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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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7. Retour à la maison<br />

ouvre les portes <strong>des</strong> côtes. <strong>Le</strong>s requiems et messes en si, n’ont pas<br />

cessé. Un jour d’enterrement quoi. La mort me fait penser à tous ces<br />

types qui nous ont mis dans la chaloupe avec à peine de quoi survivre.<br />

Je crois que je m’en fous, car je survis. Sylvestre est allé faire une<br />

soupe vietnamienne. Il connaît un peu le navire maintenant, sait où<br />

sont les choses et ne s’en sort pas trop mal. Je crois qu’il va bien s’en<br />

occuper. La mort qui passe, sans cesse portée par ces musiques, me<br />

fait me souvenir que Sylvestre doit sa présence à son nom. J’éteins la<br />

radio. Vingt et une heure trente. C’est l’heure qu’indique la pendule<br />

du carré. Tout y est calme. Je suis à présent sur radio Jupiter, seule<br />

planète visible, qui nous fait une clarté halogène. Hauteur et azimut.<br />

Tout y est. Elle est sous Vénus qui brille aussi. Plus de requiem. Plus<br />

de <strong>com</strong>mentaires sur la raison d’être. Tant mieux car le vent a forci<br />

et cela m’aurait gêné, ou pris mon plaisir de barrer. Dans le même<br />

temps, il est passé de l’Est, puis au Sud et enfin au Sud-Est, c’està-dire<br />

plus contraire à notre route. J’envisage la possibilité d’une<br />

halte, d’une mise à la cape, <strong>com</strong>me lorsque j’avais arrêté l’entreprise<br />

dans sa course à la croissance. Ou bien d’une escale. Devant nous je<br />

vois la bouée d’atterrissage de Sète et le port de Sète. Un grand port<br />

dans lequel il est facile de rentrer même en pleine nuit, sans moteur,<br />

dans un ouragan. <strong>Le</strong> genre de port où l’on a sauvé sa peau et son<br />

navire dès que l’on a passé ses feux. Sète doit être environ à dix ou<br />

quinze miles. Deux heures, avec un vent de moins en moins portant.<br />

Je m’interroge sur cette escale, me met à l’affût de mes sensations<br />

de mer pour décider lorsque je sens le navire anormalement lourd.<br />

Je connais depuis cinq ans chacun de ses mouvements. Je sais ses<br />

à-coups <strong>com</strong>me on sait entendre la fille que l’on aime souffler de<br />

plaisir, <strong>com</strong>me on reconnaît un dauphin ac<strong>com</strong>pagnant la marche de<br />

nuit. <strong>Le</strong> navire, c’est sûr, se <strong>com</strong>porte anormalement. Je dois voir à<br />

l’intérieur.<br />

« Prends la barre, tout droit, <strong>com</strong>me ça, tu vises les feux, je dis<br />

à Sylvestre. »<br />

Je choque un peu l’écoute de la grand voile à ma portée pour lui<br />

rendre la vie plus facile. La voile suédoise s’ouvre dans son milieu,<br />

laissant filer les bourrasques désormais plus fréquentes. <strong>Le</strong> vent va<br />

monter c’est sûr. On va aller à Sète je lui dis en me jetant dans la<br />

<strong>des</strong>cente, suspendu aux deux mains courantes en inox, pour atterrir<br />

les bottes dans l’eau et l’eau dans les bottes. Cinquante centimètres<br />

environ. On va pomper je me dis. On va pomper tout de suite après<br />

avoir trouvé l’entrée d’eau. Claudine et moi avons déjà traversé le<br />

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