30.06.2013 Views

Décembre - Nervure Journal de Psychiatrie

Décembre - Nervure Journal de Psychiatrie

Décembre - Nervure Journal de Psychiatrie

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

N°9 - TOME XIX - DÉCEMBRE 2006/JANVIER 2007<br />

avoir été présente d’une manière persistante<br />

pendant au moins <strong>de</strong>ux ans, ne pas<br />

être un symptôme d’un autre trouble mental<br />

tel qu’une schizophrénie, et ne pas être<br />

associée à une autre anomalie sexuelle<br />

génétique ou chromosomique ».<br />

Dans le DSM IV (Diagnostic and statistical<br />

manual of mental disor<strong>de</strong>rs, American<br />

Psychiatric Association, 1994) le<br />

diagnostic <strong>de</strong> Transsexualisme du DSM<br />

III a été remplacé par celui <strong>de</strong> Trouble<br />

<strong>de</strong> l’I<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> Genre. On utilise aussi<br />

le terme « dysphorie <strong>de</strong> genre » qui<br />

désigne la souffrance psychique résultant<br />

du stress <strong>de</strong> vivre dans un corps ne<br />

correspondant pas au sexe perçu intérieurement.<br />

Les quatre critères diagnostiques principaux<br />

chez les adolescents et adultes<br />

(co<strong>de</strong> 302.85) sont :<br />

A. I<strong>de</strong>ntification intense et persistante à<br />

l’autre sexe (ne concerne pas exclusivement<br />

le désir d’obtenir les bénéfices culturels<br />

dévolus à l’autre sexe).<br />

Chez les adolescents et les adultes, la perturbation<br />

se manifeste par <strong>de</strong>s symptômes<br />

tels que l’expression d’un désir d’appartenir<br />

à l’autre sexe, l’adoption fréquente <strong>de</strong>s<br />

conduites où on se fait passer pour l’autre<br />

sexe, un désir <strong>de</strong> vivre et d’être traité<br />

comme l’autre sexe, ou la conviction qu’il<br />

(ou elle) possè<strong>de</strong> les sentiments et les réactions<br />

typiques <strong>de</strong> l’autre sexe.<br />

B. Sentiment persistant d’inconfort par rapport<br />

à son sexe ou sentiment d’inadéquation<br />

par rapport à l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> rôle correspondante.<br />

Chez les adolescents et les adultes, l’affection<br />

se manifeste par <strong>de</strong>s symptômes tels<br />

que : vouloir se débarrasser <strong>de</strong> ses caractères<br />

sexuels primaires et secondaires (p. ex.<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitement hormonal, <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

d’intervention chirurgicale ou d’autres<br />

procédés afin <strong>de</strong> ressembler à l’autre sexe<br />

par une modification <strong>de</strong>s caractères sexuels<br />

apparents), ou penser que son sexe <strong>de</strong> naissance<br />

n’est pas le bon.<br />

C. L’affection n’est pas concomitante d’une<br />

affection responsable d’un phénotype hermaphrodite.<br />

D. L’affection est à l’origine d’une souffrance<br />

cliniquement significative ou d’une<br />

altération du fonctionnement social, professionnel<br />

ou dans d’autres domaines importants.<br />

Diagnostics différentiels<br />

Le diagnostic <strong>de</strong> transsexualisme est<br />

distinct du point F66 intitulé « Problèmes<br />

psychologiques et comportementaux<br />

associés au développement sexuel et<br />

à l’orientation sexuelle » ou encore du<br />

point F65 intitulé « Troubles <strong>de</strong> la préférence<br />

sexuelle » et qui correspond à ce<br />

qu’on appelait auparavant les « perversions<br />

sexuelles ».<br />

Il est notamment important <strong>de</strong> distinguer<br />

le transsexualisme du « Transvestisme<br />

fétichiste » (F65.1) défini comme<br />

suit :<br />

« Le port <strong>de</strong> vêtements du sexe opposé,<br />

principalement dans le but d’obtenir une<br />

excitation sexuelle. Ce trouble doit être<br />

distingué du fétichisme simple dans la<br />

mesure où les vêtements et les accessoires<br />

fétichistes ne sont pas seulement<br />

portés, mais sont agencés pour créer l’apparence<br />

d’une personne du sexe opposé.<br />

Plusieurs articles vestimentaires sont<br />

habituellement portés ; il s’agit souvent<br />

d’un ensemble complet incluant perruque<br />

et maquillage. Le transvestisme fétichiste<br />

se distingue du transvestisme transsexuel<br />

par son association claire avec<br />

une excitation sexuelle et par le besoin <strong>de</strong><br />

se débarrasser <strong>de</strong>s vêtements une fois<br />

l’orgasme atteint et l’excitation sexuelle<br />

retombée. Des antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> transvestisme<br />

fétichiste sont habituellement rapportés<br />

par les transsexuels et constituent<br />

probablement, dans ces cas, une phase<br />

précoce du développement d’un transsexualisme<br />

».<br />

Les autres diagnostics différentiels sont :<br />

- schizophrénie avec idées délirantes<br />

<strong>de</strong> thématique <strong>de</strong> métamorphose<br />

sexuelle,<br />

- psychopathie avec <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitements<br />

hormonaux féminisants à visée<br />

utilitaire (prostitution).<br />

Le transsexualisme<br />

- intersexuation, qui exclut le diagnostic<br />

<strong>de</strong> transsexualisme par définition.<br />

Prise en charge<br />

médicale<br />

Les standards <strong>de</strong> soins<br />

internationaux<br />

La Harry Benjamin International Gen<strong>de</strong>r<br />

Dysphoria Association ou HBIGDA est<br />

une association internationale qui<br />

regroupe <strong>de</strong>s professionnels du mon<strong>de</strong><br />

entier soignants <strong>de</strong>s transsexuels. Elle<br />

édicte, <strong>de</strong>puis 1979, <strong>de</strong>s « gui<strong>de</strong>lines »<br />

thérapeutiques détaillées qui proposent<br />

<strong>de</strong>s schémas cliniques précis pour<br />

la prise en charge <strong>de</strong>s patients souffrant<br />

<strong>de</strong> problèmes d’i<strong>de</strong>ntité sexuelle.<br />

La 6 ème et <strong>de</strong>rnière version date <strong>de</strong><br />

2001.<br />

Certains mé<strong>de</strong>cins s’y réfèrent, d’autres<br />

rédigent leur propre protocole.<br />

Le protocole parisien<br />

Il est établi par B. Cordier, C. Chiland,<br />

T. Gallarda en 2001. Il gui<strong>de</strong> l’évaluation<br />

d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> traitement hormono-chirurgical<br />

(THC), il suggère les<br />

bilans à pratiquer et recomman<strong>de</strong> une<br />

pratique collégiale. Il n’a aucune base<br />

légale et il n’est pas définitif. Néanmoins,<br />

il semble reconnu par la Sécurité<br />

sociale, le Conseil <strong>de</strong> l’Ordre <strong>de</strong>s<br />

mé<strong>de</strong>cins et <strong>de</strong>s tribunaux.<br />

Il consiste en une pério<strong>de</strong> d’observation<br />

d’une durée <strong>de</strong> 2 ans minimum<br />

comprenant une évaluation et un suivi<br />

psychiatrique, un bilan endocrinien et<br />

chirurgical, ainsi qu’une expérience <strong>de</strong><br />

vie réelle, « real life test », où le sujet<br />

se présente et vit au quotidien comme<br />

une personne du sexe désiré.<br />

L’évaluation psychiatrique est basée<br />

sur <strong>de</strong>s entretiens réguliers au cours<br />

<strong>de</strong>squels un examen psychiatrique<br />

complet est réalisé, et la psychobiographie<br />

du patient est minutieusement<br />

reconstituée. La rencontre avec la famil-<br />

Quelle réforme <strong>de</strong> la loi <strong>de</strong> 1990 ?<br />

paranoï<strong>de</strong> productive avec persécution<br />

ou syndrome d’influence,<br />

hallucinations impérieuses, une clinique<br />

pseudoneurologique ou une<br />

personnalité psychopathique sous-jacente.<br />

Favoriser l’accès au soin nécessite<br />

d’abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s besoins en espérant, au<br />

mieux, une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> directe qui<br />

n’existe souvent pas car médiatisée<br />

par un tiers. Répondre aux besoins<br />

<strong>de</strong> soins sans <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> celui qui<br />

souffre consiste à agir avec d’autres<br />

métiers que ceux <strong>de</strong> la psychiatrie en<br />

sachant que chacun ne peut pas, mais<br />

aussi, ne doit pas exercer selon les logiques<br />

<strong>de</strong>s autres et doit donc les respecter.<br />

De fait, traiter dès que possible, éviter<br />

les rechutes, maintenir la continuité<br />

<strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> manière fiable, implique<br />

une répartition <strong>de</strong>s rôles et une<br />

coordination liés aux risques inhérents<br />

à la pathologie ce qui nécessite<br />

un investissement <strong>de</strong>s multiples intervenants<br />

situés en première ligne.<br />

L’adaptation du concept <strong>de</strong> secteur<br />

recouvre, ni plus ni moins, cette évi<strong>de</strong>nce,<br />

ne pas lui rester fidèle en esprit<br />

mais aussi et surtout en pratique<br />

consiste à ne pas investir une réalité<br />

et donc à favoriser, faute <strong>de</strong> mieux,<br />

<strong>de</strong>s réponses répressives sans efficacité.<br />

Ce qu’il faut donc, c’est renforcer et<br />

rendre efficient l’existant, dans l’esprit<br />

du plan psychiatrie et santé mentale<br />

:<br />

- agir sur les facteurs structurels d’in-<br />

le apporte <strong>de</strong>s informations précieuses.<br />

Cette évaluation a pour but d’établir<br />

un diagnostic positif <strong>de</strong> trouble <strong>de</strong><br />

l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> genre, <strong>de</strong> s’assurer que le<br />

trouble est stable et persistant et d’évaluer<br />

les éventuelles conséquences psychosociales.<br />

Un bilan psychologique est réalisé par<br />

<strong>de</strong>s psychologues cliniciens ayant acquis<br />

une expérience dans ce domaine, il<br />

comporte <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> niveau (Binoit-<br />

Pichot) et <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> personnalité<br />

(Rorschach et MMPI).<br />

Le bilan endocrinien consiste en un<br />

examen clinique détaillé (caractères<br />

sexuels secondaires et organes génitaux<br />

externes) et en <strong>de</strong>s examens complémentaires<br />

(caryotype, bilan hormonal…).<br />

Il permet d’éliminer une<br />

affection responsable d’un phénotype<br />

hermaphrodite (critère diagnostique<br />

du trouble <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> genre) et<br />

<strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> contreindications<br />

à la prescription d’un traitement<br />

hormonal ultérieur.<br />

Le bilan chirurgical consiste en un examen<br />

clinique permettant <strong>de</strong> constater<br />

l’état <strong>de</strong>s organes sexuels, <strong>de</strong> rechercher<br />

<strong>de</strong>s anomalies physiques susceptibles<br />

<strong>de</strong> gêner une éventuelle intervention<br />

ultérieure et d’éliminer une<br />

contre-indication opératoire.<br />

Chacun <strong>de</strong>s spécialistes consultés<br />

délivre une information complète et<br />

éclairée au patient.<br />

Au terme <strong>de</strong> ces 2 années d’évaluation,<br />

une commission constituée d’un<br />

psychiatre, d’un endocrinologue et d’un<br />

chirurgien se réunit et déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

démarche thérapeutique la plus adaptée.<br />

Si les critères diagnostiques d’un<br />

syndrome transsexuel primaire sont<br />

réunis, si le trouble a <strong>de</strong>s conséquences<br />

psychosociales majeures et s’il n’y a<br />

pas <strong>de</strong> contre-indication d’ordre psychiatrique,<br />

endocrinologique ou chirurgical,<br />

alors l’indication thérapeutique<br />

d’une THC est retenue. Cette décision<br />

doit être prise à l’unanimité. Un certificat<br />

médical attestant le diagnostic et<br />

sécurité <strong>de</strong> la psychiatrie : site, organisation<br />

et spécification <strong>de</strong>s unités sur<br />

le plan <strong>de</strong> la pathologie accueillie et<br />

<strong>de</strong> l’accueil aux urgences, <strong>de</strong> la graduation<br />

<strong>de</strong> la sécurisation, <strong>de</strong>s effectifs,<br />

<strong>de</strong> la formation, <strong>de</strong> la flexibilité<br />

<strong>de</strong> la filière hospitalière ;<br />

- mieux organiser les services ambulatoires<br />

(information-communication,<br />

continuité, réponse téléphonique/régulation,<br />

mobilité, réactivité, procédures<br />

en cas <strong>de</strong> signalement ou <strong>de</strong><br />

rupture <strong>de</strong> traitement, développement<br />

d’équipes mobiles réactives, autoriser<br />

les soins ambulatoires sous<br />

contrainte) ;<br />

- associer systématiquement l’entourage<br />

comme ressource dans les soins,<br />

pour limiter les ruptures avec le patient,<br />

faciliter l’intervention auprès <strong>de</strong><br />

lui s’il n’est pas ou plus <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur,<br />

disposer d’une information plus actualisée<br />

;<br />

- développer <strong>de</strong>s conseils locaux <strong>de</strong><br />

prévention en santé mentale, coordonnés<br />

par les élus ;<br />

- lutter contre l’isolement du mala<strong>de</strong><br />

dans la cité (continuité <strong>de</strong>s soins, développement<br />

<strong>de</strong> l’accompagnement<br />

social : SAVS, SAMSAH), développer<br />

les formations au traitement <strong>de</strong>s<br />

comorbidités ;<br />

- développer un dispositif <strong>de</strong> vigilance<br />

à partir d’indicateurs. ■<br />

(1) SENON J-L., MANZANERA C., HU-<br />

MEAU M., GOTZAMANIS L., Les mala<strong>de</strong>s<br />

mentaux sont-ils plus violents que les citoyens<br />

ordinaires ? L’Information Psychiatrique 2006,<br />

82, 645-652<br />

l’indication thérapeutique, co-signé par<br />

le psychiatre, l’endocrinologue et le chirurgien,<br />

est adressé au mé<strong>de</strong>cin conseil<br />

national <strong>de</strong> la Sécurité sociale en vue<br />

d’obtenir une entente préalable pour la<br />

prise en charge <strong>de</strong> l’intervention chirurgicale.<br />

Le même certificat, mentionnant<br />

seulement les initiales du<br />

patient, est adressé, pour information,<br />

au Conseil national <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong>s<br />

mé<strong>de</strong>cins.<br />

Le traitement hormonochirurgical<br />

Dès que la décision <strong>de</strong> THC a été prise,<br />

le traitement hormonal peut être initié.<br />

Il comporte <strong>de</strong>ux phases : la première,<br />

dont les effets sont réversibles, prévoit<br />

un traitement anti-hormonal, antiandrogénique<br />

chez l’homme et progestatif<br />

puissant bloquant la stimulation<br />

ovarienne chez la femme. La<br />

<strong>de</strong>uxième phase, dont les effets sont<br />

irréversibles ou partiellement réversibles,<br />

comporte une oestrogénothérapie<br />

chez l’homme et la prescription <strong>de</strong><br />

testostérone chez la femme.<br />

Les interventions chirurgicales : chez<br />

l’homme, il s’agit d’une castration bilatérale<br />

suivie <strong>de</strong> la création d’un néovagin,<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s lèvres, d’un néo-clitoris<br />

et d’une urétrostomie périnéale ;<br />

chez la femme, il s’agit d’une mammectomie<br />

et d’une hystéro-ovariectomie<br />

non conservatrice, éventuellement<br />

complétée par une phalloplastie.<br />

Le transsexuel opéré <strong>de</strong>vra recevoir<br />

un traitement hormonal substitutif<br />

durant toute sa vie.<br />

Le traitement psychologique<br />

Au cours <strong>de</strong> l’évaluation et ensuite,<br />

quelle que soit la décision thérapeutique,<br />

une prise en charge à visée psychothérapique<br />

est vivement recommandée.<br />

Différentes formes <strong>de</strong><br />

psychothérapies sont utilisées : comportementale<br />

ou psychanalytique, individuelle,<br />

familiale ou groupale. Elles<br />

ont pour but <strong>de</strong> permettre une meilleure<br />

adaptation à la transformation<br />

sexuelle avec la prise en compte <strong>de</strong><br />

ses répercussions sur le fonctionnement<br />

mental et <strong>de</strong>s éventuelles désillusions.<br />

La psychothérapie <strong>de</strong> type analytique<br />

est difficile, car, comme l’écrit C.<br />

Chiland, le sujet transsexuel « ne parle<br />

pas le langage du désir et du conflit » et<br />

« la situation est particulièrement difficile<br />

avec ces patients qui mettent tout sur<br />

la scène corporelle et rien sur la scène<br />

psychique. Notre univers <strong>de</strong> pensée leur<br />

est étranger, nos interprétations leur<br />

paraissent ridicules et inopérantes. Parfois<br />

un éclair d’insight jaillit, mais l’étincelle<br />

retombe rapi<strong>de</strong>ment ».<br />

Aspect <strong>de</strong> la recherche<br />

Sur le plan épidémiologique<br />

La prévalence du transsexualisme est<br />

particulièrement difficile à évaluer. La<br />

plupart <strong>de</strong>s données sont issues <strong>de</strong><br />

centres spécialisés qui recensent les<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> THC qui leur sont adressées.<br />

Cependant certains patients ne<br />

font pas appel à ces centres spécialisés<br />

mais à <strong>de</strong>s psychiatres et <strong>de</strong>s chirurgiens<br />

indépendants, ou recourent à <strong>de</strong>s<br />

voies illégales. Les données produites<br />

connaissent d’importantes variations<br />

suivant les pays. Par exemple, à la fin<br />

<strong>de</strong>s années 1960, la prévalence estimée<br />

était beaucoup plus faible aux<br />

Etats-Unis (1/100 000 hommes et<br />

1/400 000 femmes) qu’en Suisse<br />

(1/37 000 hommes et 1/103 000<br />

femmes). Plus tard, les étu<strong>de</strong>s menées<br />

en Angleterre (1/34 000 hommes et<br />

1/108 000 femmes), en Australie<br />

(1/24 000 hommes et 1/150 000<br />

femmes), ainsi qu’en Allemagne<br />

(1/42 000 hommes et 1/104 000<br />

femmes) confirment les taux <strong>de</strong> prévalence<br />

antérieurs en Suisse établis par<br />

Walin<strong>de</strong>r. Le DSM-IV a regroupé ces<br />

différents résultats et donne une<br />

prévalence moyenne <strong>de</strong>1/30 000<br />

<br />

LIVRES<br />

FMC ■ 3<br />

Eduquer à la sexualité<br />

Un enjeu <strong>de</strong> société<br />

Patrick Pelege et Chantal Picod<br />

Dunod, 25 €<br />

L’idée d’une éducation à la sexualité<br />

pour les jeunes semble avoir fait son<br />

chemin dans l’opinion publique. Du<br />

reste, <strong>de</strong> nombreux ouvrages lui ont<br />

été consacrés, qu’ils soient historiques,<br />

philosophiques, polémiques ou pédagogiques.<br />

Depuis 1994, l’Education<br />

nationale s’en est ressaisie et a<br />

mené une réflexion sur la place et la<br />

légitimité <strong>de</strong> l’école dans cette éducation.<br />

Cette réflexion a débouché<br />

sur les circulaires <strong>de</strong> 1996 et 1998,<br />

la loi <strong>de</strong> 2001, et sa circulaire d’application<br />

<strong>de</strong> 2003 rendant obligatoire<br />

l’éducation à la sexualité <strong>de</strong> la maternelle<br />

à la terminale. Pour que cette<br />

réflexion ne reste pas du côté <strong>de</strong>s<br />

vœux pieux, <strong>de</strong>s formations <strong>de</strong>s<br />

personnels intervenants auprès <strong>de</strong>s<br />

jeunes, mais aussi <strong>de</strong> formateurs<br />

d’adultes ainsi que <strong>de</strong>s outils pédagogiques<br />

ont été développés ces dix<br />

<strong>de</strong>rnières années.<br />

Les <strong>de</strong>ux auteurs <strong>de</strong> cet ouvrage ont<br />

été impliqués dans cette réflexion, à<br />

partir d’actions <strong>de</strong> formations et divers<br />

écrits dont les références sont<br />

données au fil <strong>de</strong> l’ouvrage. Ce travail<br />

définit l’éducation à la sexualité<br />

par rapport à l’éducation sexuelle, et<br />

quelle part <strong>de</strong> cette éducation revenait<br />

à l’institution publique.<br />

Contrairement aux idées reçues, l’entrée<br />

privilégiée <strong>de</strong> l’institution scolaire<br />

pour ce qui constitue les séquences<br />

d’éducation à la sexualité<br />

n’est pas du côté <strong>de</strong> la biologie ou<br />

<strong>de</strong> la reproduction, <strong>de</strong> la contraception<br />

et <strong>de</strong>s IST/VIH sida laissés au<br />

cours <strong>de</strong> SVT, mais se situe résolument<br />

du côté du champ social.<br />

L’ouvrage traite <strong>de</strong> ces aspects en six<br />

chapitres qui abor<strong>de</strong>nt une perspective<br />

anthropologique <strong>de</strong> la sexualité,<br />

les modèles familiaux et sociaux qui<br />

balisent l’i<strong>de</strong>ntité sexuelle, la construction<br />

sociale <strong>de</strong> l’homophobie et du<br />

sexisme, la place et la question <strong>de</strong>s<br />

images et <strong>de</strong>s représentations médiatisées,<br />

dont celles <strong>de</strong> la pornographie,<br />

le développement psychosexuel<br />

<strong>de</strong> la naissance à l’âge adulte,<br />

les enjeux relationnels et éthiques <strong>de</strong><br />

l’éducation à la sexualité.<br />

Perversions<br />

Aux frontières du trauma<br />

Sous la direction <strong>de</strong> Joyce Aïn<br />

Erès, 23 €<br />

Sont présentées, dans cet ouvrage,<br />

les communications et conférences<br />

préparatoires au Carrefour sur les Perversions,<br />

qui s’est tenu à Toulouse en<br />

octobre 2005 à l’initiative <strong>de</strong> l’Association<br />

Carrefours et Médiations. Il<br />

s’agit d’un thème d’actualité, lorsqu’on<br />

sait, par les praticiens <strong>de</strong> terrain,<br />

que le pourcentage d’agresseurs<br />

sexuels en prison est passé en quelques<br />

années <strong>de</strong> 4% (avant 1990) à 25%<br />

(à partir <strong>de</strong> 1995) (Clau<strong>de</strong> Balier). Augmentation<br />

traduisant non pas celle<br />

du nombre <strong>de</strong>s pervers sexuels mais<br />

plutôt une plus gran<strong>de</strong> prise <strong>de</strong><br />

conscience <strong>de</strong> ce genre <strong>de</strong> délits et<br />

donc une élaboration et une application<br />

plus rigoureuse <strong>de</strong> la loi (loi<br />

du 17 juin 1998).<br />

En termes intra-psychiques, la question<br />

est difficile car la perversion, « c’est<br />

le mon<strong>de</strong> en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la représentation,<br />

<strong>de</strong>s affects, <strong>de</strong>s éprouvés, le mon<strong>de</strong> où<br />

l’autre, l’être humain, est traité comme<br />

objet (...) jetable après avoir servi ».<br />

L‘art peut proposer une figurabilité<br />

<strong>de</strong>s éprouvés. Le psychanalyste peut,<br />

dans certains cas, malgré toute la difficulté<br />

d’une telle entreprise, être<br />

comme « support à faire qu’un patient<br />

puisse passer <strong>de</strong> l’irreprésentable au<br />

représentable, d’en-<strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la dépression<br />

à la dépression<strong>de</strong> la douleur<br />

à la souffrance » (Alain Roucoules).<br />

M. Goutal

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!