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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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<strong>Le</strong> <strong>tango</strong> <strong>des</strong> <strong>crocodiles</strong><br />

A Montpellier, j’ai retrouvé mon ancien patron de ma carrière<br />

d’agronome. Guy m’a arrangé le coup, trouvé un boulot. Si, chez lui<br />

j’étais ingénieur, quinze ans après, c’est <strong>com</strong>me vendangeur qu’il a<br />

pu m’employer. J’ai découvert un peu l’humilité. <strong>Le</strong>s places de vendangeur<br />

sont chères dans le sud et réservées aux professionnels, aux<br />

espagnols forts et habiles, et ma gueule trop fine, mes poignets trop<br />

petits, ma maladresses dans le maniement du sécateur, ne m’auraient<br />

laissé aucune chance sans piston. Tellement nul à la coupe, que selon<br />

le principe de Peter[35], je fus promu à la conduite du camion, puis<br />

à la vérification du degré d’alcool <strong>des</strong> bennes. <strong>Le</strong> rosé, c’était devenu<br />

mon truc. Rien ne m’arrêterait dans cette folle remontée sociale. On<br />

a fini par une grosse fête avec <strong>des</strong> Espagnols, <strong>des</strong> gitan s et leurs<br />

guitares, <strong>des</strong> Roumains, <strong>des</strong> gens simples. Une belle fête. Du vin de<br />

pauvre en excès.<br />

Ce premier boulot, et un nouveau coup de piston de mon ancien<br />

patron nous permit de louer à un huissier (c’était le <strong>com</strong>ble), un<br />

petit deux pièces. Au black, parce que ces types, chantre du bon<br />

paiement, aiment bien ramasser sous le coude trois tunes à gauche<br />

à droite. Quarante mètres carrés c’était après tout, plus grand que<br />

mon navire. C’était aussi bien plus petit que la bergerie, bien plus<br />

petit que l’appartement parisien. Cet endroit ne manquait pas de<br />

charme, avec ses vieilles pierres et les ruelles du centre ville, le bar<br />

d’en face. Mais il fallait croûter un petit peu mieux.<br />

Six mois après le naufrage, avec un sac à dos rempli du mal<br />

de vivre, j’ai été traîner mes bottes du côté de l’ École de Chimie<br />

de Montpellier, afin d’y trouver du travail. N’importe quoi m’allait.<br />

Assistant, chargé de quoi que ce fut, de travaux dirigés, que saisje,<br />

laborantin, plongeur en éprouvettes faute de lagon. Il y avait la<br />

queue dans l’éducation nationale, ceux qui avaient, à la sortie de<br />

l’école, pris la voie du fonctionnariat paisible avaient ces boulots là.<br />

J’ai retrouvé Gilbert Renard, mon ancien maître de conférence.<br />

Il m’a refilé les cours qu’il exerçait dans une école privée. J’ai pris<br />

le boulot de prof de photo en BTS, <strong>com</strong>me on prend l’amarre d’un<br />

yacht de passage, <strong>com</strong>me j’avais pris celui d’ouvreur d’huîtres, de<br />

vendangeur.<br />

<strong>Le</strong> quotidien est devenu simple. <strong>Le</strong>ver dans ce petit appartement,<br />

vers trois heures, le matin, pour préparer <strong>des</strong> cours de sensitométrie,<br />

une matière ésotérique. Moi qui n’avais jamais utilisé, ni possédé le<br />

moindre appareil photographique, j’ai dû tout apprendre pour apprendre<br />

aux autres. J’ai vite été en charge d’autres matières toujours<br />

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