30.06.2013 Views

Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Le</strong> <strong>tango</strong> <strong>des</strong> <strong>crocodiles</strong><br />

golfe du Lion en pompant lors <strong>des</strong> premières sorties avec le navire.<br />

Sans mât. À toi. À moi. À toi. Pendant cinq heures. De l’eau dans<br />

les navires, j’en ai déjà vu. Une grosse pompe à main est ainsi manœuvrable<br />

du cockpit. L’un barre. L’autre pompe. Et on change.<br />

Mais avant tout, je dois trouver l’entrée d’eau. La vanne qui a pété.<br />

La couille. Me voilà à quatre pattes. <strong>Le</strong> niveau de l’eau n’est pas<br />

très haut car j’arrive, à genoux, à tester les vannes sans mettre la<br />

tête sous l’eau, je dirais aux gendarmes. Je vérifie les vannes. Celles<br />

<strong>des</strong> chiottes arrière. Celles de la cuisine. <strong>Le</strong>s chiottes avant, bien<br />

qu’ils soient toujours fermés, car le navire nous a été confisqué si<br />

longtemps. J’y ai trouvé à l’avant deux grands bidons en ferraille<br />

de deux cents litres qui n’y étaient pas lorsque je l’ai laissé au port<br />

et que j’ai fermé à clef le panneau d’entrée. Reste le moteur. J’irai<br />

après. D’abord, je prépare la procédure d’évacuation du navire. Sans<br />

y croire. Je remonte sur le pont.<br />

« Qu’est ce qu’on fait, me hurle Sylvestre sans panique apparente.<br />

»<br />

Il y a de l’eau. Beaucoup. Pas trop. Assez pour préparer le radeau<br />

de survie. Je pense qu’il va paniquer, crier, bouger. Mais non, il reste<br />

impeccable.<br />

« Fais pas chier, je perds le bateau, ça va <strong>com</strong>me ça. On va dans<br />

la survie, fais ce que je te dis, barre et vise ton feu, je crie un peu<br />

trop fort. »<br />

J’arrache le lourd coffre de tribord en plastique recouvert de teck,<br />

dont les charnières bousillées me facilitent la tâche, et le jette à l’eau<br />

au-<strong>des</strong>sus <strong>des</strong> filières. D’habitude, il faut être deux pour manipuler<br />

ce paquet qu’on ne sait jamais où ranger. Je l’ai sorti de son trou<br />

par la peau du cul, ce canot de merde, extirpé violemment du coffre<br />

et mis au milieu du cockpit, fermé, prêt à être ouvert s’il le fallait, et<br />

je suis retourné chercher la fuite. Je n’ai aucune intention de laisser<br />

mon navire couler. Je n’ai aucune intention de sauter dans ce truc<br />

en plastique à la moindre fuite d’eau. Et il n’y a que l’intention<br />

qui <strong>com</strong>pte. D’ailleurs, c’est écrit dans tous les livres. Ne quitter<br />

son bord qu’au dernier moment. À peine re<strong>des</strong>cendu à l’intérieur,<br />

c’est le choc. Je <strong>com</strong>mence par tomber dans un trou laissé par les<br />

planchers qui ferment les bacs à provisions. J’ai de l’eau aux épaules.<br />

<strong>Le</strong>s planchers flottent partout dans le navire. Un <strong>des</strong> tiroirs du carré<br />

me heurte violemment. La lumière ne fonctionne plus, tandis que<br />

celle du <strong>com</strong>pas à l’extérieur fonctionne encore, mais il ne fait pas<br />

noir. Ou bien je vois sans lumière <strong>des</strong> choses que je connais par cœur.<br />

230

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!