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Huis clos
Narbonne, 1er avril 1998
La mise en touche et la violation de l’article 704 du code de
procédure pénale par le procureur de Montpellier a eu son petit effet.
Nous sommes convoqués pour audience, à huis clos, à Narbonne,
afin de valider la clôture du plan de cession. Le parquet est dûment
avisé dit la convocation. Plus que jamais, je sais que ce tribunal, ses
infractions à tous les codes, à toutes les règles les plus élémentaires,
nous a conduits là.
On entre. Et soudain je remonte le temps. Me revoici dans le
coupe gorge 1 mais cette fois-çi, je crois avoir une grille de lecture.
J’ignore encore qu’il me manque la principale. Verticalement, dans
le visible, je sais les définitions de quelques principes généraux du
droit. En horizontal, dans le spectre invisible, je connais celle fournie
par les flics du srpj et quelques gendarmes de la section recherche.
On n’a plus un sou, donc encore moins d’avocat. Claudine et moi
sommes seuls, avec notre courage, notre audace, pour seul passeport.
Au fond de la grande salle boisée et pleine d’odeurs de cire, Albert,
le juge commissaire, l’auteur, avec le peuple français de l’exclusion.
A côté de moi, Joliot, le représentant des créanciers. Je ne sais pas
encore que le passif qu’il a enregistré de façon complètement folklorique
est bien dit celui de l’entreprise. Pas regardant sur les créances,
le commissaire à l’exécution de l’exclusion. Je sais quelques petites
choses sur eux tous, à présent. Mais ai-je le droit dans ce coupe
gorge, à huis clos, de leur dire, de balancer mes sources ?
Huis clos. Sans avocat pour nous. Huis clos. Il y a d’autres gens.
On ne sait jamais qui est qui. Ils ne se présentent pas. De quel droit ?
Par quel principe de transparence ?
J’ai écrit ce que j’avais à dire : ce que je raconte dans ce récit de
voyage, mais en deux pages. Une femme qui est restée sans rien dire
jusqu’à présent se lève 2 , sans se présenter :
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