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Le tango des crocodiles
rature, les rotations et les pulsations émises dans le X de la justice.
Elle et moi, nous voilà, bras dessus, bras dessous. Un trou noir, cet
espace de quelques kilomètres à peine dans l’univers.
L’univers est en physique, comme une immense toile élastique
tendue, qu’un soleil posé va courber 1 , pour y générer un creux, plus
ou moins profond selon sa masse. Comme une boule de pétanque
sur un trampoline ultra fin. L’étoile effondrée, devenue trou noir,
dense, petit (une cuillère à café de cette matière effondrée pèse cent
mille millions de tonnes à peu près) creuse la toile élastique au delà
de toute attente. La toile ne peut céder, alors elle enveloppe dans
son entier l’étoile effondrée, au point qu’elle se replie sur elle même,
pour ensevelir les restes de l’étoile. Comme un linceul mathématique,
calculé, prévisible. Elle qui jadis brillait de tout son éclat, morte,
guidera pourtant encore mille ans les navigateurs 2 .
La courbure de mon espace est ainsi, une poche greffée sur la
grande toile, un repli de celle ci. L’enroulement de cette peau crée
deux univers distincts.
Le grand univers, à peine houleux des creux de tous les astres
brillants, et, blottie contre lui, singulière, infiniment proche, totalement
étrangère, une minuscule forme sphérique, une verrue juxtaposée
contre sa peau. Cet espace nouveau est enfanté par notre propre
univers, avec lequel le grand, n’aura plus qu’un point de contact et
jamais de communication.
C’est un un autre espace-temps. Et c’est là que je vis à présent.
Par fidélité à ma bonne étoile. Mon étoile avait suivi le chemin des
trous noirs, et je l’avais suivie.
Ici, dans ce repli, il se passe d’étranges choses. C’est en tout cas
ce que disent les équations. Ici, l’espace et le temps ont échangé
leurs rôles. L’espace a pris la nature irréversible du temps. Le temps
a acquis les propriétés des allées et venues que l’on peut s’offrir dans
l’espace.
L’espace, ici, a pris la nature irréversible du temps. Il ne permettait
donc aucun retour en arrière, contrairement à tous les espaces
que nous connaissons, une rue, une mer, un jardin.
Avant la formation du trou noir, dont je ne pouvais avec précision
fixer la date, le lieu, ou la cause, le voyageur que j’étais avait la
possibilité de faire demi tour dans le grand espace. J’avais d’ailleurs
tenté maintes fois la manoeuvre.
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