Arabic Linguistics
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affirmée textuellement dans le Coran, et la présence des passages dans le Livre où<br />
est mentionné « le visage » de Dieu ou « les mains » de Dieu. Afin de justifier<br />
cette présence, ces auteurs ont parlé des expression imagées, des métaphores, et<br />
ont expliqué, par exemple, « les mains » de Dieu comme image de sa puissance. Il<br />
y a aussi « deux thèses complémentaires » qui viendront légitimer l‘omniprésence<br />
du sens figuré, résumées par D. E. Kouloughli, (2002, p. 227-228) de la manière<br />
suivante :<br />
La première est que le mağāz est une nécessité absolue dans le langage<br />
humain en raison du fait que les mots d‘une langue sont nécessairement en<br />
nombre fini, alors que les significations à exprimer sont, elles, en nombre infini. Il<br />
est donc inévitable qu‘il y ait, en quelque sorte, une ‗surjection‘ des significations<br />
(infinies) sur les formes linguistiques (finies) avec pour résultat la polysémie et la<br />
nécessité de l‘usage figuré.<br />
La seconde est que, loin de constituer une faiblesse du langage, le mağāz en<br />
constitue l‘expression la plus forte. Cette thèse, selon laquelle le sens figuré est<br />
plus éloquent que le sens propre (al-mağāz ‟ablaġ min al-h}aqīqa) s‘appuie sur la<br />
constatation selon laquelle les Arabes faisaient un usage intensif du langage figuré<br />
dans toutes les manifestations de leur virtuosité linguistique. Il était donc normal<br />
que Dieu, en leur envoyant Son message en « langue arabe claire » fit montre<br />
d‘une maîtrise comparable et même supérieure en la matière.<br />
Les arguments mentionnés, devenus pour les mu„tazilites, au dire de<br />
Kouloughli « des thèses du domaine publique » se retrouvent chez Ibn Ğinnī, à côté<br />
des autres, dans quelques passages que nous allons brièvement résumer ici.<br />
Quoiqu‘il parle à la manière de ses prédécesseurs et contemporains qui se trouvent<br />
sous l‘emprise de la rhétorique, Ibn Ğinnī parle aussi en linguiste, et les analyses<br />
des métaphores qu‘il propose sont dignes de notre intérêt surtout de ce point de vue.<br />
Après avoir donné des exemples du Coran qui peuvent être interprétés<br />
comme l‘expression de l‘anthropomorphisme, il dit : « Cela s‘explique par le fait<br />
que cette langue est, pour la plupart, constituée par des expressions figurées et il<br />
est rare que certaines choses sortent (de cette catégorie) pour (retrouver) la<br />
signification propre. Nous avons déjà mentionné cela dans ce livre et dans<br />
d‘autres livres (al-H~as}ā‟is}, III, p. 247) ».<br />
Ibn Ğinnī avait mentionné cela, en effet, dans un chapitre de son ouvrage<br />
qui constitue pour nous l‘objet central d‘intérêt ici. Le texte se trouve dans le<br />
deuxième chapitre du t.III de l‘édition al-Nağğār, p. 442 –457 et est divisé en<br />
deux parties. La première, Bābu al-farq bayna al-h}aqīqa wa al-mağāz « Le<br />
chapitre sur la distinction entre h}aqīqa et mağāz » se situe, en partie, dans la ligne<br />
traditionnelle d‘interprétation de la dichotomie, tandis que la deuxième, Bāb fī<br />
‟anna al-mağāz ‟idā katura lah}iqa al-h}aqīqa « Où il s‘agit du fait que le mağāz,<br />
lorsqu‘il se multiplie, peut rejoindre la h}aqīqa » présente une interprétation propre<br />
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