Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

30. Les commis voyageurs
mes chances de faire vibrer la chose étaient sur ce coup là sérieuses.
Il m’aurait fallu faire une nouvelle demande d’aide juridictionnelle,
puis trouver un avocat, puis lui raconter la fable du corbeau, du
renard. Lui faire faire le serment de n’avoir pas d’autres serments. Il
y avait pas de quoi en faire un fromage.
Les quais de la prescription ressemblaient aux docks de Londres,
ceux de Melville, dans RedBurn, grouillant des mendiants que le
refus d’accès aux voies de droit avaient laissé là sous de futiles prétextes,
et qui mourraient sous l’oeil indifférent de quelques policiers,
comme cette femme et ces enfants de ma première croisière.
Quelque part, la médiocrité, la lacheté, l’inaction, peut être autre
chose d’invisible, du dernier avocat, m’ont libéré. Ils ont du se donner
le mot, car celui du bateau, comme les autres, malgré les grands cris,
C’était juré, il n’était pas du genre de type qui laissaient les choses en
route. Un copain en plus tu imagines. C’était pas son genre de laisser
les choses en route. Bien sûr, ce n’était plus Thierry qui payait, mais
l’aide juridictionelle. Alors forcement. Je n’en dirai pas plus sur ce
type, parce qu’il est juste comme tous ces petits confrères de cette
profession que j’abore. Plus aucune action juridique n’est en cours.
Ce n’est techniquement possible car on avait passé le cap que je
redoutais tant, le cap des dix ans des responsabilité pour faute.
J’ai failli tomber dans le piège à nouveau, tant l’accès au droit
est soudé à l’homme social. Alors cherché toutes les responsabilités
qui auraient pu mener la bagarre plus loin. Le monde de divise en
deux, ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Le monde
de la responsabilité se divise également en deux.
Ceux qui ont un contrat signé, valable, valide, sans clauses exotiques
avec toi ou les tiens, et ceux qui n’en ont pas. Dans le premier
cas les droits contractuels ont la vie plus dure, que ceux qui résultent
d’une simple faute, et ne meurent qu’au bout de trente ans.
Et j’avais trouvé des contrats, de quoi nourrir un cabinet d’avocat
pendant quelques mois 12 avec certains repreneurs débinés, mes associés,
mon ex avocat d’entreprise, mon dévoué, la banque qui avait
prété l’argent pour ma maison sous l’eau.
Mais j’avais, du même coup, failli tomber dans un nouveau piège
de croire que des droits pouvaient être mis en oeuvre.
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