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Le tango des crocodiles
été rude, certes, mais quoi, c’est pas ça qui allait me coller au mur.
J’en avais vu d’autres pendant cette année passée dans le garage de
l’enfance. Et avant, j’en avais vu plus que ça, plus que la plupart des
gens de mon âge à tous les âges
En moins de deux ans, je passais du canot de survie à un nouveau
boulot qui serait, je n’en doutais pas, le tremplin d’une nouvelle vie
sociale. La sensation de plaisir était intacte.
Il n’y avait en réalité RIEN dans cette association, et moins que
rien encore, je le découvrirai plus tard, et ce rien qu’il fallait bâtir
avec peu m’excitait. Il n’y avait un bureaux ensablés, dix mois de
loyers dus à ses propriétaires, et pas de fric en caisse.
J’ai trouvé des bureaux chez ibm. On a inventé un métier et signé
les premiers sites de mesure de pollution de l’air. On sous traitait
tout, mais on gagnait en notoriété, comme toute petite structure qui
démarre et pour laquelle la crédibilité est plus importante que l’argent.
Il y eu le premier portail de l’environnement, http ://www.reinet.asso.fr,
créé un an après Yahoo France sur le même modèle. L’internet me
fascinait. Il y eu l’assemblée nationale, le ministère de l’environnement,
les réunions avec les EcoMaires et ce type, le grand, le gros.
J’avais retrouvé un rythme de vie presque normal avec Claudine.
Mon naufragé et mon naufrage au creux du ventre, ma vengeance en
bandoulière, épuisé certes, mais niaqueur. Il y avait les réunions avec
mes deux collaborateurs qui valaient ce qu’ils valaient, j’allais pas
non plus demander un croissant de lune rousse, encore moins la lune
toute entière. Chaque fois que les statistiques du portail que j’avais
créé montaient, les ouvriers sautaient de joie et on faisait des paris
sur celles du mois suivant. On attendait les logs comme un môme
qui n’y croit plus, mais qui attend quand même Noël. On a atteignit
en un an 10 000 connections par mois.
Ça a senti le roussi assez vite. J’ai mis mon banquier ami de
l’Ecureuil dans l’histoire. J’en ai trouvé un autre à la Banque Populaire.
J’ai fait ce qu’il fallait avec mille entorses, me payant toujours
le dernier, comme j’en avais eu l’habitude lorsque je dirigeais ma
boîte. Parce qu’en réalité, mon contrat d’embauche ne fut jamais
honoré. J’avais tellement soif de tout ça que je me suis battu mieux
que le diable que je tirai par la queue, pour cette association que
j’avais rebaptisée Réseau Environnement sur le Net. Ça faisait grenouille
pareil, et au moins, ça avait un métier. J’ignorais que ce
n’était pas la première fois que l’association cheangeait de nom, que
la bête sauteuse changeait de plaque d’immatriculation.
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