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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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<strong>Le</strong> <strong>tango</strong> <strong>des</strong> <strong>crocodiles</strong><br />

sous l’écriture.<br />

Je tenais l’apaissement, l’entrée dans de nouvelles eaux.<br />

Ca n’allait pas être bien difficile de lâcher prise à ces obsessions.<br />

malgré les rêves 2 plus réels que les journées de soleil.<br />

Je découvrais à chaque coup de lame, à quel point le petit monde<br />

qu’avait généré l’exclusion était précieux.<br />

Il y avait <strong>des</strong> moments de paix hors d’eau de cette plage, dans<br />

la rue montante du village, au matin, tanguaient les éclairages <strong>des</strong><br />

premières lueurs, qui déversaient ensuite leurs cargaisons roses vers<br />

le clocher de l’église, sur toute la longueur, entre les murs. Quatre<br />

chatons noirs sont sous leur mère. Un scarabée vert, sur le dos, gigotant,<br />

que je remets sur ses pattes et qui continuera sa route suffit<br />

à me faire aimer la vie.<br />

Tous mes efforts ne sont que pour ne filtrer le bon, le doux, le<br />

plancton de la vie ordinaire, dans le ressac et la solitude et le peu<br />

d’argent qui vous coupe la route <strong>des</strong> désirs inutiles, et que j’apprivoise<br />

à coup de cutter. Voici parfois quelque argent, noir, par ci par<br />

là, en paiement d’un savoir faire informatique qui s’étoffe, <strong>des</strong> vendanges.<br />

Alors le petit restaurant d’hiver sur la plage, menu à onze<br />

Euros, nous est accessible, parce que, aussi, le patron nous fait <strong>des</strong><br />

prix, on n’y paie jamais le vin, ni le rouge rugeux, ni le rosé frais, ni<br />

les pastis d’apéro.<br />

Je m’étais détaché de mon avenir, sûrement économiquement<br />

sombre, sans retraite autre que celle que j’ai du battre devant le<br />

non droit, sans patrimoine, ce sac que l’on porte sur son dos, avec<br />

ma dette courante, sans petite maison, sans enfant qui viendrait me<br />

voir ou m’écrire. Et ça m’allait.<br />

Je m’étais détaché d’un passé, à la lumière du soleil qui <strong>com</strong>mençait<br />

à écraser les contours de l’étang. La nuit c’était autre chose. Ca<br />

ne vous lâche jamais.<br />

Il y avait <strong>des</strong> moments de paix même hors d’eau. L’année de la<br />

physique me fit acheter quelques revues, et je me mis à dépiotter<br />

tout ce que je n’avais pas eu le temps de <strong>com</strong>prendre jeune. C’est à<br />

dire la totalité de tout ce que j’avais appris. J’avais admis, dans l’utilitaire.<br />

Celui qui consistait à obtenir les diplômes inutiles à présent.<br />

Comprendre était un véritable plaisir charnel. <strong>Le</strong> livre ou la revue<br />

fermée, je la posais à coté du lit, et me calais dans la petite place<br />

que les draps avaient laissé sous le creusement du trou noir. On ne<br />

pourrait jamais nous prendre la connaissance acquise, et le plaisir à<br />

en acquérir d’autre, sans objectif, sans but, sans volonté utilitariste.<br />

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