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Le tango des crocodiles
torrides sur les coutumes invisibles du lieu, comme l’avaient fait
quelques gendarmes ou commandant du SRPJ.
« Je quitte le métier me dit-elle, mais personne ne le sait. »
Fallait que ça tombe sur moi. A chaque fois, c’était du fric, celui
des rames de papier et des cartouches d’encre, le temps mis en rectos
verso, bien plus lent que les autres, les chapelets d’espérances égrenés
pour rien.
« Voici le nom d’une de mes consœurs, lâcha-t-elle. On était à la
faculté ensemble à Rennes. »
Je vais épargner au lecteur les fractales, autant que je le peux.
L’autre avocate, une bretonne, costaud et sympathique me prit quelques
semaines, mais pas le dossier. Elle venait, me dit-elle, de se faire virer
du cabinet qui l’employait.
Le troisième avocat des aides juridictionnelles, contre le symbole
de cette affaire, Maître Angel Thory, était à Paris. En effet, le code
de procédure civile, veut que lorsque l’on assigne un avocat, il faut
que ce soit dans le département limitrophe.
J’appelais Milbradt.
Je pris le problème pour ce nouveau contact par le bout de l’incompatibilité
de différents serments. Le serment de maçon est, de
façon évidente, incompatible avec celui des professions de justice ou
de police. Dans le premier serment, d’une solennité exceptionnelle, le
frère jure de faire passer les conflits d’intérêts entre les siens, avant
et au dessus des règles de la République[23]. On jure, faute de quoi,
on aura la gorge tranchée. Une métaphore, certes, mais il y a tant
de façon de trancher les garrots. Dans le serment de procureur, de
juge, de gendarme, de flic, on jure le respect aux lois républicaines,
aux codes civil et pénal. Cette incompatibilité est telle qu’en Italie,
il est interdit et sévèrement puni pour un magistrat, policier,
ou autre représentant des droits fondateurs d’une démocratie, d’être
dans une loge. En Angleterre, il faut déclarer un tel double serment.
Cela se conçoit également. Le client de l’avocat, le prisonnier du flic,
le gardé à vue du juge, doivent savoir par qui ils sont jugés ou défendus.
Dans les robes d’avocats français, au pseudo pays des droits de
la personne, et surtout pas des miens, c’est à vau l’eau. C’est secret.
Donc mafieux.
« Votre affaire m’intéresse, dit le Maître commis.
— Oui, mais il y a une condition à ce que vous la preniez. Avez
vous prêté votre serment d’avocat, je demande.
— Oui, bien sûr.
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