Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

32. Une ligne de traîne sur la toile
poncer. J’ai rangé cette idée de blanchir les identités et de faire un
[Roman].
Du même coup, je me retrouvais sur ma fin.
Que veut dire fin, dans cette histoire ?
Fin personnelle, des errances terrestres, économiques, des rêves
fractaux 19 , de mes réveils quotidiens à la rue d’une vie, plus bas que
le trottoir. Fin impunie de leurs coups ?
La fin politique, celle des classements sans suite grâce à mes
sites ? De l’irresponsabilité de l’Etat et des magistrats ? Des suspicions
de protection dans la délinquance d’affaires ? Je voulais donner
aux mots délinquance et racaille une autre couleur, celle du
blanc des cols, roulés ou pas.
Je hurle quand il est question de délinquance, d’un pénalisme
populaire, sujets préférés de nos politiques et des journaleux. Sur
le théâtre de grand guignol sur lequel les élections se joueront, on
exhibe l’horreur d’Outreau et ce juge lampiste. Moi j’avais Boizette,
Montebourg, Merriaud et quelques huissiers à pendre. Et Thory, et
sa bâtonnière, et le colonel, et tout le monde qui s’en foutait.
Joliot encourait la Cour d’assise, pour faux en écriture publique 20 ,
comme dans l’affaire des faux électeurs 21 et poussait comme une péniche,
son ventre de notable le long du canal de la Robine. Ca allait
lui faire drôle, mais ça ne ferait pas une fin.
D’une certaine façon cela est d’ailleurs bien fini.
Plus aucune action judiciaire n’est en cours. Les autres, tous les
autres, flics ou voyous, m’ont oublié. Pour les flics et les juges, je le
comprends, car ils se croient au dessus de tout et ils le sont. En ce
qui concerne les pilleurs, leur oubli m’est plus difficile à ressentir,
parce que si j’avais mis la vie des gens, de leur couple, de ceux
dont je connais la niaque et le talent, l’obstination farouche 22 sur
les rochers, j’aurais peur chaque jour. De voir devant mon nez le
canon lisse. J’aurais peur de démarrer ma voiture de luxe, peur de
la nuit et du matin. Mais ceux là aussi sont sûrs d’eux et croient à
l’exclusivité de leurs braquages d’influences, servis par l’inaction de
l’Etat.
Pour écrire une fin sans lendemain, il fallait que j’abandonne,
que je tourne la page, pas celle du « carnet de bord », mais de celle
ma vie.
Je n’ai pas encore cette intelligence. Alors la vraie vie me passe
dans le dos. Je l’ai vue en me retournant, la vraie vie, celle des autres,
et j’ai crié chat, et alors elle s’est perchée, la vraie vie, et plus rien
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