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Décembre - Nervure Journal de Psychiatrie

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N°9 - TOME XIX - DÉCEMBRE 2006/JANVIER 2007<br />

Tableau I : Variables socio-démographiques<br />

rapporté dans l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Torrey en<br />

99 (6).<br />

Antécé<strong>de</strong>nts familiaux<br />

Dans notre étu<strong>de</strong>, 60% <strong>de</strong>s patients<br />

avaient <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts familiaux psychiatriques<br />

dont la nature n’a pu être<br />

précisée. En effet, ces informations<br />

étaient recueillies auprès <strong>de</strong> l’entourage<br />

<strong>de</strong>s patients souvent <strong>de</strong> faible niveau<br />

d’instruction. Ceci pourrait expliquer<br />

les taux relativement bas d’antécé<strong>de</strong>nts<br />

familiaux par rapport aux données <strong>de</strong><br />

la littérature.<br />

Chez nos patients schizophrènes, la<br />

fréquence d’antécé<strong>de</strong>nts familiaux <strong>de</strong><br />

schizophrénie (20%) rejoint celle <strong>de</strong> la<br />

littérature qui l’estime entre 8 et<br />

30% (11).<br />

Les schizo-affectifs avaient autant d’antécé<strong>de</strong>nts<br />

familiaux <strong>de</strong> schizophrénie<br />

que <strong>de</strong> trouble bipolaire (6,7%), résultat<br />

retrouvé dans une étu<strong>de</strong> tunisienne<br />

précé<strong>de</strong>nte (7) et dans celle menée par<br />

Béguin en 1994 qui a relevé 16% d’antécé<strong>de</strong>nts<br />

familiaux <strong>de</strong> schizophrénie<br />

et 16% <strong>de</strong> trouble <strong>de</strong> l’humeur (3).<br />

Ces patients avaient également, comme<br />

ce qui est rapporté dans la plupart <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s (7), plus d’antécé<strong>de</strong>nts familiaux<br />

<strong>de</strong> trouble bipolaire que les schizophrènes,<br />

et plus d’antécé<strong>de</strong>nts familiaux<br />

<strong>de</strong> schizophrénie que les bipolaires,<br />

se trouvant ainsi dans une<br />

position intermédiaire et distincte.<br />

Personnalité et tempérament<br />

Il est classiquement décrit dans la littérature<br />

une forte corrélation entre la<br />

personnalité schizoï<strong>de</strong> et la schizophrénie<br />

d’une part, allant <strong>de</strong> 30 à 48%<br />

selon les étu<strong>de</strong>s (1), et entre le tempérament<br />

hyperthymique et le trouble<br />

bipolaire d’autre part (9). Dans notre<br />

étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s résultats similaires étaient<br />

constatés.<br />

Par ailleurs, la fréquence <strong>de</strong> personnalité<br />

schizoï<strong>de</strong> au sein <strong>de</strong>s schizoaffectifs,<br />

était significativement inférieure<br />

à celle chez les schizophrènes. Bien<br />

que très peu d’étu<strong>de</strong>s aient porté sur ce<br />

sujet, ce résultat est conforté par celui<br />

d’Opjordsmoen en 98 (13). Elle était<br />

également significativement supérieure<br />

à celle chez les bipolaires. Quant au<br />

tempérament hyperthymique, les trois<br />

groupes étaient significativement distincts,<br />

plaçant le trouble schizoaffectif<br />

dans une situation médiane.<br />

Fonctionnement pré morbi<strong>de</strong><br />

Nous avons noté un EGF1 chez les<br />

schizoaffectifs supérieur à celui <strong>de</strong>s schizophrènes<br />

et inférieur à celui <strong>de</strong>s bipolaires.<br />

Les schizoaffectifs auraient, par<br />

conséquent, un fonctionnement pré<br />

morbi<strong>de</strong> intermédiaire.<br />

Nos résultats concor<strong>de</strong>nt avec ceux <strong>de</strong><br />

la littérature et notamment ceux <strong>de</strong><br />

Möller et col en 2000 et Bottlen<strong>de</strong>r et<br />

col en 2002 qui ont comparé schizophrènes<br />

et schizo-affectifs (12).<br />

Paramètres cliniques<br />

L’âge <strong>de</strong> début plus précoce dans la<br />

schizophrénie et le trouble schizo-<br />

Schizoaffectifs Bipolaires Schizophrènes p<br />

n = 30 n =30 n =30<br />

Age moyen (ans) 32.5 29.5 32 0.44<br />

Sexe (%) Masculin<br />

Féminin<br />

Statut matrimonial<br />

à l’admission (%)<br />

83.3<br />

16.7<br />

70<br />

30<br />

76.7<br />

23.3<br />

0.47<br />

Célibataire 80 70 80<br />

Marié<br />

Divorcé<br />

16.7<br />

0<br />

30<br />

0<br />

16.7<br />

0<br />

0.56<br />

Veuf<br />

Niveau socioéconomique<br />

(%)<br />

3.3 0 3.3<br />

Bas 50 36.7 70<br />

Moyen 43.3 56.7 26.7 0.14<br />

Elevé 6.7 6.7 3.3<br />

affectif retrouvé dans notre étu<strong>de</strong> a été<br />

relevé par certains auteurs dont Benabarre<br />

(4, 6).<br />

Par ailleurs, nous avons noté une<br />

moindre fréquence <strong>de</strong> facteurs précipitants<br />

par rapport à ce qui est classiquement<br />

rapporté dans la littérature.<br />

En effet, certains évènements <strong>de</strong> vie<br />

ont pu être sous-estimés par l’entourage.<br />

Nous avons relevé moins d’événements<br />

précipitants et plus <strong>de</strong> début insidieux<br />

chez les schizophrènes, suivis <strong>de</strong>s schizoaffectifs<br />

puis <strong>de</strong>s bipolaires. Il semble<br />

que le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> début insidieux soit<br />

prépondérant dans la schizophrénie (11),<br />

<strong>de</strong> même, il y aurait moins d’évènement<br />

précipitants par rapport aux schizoaffectifs<br />

(13).<br />

Benabarre a rapporté les mêmes<br />

conclusions dans son étu<strong>de</strong> (4).<br />

Paramètres évolutifs<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s données évolutives a objectivé<br />

une différence entre les trois<br />

groupes :<br />

Comparés aux schizophrènes, les schizoaffectifs<br />

avaient une meilleure insertion<br />

professionnelle, un meilleur fonctionnement<br />

à long terme (EGF2) et<br />

<strong>de</strong>s intervalles entre les hospitalisations<br />

<strong>de</strong> meilleure qualité.<br />

Cependant, leur évolution était moins<br />

bonne que celle <strong>de</strong>s bipolaires.<br />

Harrow et col. dans une étu<strong>de</strong> prospective,<br />

comparant, sur 10 ans, le profil<br />

évolutif <strong>de</strong> ces 3 populations avaient<br />

trouvé un pronostic du trouble schizoaffectif<br />

meilleur que celui <strong>de</strong> la schizophrénie<br />

mais moins favorable que<br />

celui du trouble bipolaire (10).<br />

Cette même équipe, à partir d’une<br />

étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> suivi sur 7 ans avait conclu<br />

que les patients souffrant <strong>de</strong> schizophrénie<br />

présentaient un niveau <strong>de</strong> récupération<br />

symptomatique plus faible<br />

avec <strong>de</strong>s rémissions moins fréquentes et<br />

<strong>de</strong> plus mauvaise qualité ainsi qu’un<br />

fonctionnement social plus altéré (6).<br />

Ces conclusions sont également confortées<br />

par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Benabarre et col. (4).<br />

Conclusion<br />

Cette étu<strong>de</strong> nous fait pencher vers une<br />

vision binaire où figurent d’un côté la<br />

schizophrénie, <strong>de</strong> l’autre le trouble<br />

bipolaire, <strong>de</strong>ux maladies distinctes<br />

par leur étiopathogénie, leur évolution,<br />

leur pronostic…<br />

Il apparaît clairement au travers <strong>de</strong><br />

notre travail et sur la base <strong>de</strong> paramètres<br />

épidémiologiques, cliniques<br />

et pronostiques, que le trouble schizoaffectif<br />

se situe dans une position<br />

intermédiaire entre schizophrénie et<br />

trouble bipolaire.<br />

Bien qu’il se montre comme une<br />

entité distincte, il ne s’agit là que<br />

d’une première étape, une ébauche<br />

<strong>de</strong> réponse à un problème complexe.<br />

■<br />

Olfa Dakhlaoui,<br />

Dhouha Becheikh,<br />

Fakhreddine Haffani<br />

Service <strong>de</strong> psychiatrie « E », Hôpital Razi Tunis.<br />

Bibliographie<br />

(1) AZORIN J.M, KALADJIAN A,<br />

FAKARA E, Aspects actuels du trouble<br />

schizoaffectif, l’Encéphale 2005, 31, 359-<br />

65.<br />

(2) American Psychiatric Association,<br />

MINI DSM IV, Critères diagnostiques<br />

(Washington DC, 1994 ), Traduction<br />

française par J.D. Guelfi et al., Masson,<br />

Paris, 1996, 384 pages.<br />

(3) BÉGUIN T, Schizophrénie dysthymique,<br />

Enquête sur l’évolution, Encéphale<br />

1994, 20, 385-92.<br />

(4) BENABARRE A, VIETA E, COLOM<br />

F, MARTINEZ-ARAN A, REINARES M,<br />

GASTO C, Bipolar disor<strong>de</strong>r, schioaffaective<br />

disor<strong>de</strong>r and schizophrenia: Epi<strong>de</strong>miologic,<br />

clinical and prognostic differences,<br />

Eur Psychiatrry 2001, 16, 167-72.<br />

(5) COUSIN F, Des symptômes thymiques<br />

dans les schizophrénies aux<br />

troubles psycho-affectifs, l’Encéphale<br />

1999, Sp IV, 4-7<br />

(6) DEMITV C, THIBAUT F, Schizophrénies<br />

et troubles bipolaires : vers un<br />

continuum ? Interpsy 2004, 29-30.<br />

(7) FERCHIOU A, Trouble schizoaffectif<br />

: problématique nosographique, diagnostique<br />

et pronostique. A propos <strong>de</strong> 50<br />

cas, Thèse <strong>de</strong> doctorat en mé<strong>de</strong>cine,<br />

Tunis 2005.<br />

(8) GOURION D, Les troubles schizoaffectifs<br />

revisités à la lumière <strong>de</strong> l’hypothèse<br />

neurodéveloppementale : continuum ou<br />

dichotomie ?<br />

(9) GUELFI JD, BOYER P, CONSOLI S<br />

et all. <strong>Psychiatrie</strong>. Puf, France 2001,<br />

128p.<br />

(10) HARROW M, GROSSMAN L.S,<br />

HERBENER E.S, DAVIES E.W, Ten-year<br />

outcome: patients with schizoaffective disor<strong>de</strong>rs,<br />

schizophrenia, affective disor<strong>de</strong>rs and<br />

mood-incongruent psychotic symptoms,<br />

British <strong>Journal</strong> of Psychiatry 2000, 177,<br />

421-26.<br />

(11) KAPLAN HI, SADOCK BJ, Synopsis<br />

<strong>de</strong> psychiatrie. Sciences du comportement,<br />

<strong>Psychiatrie</strong> clinique,Masson,<br />

Williams et Wilkins, France, Paris, 1998,<br />

1676p.<br />

(12) MÖLLER HJ , BOTTLENDER R,<br />

WEGNER U, Long-term course of schizophrenic,<br />

affective and schizoaffective<br />

psychosis: focus on negative symptoms<br />

and their impact on global indicators of<br />

outcome, Acta Psychiatr Scand 2000,<br />

102 (suppl 407), 54-7.<br />

(13) OPJORDSMOEN S., Long-term<br />

course and outcome in unipolar affective<br />

and schizoaffective psychosis, Acta Psychiatr<br />

Scand 1989, 79, 317-26.<br />

Les Jeudis <strong>de</strong> l’Infirmerie Psychiatrique<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’enseignement du Dr Michel Gourevitch<br />

Le Dr Michel Dubec<br />

Expert national agréé par la Cour <strong>de</strong> Cassation, donnera une conférence<br />

sur :<br />

NUREMBERG 1946 :<br />

la contagion d’une idée délirante criminelle<br />

Le Jeudi 22 Février 2007 à 14h<br />

Salle <strong>de</strong> conférences,<br />

rez-<strong>de</strong>-chaussée<br />

Infirmerie Psychiatrique, 3 rue Cabanis, 75014 Paris<br />

Renseignements : 01 53 73 66 07 ou 06<br />

Pour un abord<br />

corporel après un<br />

traumatisme<br />

Ce texte traite <strong>de</strong> la pertinence d’une<br />

approche corporelle dans la prise<br />

en charge immédiate et post-immédiate<br />

d’un traumatisme. Les sujets traumatisés<br />

se trouvent dans un état <strong>de</strong><br />

désorganisation profon<strong>de</strong>. Leurs capacités<br />

cognitives étant perturbées, ils sont<br />

parfois en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> toute capacité <strong>de</strong><br />

verbalisation. L’hypothèse <strong>de</strong> ce travail<br />

est <strong>de</strong> s’appuyer non sur la parole<br />

comme a pu le suggérer la technique<br />

du <strong>de</strong>briefing, mais sur le corps pour<br />

amener le sujet à retrouver un sentiment<br />

<strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong><br />

soi. Pour étayer cette hypothèse, je vais<br />

abor<strong>de</strong>r le traumatisme sous l’angle <strong>de</strong><br />

notions anciennes mais qui gar<strong>de</strong>nt, à<br />

mon sens, un intérêt clinique les<br />

concepts d’enveloppe psychique et<br />

physique. Puis j’évoquerai la technique<br />

quelque peu oubliée du pack comme<br />

abord envisageable dans ce contexte.<br />

Enfin je présenterai <strong>de</strong>ux vignettes cliniques<br />

et terminerai par les interrogations<br />

que soulève cette hypothèse <strong>de</strong><br />

travail.<br />

D’abord, <strong>de</strong> brefs rappels. Le terme<br />

traumatisme dérive du mot grec trauma<br />

qui signifie blessure, on perçoit d’emblée<br />

la notion d’effraction. L’agression<br />

est classiquement violente et inattendue,<br />

cest une véritable rencontre avec<br />

la mort. Cette expérience dépasse toute<br />

possibilité <strong>de</strong> repérage elle est du<br />

domaine <strong>de</strong> l’irreprésentable. Le traumatisme<br />

échappe ainsi à la parole et<br />

à la symbolisation. Le sujet débordé<br />

dans ses capacités d’élaboration se trouve<br />

dans un état <strong>de</strong> sidération.<br />

Barrois définit le trauma comme coupure<br />

<strong>de</strong>s liens avec le mon<strong>de</strong>, rupture<br />

<strong>de</strong> sens, intériorité envahie par l’angoisse<br />

<strong>de</strong> néantisation et bris <strong>de</strong> l’unité<br />

<strong>de</strong> l’individu.<br />

D’autres auteurs considèrent cette<br />

désorganisation comme une défense.<br />

Il y a déréalisation et dépersonnalisation.<br />

Une partie <strong>de</strong> l’expérience n’est<br />

pas intégrée au reste <strong>de</strong> la conscience.<br />

Ferenczi va dans ce sens dans ses<br />

« réflexions sur le traumatisme » et parle<br />

d’une défense d’urgence. L’auto<strong>de</strong>struction<br />

<strong>de</strong> la cohésion psychique est la<br />

seule solution accessible au sujet pour<br />

le délivrer <strong>de</strong> l’angoisse. La désorganisation<br />

psychique est la soupape à la<br />

<strong>de</strong>struction totale.<br />

On peut considérer que le sentiment<br />

<strong>de</strong> conscience <strong>de</strong> soi est ainsi brutalement<br />

et profondément perturbé. Avançons<br />

un peu en nous penchant sur<br />

cette notion. Le sentiment d’existence<br />

peut être grossièrement rapporté à la<br />

présence dun contenu et d’un contenant<br />

psychiques. Le contenu serait la<br />

capacité d’associer ses pensées en une<br />

chaîne ininterrompue et cohérente. Le<br />

contenant serait une instance dont la<br />

fonction est <strong>de</strong> contenir l’excitation<br />

psychique, d’entraver les passages libres<br />

<strong>de</strong>s quantités d’excitation à l’intérieur<br />

du psychisme. D. Anzieu reprend cette<br />

notion avec le moi peau. Celui-ci vise<br />

à envelopper tout l’appareil psychique,<br />

il « remplit une fonction <strong>de</strong> maintenance<br />

du psychisme ». Son instauration « assure<br />

à l’appareil psychique la certitu<strong>de</strong> et la<br />

constance d’un bien être <strong>de</strong> base ». Le moi<br />

peau trouve son étayage sur la peau<br />

réelle. De la même manière qu’à l’origine<br />

toute activité psychique s’étaie sur<br />

une fonction biologique, le moi peau va<br />

se constituer à partir <strong>de</strong>s diverses fonctions<br />

<strong>de</strong> la peau. Anzieu rappelle que la<br />

première qualité <strong>de</strong> la peau est <strong>de</strong> retenir<br />

à l’intérieur le bon, c’est une sorte <strong>de</strong><br />

sac contenant. Elle a aussi pour rôle<br />

<strong>de</strong> délimiter l’intérieur et l’extérieur,<br />

c’est la barrière qui permet <strong>de</strong> se protéger<br />

<strong>de</strong>s agressions extérieures. Enfin,<br />

c’est une surface qui n’est pas hermé-<br />

CLINIQUE ■ 15<br />

tique, elle permet les échanges et la<br />

communication ; bref, la peau contient,<br />

sépare, protège et permet l’échange.<br />

On voit comment elle va servir d’étayage<br />

à la constitution <strong>de</strong> l’enveloppe psychique.<br />

C’est par la relation à la mère et le holding<br />

décrit par Winnicott que cette<br />

enveloppe va pouvoir se développer.<br />

La mère soutient le corps du bébé par<br />

son contact cutané, son regard, Ses<br />

paroles. Selon Bion, les éléments B sont<br />

<strong>de</strong>s éléments non pensables qui ne<br />

peuvent se lier entre eux et que l’enfant<br />

projette dans le psychisme <strong>de</strong> sa mère.<br />

Ces éléments vont être transformés<br />

grâce la capacité <strong>de</strong> rêverie <strong>de</strong> la mère<br />

et <strong>de</strong>venir pensables pour le bébé. La<br />

mère a donc une fonction <strong>de</strong> pareexcitation.<br />

La fonction psychique du<br />

bébé va progressivement se développer<br />

par intériorisation <strong>de</strong> ce holding.<br />

On comprend assez facilement que si<br />

le moi peau est fragile il ne parvient<br />

pas suffisamment à garantir le filtrage,<br />

à contenir et le sentiment <strong>de</strong> sécurité et<br />

<strong>de</strong> cohésion interne s’en trouve alors<br />

altéré. Mon hypothèse est qu’en cas<br />

<strong>de</strong> traumatisme, il y a effraction psychique<br />

et fragilisation du sentiment<br />

d’existence. L’enveloppe psychique est<br />

mise à mal. Il serait alors intéressant<br />

<strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r le sentiment<br />

<strong>de</strong> soi en agissant sur cette enveloppe.<br />

Ce qui m’amène à abor<strong>de</strong>r le <strong>de</strong>rnier<br />

point <strong>de</strong> cette réflexion : le pack. Le<br />

holding dont nous avons parlé a inspiré<br />

la technique <strong>de</strong> l’enveloppement<br />

humi<strong>de</strong> ou pack.<br />

Autrefois assez souvent utilisé, il est<br />

actuellement un peu oublié.<br />

Cette technique est issue <strong>de</strong>s traitements<br />

par l’eau. Depuis les temps<br />

anciens, l’élément liqui<strong>de</strong> est reconnu<br />

comme bienfaisant. Autrefois employée<br />

à visée purificatrice et parfois <strong>de</strong> manière<br />

abusive, elle est utilisée par Magnan<br />

en 1893 pour humidifier <strong>de</strong>s draps qui<br />

viennent recouvrir le corps du patient.<br />

Cette technique est proposée surtout<br />

pour contenir les patients agités. Ce<br />

n’est qu’après la <strong>de</strong>uxième guerre mondiale<br />

et avec Paul Sivadon que l’eau<br />

est utilisée comme un médiateur symbolique.<br />

La technique du pack favorise le sentiment<br />

<strong>de</strong> sécurité, la prise <strong>de</strong> conscience<br />

<strong>de</strong> soi, <strong>de</strong> l’existence corporelle et <strong>de</strong><br />

la relation avec les objets et les personnes.<br />

Le patient est amené à retrouver<br />

du sens à ses émotions et à les verbaliser.<br />

Woodburry en 1966 parle <strong>de</strong><br />

l’enveloppement anaclitique comme<br />

un moyen d’enrayer la crise <strong>de</strong> morcellement<br />

et les troubles chroniques<br />

du schéma corporel chez le psychotique.<br />

L’effet thérapeutique se fon<strong>de</strong><br />

sur la dimension relationnelle <strong>de</strong> la<br />

technique. L’entourage soignant fait<br />

partie intégrante du processus. Il y a<br />

au moins <strong>de</strong>ux personnes, un psychiatre<br />

et un infirmier par exemple. Le<br />

sujet, enveloppé dans les draps humi<strong>de</strong>s<br />

connaît une réactivation <strong>de</strong> l’angoisse et<br />

<strong>de</strong> ses mécanismes <strong>de</strong> défense. Le<br />

corps soignant contient ces projections<br />

par un environnement physique, il soutient<br />

par le regard, touche, masse le<br />

sujet. Il tente aussi <strong>de</strong> restituer les projections<br />

sous forme bonifiée par une<br />

mise en mots <strong>de</strong> leurs propres ressentis.<br />

Il se crée une sorte d’enveloppe à<br />

partir <strong>de</strong> l’action pare-excitante <strong>de</strong>s soignants.<br />

Le sujet vit la sensation d’être.<br />

Puis va se créer un champ intermédiaire<br />

que certains comparent à un<br />

objet transitionnel. C’est un espace <strong>de</strong><br />

paroles, même <strong>de</strong> jeu entre les soignants<br />

et le sujet qui retrouve une capacité<br />

à verbaliser. Cette technique fait<br />

évi<strong>de</strong>mment penser à ce qui peut se

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