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Arabic Linguistics

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C‘est une belle occasion pour Ibn Ğinnī de parler de la force expressive de<br />

la personnification, même en dehors du Coran et de la poésie, en citant les paroles<br />

d‘une personne qui disait : « si c‘était possible de voir le bien comme un homme,<br />

vous l‘aurez vu beau /d‘aspect/ (h}asan, ğamīl). Et, après avoir analysé plusieurs<br />

expressions de ce type, Ibn Ğinnī dit en guise de conclusion : hādihi ‟isti„ārāt<br />

kulluhā dāhìla tah}ta al-mağāz « ce sont des métaphores qui entrent toutes dans /la<br />

catégorie/ des expressions figurées ».<br />

Dans une bonne partie des exemples donnés par Ibn Ğinnī on a affaire aux<br />

personnifications, qui doivent être bien expliquées parce que, lorsqu‘il s‘agit de la<br />

divinité, elles risquent d‘être interprétées dans la direction de l‘anthropomorphisme.<br />

Mais lorsqu‘il s‘agit d‘une créature de Dieu en relation avec Dieu, l‘interprétation<br />

par métaphore n‘est pas obligatoire, dit Ibn Ğinnī. Dans wa kallama Allāha Mūsā<br />

taklīm an il ne s‘agit pas d‘une expression figurée (mağāz) car Musa a été vraiment<br />

doué de la parole par Dieu et il était capable, donc, de s‘adresser à Lui. En<br />

revanche, dit Ibn Ğinnī, si l‘homme avait créé une machine (‟āla) parlante, ce<br />

qu‘elle aurait prononcé n‘était pas la /vraie/ parole. Celui qui peint les animaux<br />

n‘est pas leur créateur (II, p. 454).<br />

La science de la langue arabe évite au croyant, selon Ibn Ğinnī, de<br />

s‘égarer : les spécialistes de droit canonique qui se sont laissés attirer par la<br />

comparaison entre Dieu et sa création (par l‘anthropomorphisme, donc) étaient<br />

faibles en arabe. Il explique tout cela dans un chapitre qui porte un titre curieux :<br />

Bāb fīmā yu‟minuhu „ilm al-„arabiyya min ‟i„tiqādāt dīniyya (III, 245-255), où il<br />

nous suggère, donc, que « la science de la langue nourrit des conviction<br />

religieuses ». Avec l‘autre chapitre que nous avons mentionné, celui-ci constitue<br />

les seuls endroits d‘ al-H~as}ā‟is} où le problème de l‘expression figurée est traité<br />

pour lui-même, d‘une manière originale, au moins en partie : l‘auteur lui-même<br />

nous dit dès le commencement qu‘il s‘agit d‘un « des plus nobles (‟ašraf)<br />

chapitres de ce livre ».<br />

Il commence par indiquer les versets du Coran où Dieu est apparemment<br />

présenté comme ayant des côtés /du corps/ (sg. ğanb), un visage (wağh), des<br />

mains (sg. yad), des yeux (sg. „ayn), des jambes (sg. sāq). Et, s‘il a des membres,<br />

on peut en déduire qu‘il a aussi un corps (ğism) comme ses créatures. La<br />

proposition coranique hàlaqa Allāhu ‟Ādama „alā s}ūratihi « Dieu a créé Adam<br />

selon sa forme » a suggéré elle aussi à certains la possibilité que les créatures<br />

soient semblables à leur créateur. Mais afin de ne pas laisser ses contemporains<br />

dans leur ignorance qui pouvait leur être fatale, Ibn Ğinnī précède ses<br />

commentaires par la phrase que nous avons déjà citée, à savoir que la langue<br />

arabe est constituée en grande partie des expressions figurées. Par l‘intermédiaire<br />

du Coran, Dieu avait adressé son discours aux Arabes à la manière qu‘ils<br />

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