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25. Le trou noir
mouillage heureux. La dépression lui permet de lutter contre une mer
hostile. C’est aussi la dépression qui extirpe la fumée de la cheminée,
et les huitres grillent ainsi, et les lentilles dans le pot de terre profitent
de la chaleur. La dépression, là haut, encore fabriquée par quelque
vent, nous évite l’asphixie.
Trafiquant de la matière, jadis, je m’efforçais dans mes études
alchimiques, de faire bouillir de l’eau à moins de cent degrés. J’usais
pour cela de pompes à mercure ou à eau, pour faire une dépression
qui se mesurait dans une longue colonne de mercure.
A l’opposé de ce mot dépression, je mis ainsi le cap vers les très
hautes pressions, vers les pressions cosmiques, celles qui créent des
densités de matière incroyables, loin de tout.
Le langage populaire associe un homme à sa bonne étoile. Celle
qui fit se gonfler, dans la nuit même pas froide ou humide, une baudruche
orange à la seule fin de me ramener rendre compte.
Les bonnes étoiles naissent, vivent et meurent. Elles meurent
comme les hommes et les fleurs sauvages. Comme les hommes, elles
approchent de leur mort quand leur feu intérieur, faute d’atomes capables
de fusionner, finit par s’éteindre. Durant son agonie, l’étoile,
une bonne ou une mauvaise étoile, se recroqueville, perd de la chaleur,
tremble comme l’homme sur le canapé vert. L’étoile, à ce stade,
a pas mal de possibilités encore. Elle peut devenir une naine blanche,
ou avoir un autre avenir. Comme pour l’homme, cela dépend de sa
masse initiale. Avant son agonie, elle tourne sur elle même, de plus
en plus vite, patineuse resserrant ses bras, la voilà devenue un pulsar,
qui tente de crier, dans le spectre des rayons X, d’avertir les
astronomes, au petit bout de leur lorgnette, avant de s’effondrer.
L’étoile ne tourne plus assez vite, pour que la force centripète, qui
entraîne vers l’extérieur les morceaux, compense les forces gravitationnelles
qui les aspirent vers le centre de l’astre. Alors ses atomes,
ses neutrons, ses quarks, se blottissent l’un contre l’autre, sous l’effet
unique des forces gravitationnelles, C’est la fin des contractions.
L’effondrement gravitationnel. L’étoile vient de former un trou noir
dans l’espace.
J’étais moi aussi, passé par toutes ces phases de la vie de l’astre.
L’enfance m’avait laissé une masse supérieure à la masse critique, et
j’ai suivi ma bonne étoile vers des pressions et densités incroyables.
J’ai vécu avec elle l’effondrement, la surpression, la baisse de tempé-
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