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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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<strong>Le</strong> <strong>tango</strong> <strong>des</strong> <strong>crocodiles</strong><br />

n’a bougé depuis.<br />

Je continue à frapper.<br />

Pour me sortir de cette prison à travers les barreaux serrés <strong>des</strong><br />

fins impossibles à écrire, il me fallait inventer un nouveau genre<br />

littéraire. Avec les outils dont nous disposons à présent, avec la toile,<br />

ça tenait debout <strong>com</strong>me New York[?]. Il y avait en plus une vraie<br />

raison de donner à l’écriture une forme de vie nouvelle.<br />

Un [<strong>Document</strong>] que ce soit un récit, un roman, un thriller, ça doit<br />

pousser, croître, sortir ses bourgeons au printemps. Laisser l’imprimante<br />

ou l’imprimeur te figer, c’est se faire prendre dans l’hiver et<br />

les glaces, c’est ne pas laisser grandir l’arbre et retenir la sève. Elles<br />

doivent pousser sans cesse, sur la toile, les lignes que tu n’a pas<br />

osé. Parce que tu pensais que, vaincu, mais pas encore détruit, tu<br />

n’intéressait personne. Ils doivent se dresser, les récits ou, menotté,<br />

quelques jours après le naufrage, tu saccageais à coup de chaussures<br />

neuves à pas cher, les plinthes du <strong>com</strong>missariat central de Montpellier<br />

23 , et que tu n’a pas osé parce que c’était trop. Et que tu n’a pas<br />

de preuves, parce qu’ils se sont enfuis, les patrons <strong>des</strong> condés et leurs<br />

fifres.<br />

Elles doivent naître un jour, les phrases ravalées, les métaphores<br />

en suspens, et prendre leur place dans l’arbre <strong>com</strong>me de nouvelles<br />

pousses de printemps.<br />

Je rendrai <strong>com</strong>pte de cet assassin en puissance qui vola les cirés<br />

flottants de mon navire, en ferait le portrait, qui aurait brouillé les<br />

pistes quand je voulais rester bien dans mon axe, sur ma route du<br />

carnet de voyage, qui malgré la cible mouvante, au fil de l’eau <strong>des</strong><br />

pages, était devenu politique.<br />

Et mes rêves quotidiens, plus denses que la réalité de chaque<br />

journée, plus précis que les photos en gros plan, imbriqués les uns<br />

dans les autres avec une structure fractale d’une impressionnante<br />

précision, doivent pousser sur les branches coupées. Je le dois à mon<br />

lecteur de papier. A ma santé mentale.<br />

Et les audiences <strong>des</strong> procès de mon navire, dont je n’ai rien dit,<br />

pour ne pas faire du voyage un tas de pleurnicheries.<br />

Et les recherches de boulots, les CV trafiqués à la baisse, pour<br />

devenir pompiste, vendeur de portes de placard, donneur de tickets<br />

d’autoroute, faute de diriger une petite agence de location de bétonneuses,<br />

de vendre <strong>des</strong> sites hospitaliers, ou <strong>des</strong> navires devant<br />

lesquels les clients venaient me jeter à la gueule leur bonheur de<br />

<strong>com</strong>merçants gavés de réussite.<br />

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