »<br />

<strong>de</strong>s fonctions cognitives, différente selon<br />

le sexe, qui serait sous influence hormonale.<br />

Mais la valeur <strong>de</strong> ces différences<br />

cognitives reste encore actuellement<br />

ininterprétable à un niveau<br />

comportemental. De plus, l’influence<br />

<strong>de</strong> nombreux facteurs, notamment<br />

environnementaux, sur les aptitu<strong>de</strong>s<br />

cognitives, reste à évaluer.<br />

Enfin, à coté <strong>de</strong>s hypothèses étiopathogéniques<br />

sus décrites, il faut faire<br />

une place aux explications socio-culturelles.<br />

La dichotomie sociale entre le<br />

genre féminin et le genre masculin<br />

apparaît comme une donnée structurelle<br />

<strong>de</strong> la société. Certains pensent<br />

que c’est l’offre hormono-chirurgicale<br />

qui a suscité et suscite toujours la<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> « réassignation ».<br />

Sur le plan thérapeutique<br />

Les étu<strong>de</strong>s catamnestiques, permettant<br />

d’apprécier l’efficacité <strong>de</strong>s thérapeutiques,<br />

sont difficiles à réaliser (grand<br />

nombre <strong>de</strong> perdus <strong>de</strong> vue et <strong>de</strong> refus<br />

<strong>de</strong> participer aux étu<strong>de</strong>s).<br />

Dans la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas, les<br />

transsexuels sont satisfait du THC, avec<br />

seulement 10% <strong>de</strong> sujets insatisfaits en<br />

moyenne (B. Lundström, et al., 1984 ;<br />

R. Green, D. Fleming, 1990), insatisfaction<br />

qui disparaît le plus souvent<br />

N°9 - TOME XIX - DÉCEMBRE 2006/JANVIER 2007<br />

dans l’année suivant le traitement chirurgical.<br />

Il n’y a que <strong>de</strong> très rares cas <strong>de</strong><br />

regrets post-opératoires : moins <strong>de</strong> 1%<br />

<strong>de</strong> patients F->M et 1,5 % <strong>de</strong> patients<br />

M->F (F. Pfäfflin, 1992 ; Aj. Kuiper,<br />

1991), liés notamment à <strong>de</strong>s erreurs<br />

diagnostiques, une absence <strong>de</strong> real life<br />

test ou un traitement chirurgical inadapté.<br />

Le taux <strong>de</strong> suici<strong>de</strong> est d’environ 1%,<br />

cependant ces suici<strong>de</strong>s ne sont pas<br />

nécessairement imputables à la réassignation<br />

hormono-chirurgicale du sexe.<br />

Les complications <strong>de</strong>s traitements chirurgical<br />

(étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> J. Eldh et al., 1997) et<br />

endocrinien (étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> P. Van Kesteren<br />

et al., 1997) sont rares du fait <strong>de</strong>

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