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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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<strong>Le</strong> <strong>tango</strong> <strong>des</strong> <strong>crocodiles</strong><br />

continu. On a ri durant tout un mois. Pour crier. Pour exorciser. On<br />

a ri. <strong>Le</strong> Roland Garros de la déconne. Qu’importe le flacon, les rires<br />

de dérision sont <strong>des</strong> rires <strong>com</strong>me les autres.<br />

La mission s’est terminée sans que l’on trouve le trésor tant<br />

convoité. Ca ne fait rien. On s’obstinerait. Jean Louis, très élégamment<br />

<strong>com</strong>me à son habitude, alors que le troc de services devait être<br />

la seule monnaie, nous paya notre prestation, dix mille francs. On<br />

n’avait pas eu autant d’argent d’un coup depuis longtemps. Il aurait<br />

fallu les utiliser pour notre confort. Ils seront investis dans un<br />

avocat.<br />

Comme les carcasses de navires engloutis, les faits ne s’envolent<br />

pas, et si la prescription pénale 1 détruit les délits aussi sûrement que<br />

la mer fait disparaître les structures, il reste toujours un jas d’ancre,<br />

un boulet, un canon pour témoigner. Un recel pour sanctionner.<br />

<strong>Le</strong>s avocats<br />

Ca ne fait pas six mois que la mer m’a rejeté et me voici en<br />

marche, tant sur l’affaire tribunal de <strong>com</strong>merce que sur l’affaire du<br />

naufrage. S’il m’a fallu un sonar pour détecter les navires engloutis,<br />

il me faut un avocat pour identifier les mauvais coups.<br />

<strong>Le</strong> premier avocat, que je trouve pour l’affaire de ma maison, est<br />

docteur en droit maritime, inscrit au barreau de New York. Je lui<br />

confie l’acte de francisation du bateau, <strong>des</strong> documents. Et je ne l’ai<br />

plus jamais revu. Maître Aboud, c’est son nom, m’a donné, avant<br />

de disparaître pour un éternel quelque temps, l’adresse d’un avocat<br />

toulonnais, de ses amis, un soi disant spécialiste <strong>des</strong> navires. Me voici<br />

donc à Toulon. Claudine m’attend dans un bistrot, tendue. C’est un<br />

enjeu. C’est peut être le seul, je ne sais plus, je fais du vrac avec<br />

mes pensées, incapable d’un quelconque emballage étanche et solide<br />

d’une idée, d’un assemblage. Je souffre un point c’est tout.<br />

« Je viens de la part de Maître Aboud.<br />

— C’est un ami. S’il vous a envoyé vers moi, c’est que je ne suis<br />

pas unijambiste. »<br />

J’ai baissé la tête, regardé ses pieds. Tout avait l’air de bien<br />

aller pour lui, de ce côté là tout au moins. Je raconte en essayant de<br />

garder une logique, de ne pas tout embrouiller, je souffre en racontant<br />

encore, puis la rage, puis la haine et la corrosion.<br />

« Votre affaire est simple. L’huissier aurait dû assurer votre navire<br />

à sa valeur argus d’un million quatre cents mille francs m’avez-vous<br />

dit. Vous auriez été remboursé. C’est par là qu’il faut attaquer.<br />

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