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L’exclusion au quotidien
Trois mois après ma galipette nocturne et fatale je tiens aussi
mal sur mon âme que sur mes jambes. Je dois remonter au plus vite
dans la survie orange pleine de fusées et de rations qu’est le monde
du travail.
L’homme est avant tout un animal social. D’autant plus qu’il a
payé son ticket d’entrée et au prix fort. Payé des études d’ingénieur
qui devaient faire de lui cet homosocialis, et pas un délinquant, un
chômeur, un rmiste, un marchand de came.
Très vite, j’ai postulé à une annonce de migrations internationales
: Istanbul, lycée français cherche prof de physique en classes
terminales scientifiques. Cela m’aurait fait une vie normale, une vie
comme celle de tout le monde. Je serais retourné au pays de mon
enfance, un pays musulman, dont je connaissais les sons, les goûts,
les musiques. Bien sûr, ils n’ont pas voulu de moi. Je n’avais pas de
passé ni de référence d’enseignant, et j’étais trop vieux pour que l’on
fasse de la jeunesse l’alibi de ce manque d’expérience.
Michel Pinder m’avait confié son souhait de développer un établissement
pour des élèves précoces, les surdoués dans Paris. Un vrai
projet qui me tenait à coeur. Puis, Pinder a laissé tomber.
Qu’importe, je me réinsérerai dans le monde social si vital pour
moi d’une autre façon. J’en étais convaincu, et je me trompais gravement.
Se réinsérer n’était pas le seul objectif d’un boulot, il fallait se
loger, trouver un toit et croûter. Claudine, sans boulot, en fin de
droits, venait de perdre sa bergerie. Nous étions donc à la rue, comme
on dit. Je me suis dirigé vers la ville la plus proche, une ville que
je connaissais un peu. Le directeur de mon école d’ingénieur était
notable et premier adjoint au maire. Il avait le cancre en sympathie.
Yves Pietrasanta, mon professeur d’écologie que l’on reverra, et qui
m’avait affublé de la meilleure note de la promotion, moi, le cancre
absentéiste pouvait m’aider.Y aurait peut être un humble boulot.
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