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Renflouer
La tramontane qui m’a fait décider de ne pas corrompre et m’a
ainsi poussé vers tous les naufrages, ce vent fou dispense ses multiples
caresses aux neiges du Canigou avant de finir sa course et glacer
la vitre contre laquelle je colle mes épaules, dos à cette mer qui
s’étend à perte de vue de Sète au Cap Creus, à cette mer qui me
fixe, indifférente à cet accroc dans nos relations éternelles.
Renflouer. . . Cela s’impose naturellement le jour autant que cela
m’obsède la nuit.
A l’aube de la dépression qui commence à s’installer de façon
stable dans ma vie, trois mois après le naufrage, je cherche des renfloueurs
d’épaves.
J’ai commencé par un devis de la Comex, société spécialisée ayant
pignon sur mer. Le résultat est que le prix de la recherche et du
renflouement, pas moins d’un million de francs est le prix de bons
avocats. C’est impossible pour moi, et je raye cette voie du petit
bout de papier froissé tapi dans la poche de ce même pantalon que
je ne quitte plus.
Je me suis mis alors sur les pistes des brigands de la chose, des
corailleurs corses, plus raisonnables, et je comprends que l’on peut
y arriver seul ou presque. J’ai une piste technique.
Alors je compose inlassablement des numéros de téléphone, allant
de maillon en maillon de cette chaîne jusqu’à ce que je trouve une
solution.La facture de téléphone de Claudine s’est élevée à plus de
six mille francs ce mois là.
L’Ifremer de Marseille m’a informé, juste avant de raccrocher
le combiné, de l’existence de la Compagnie Maritime d’Archéologie
et de Prospection la map, une société spécialisée dans la détection
d’épaves. Deux coups de fil, un voyage en train de nuit, et c’est ma
première rencontre, devant l’opéra Bastille en cette belle journée de
printemps parisien qui ne m’échappe pas malgré mon déluge intérieur,
avec le patron de la map. Je ne sais pas vraiment quand Jean
Louis Pereyre et moi, parce que le moi existe encore à cette époque,
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