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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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7. Retour à la maison<br />

voilà partis, à nous y mettre, à enlever lentement chaque lanière de<br />

polymère durci qui vient <strong>com</strong>me du beurre, en attendant qu’il fasse<br />

un peu plus clair.<br />

« Tu vois, le plus chiant, c’est d’enlever le vieux caoutchouc, là. »<br />

Je suis bien. Après <strong>des</strong> mois sans mon navire, sans maison, sans<br />

peau, sans coquille, <strong>com</strong>me une vraie limace, j’ai enfin retrouvé mes<br />

marques. Il me tarde de sortir le navire à terre. <strong>Le</strong> moteur met trois<br />

coups sans vouloir démarrer. Pas normal. Il a dû en prendre, <strong>des</strong><br />

coups. Sur le procès verbal : pas possible de naviguer au moteur. Je<br />

l’ai à bord, sa merde de papier. Demain, il faudra sortir le grand<br />

navire de l’eau, tout revoir, après le saccage de ces huissiers et <strong>des</strong><br />

convoyeurs mandatés par la banque. Puis retrouver un boulot. Finir<br />

de payer mon abri, ma maison, ma peau. C’est le prix d’un studio<br />

dans une banlieue, je dois savoir faire. Deux ans, peut être trois, c’est<br />

le temps qu’il me faudra pour rembourser cinq cents mille francs. Je<br />

devrais guérir aussi. Arrêter les médicaments. Je me donne trois ans.<br />

C’est le temps qu’il faut à un type pour se remettre <strong>des</strong> <strong>com</strong>bats de<br />

rue <strong>des</strong> affaires. C’est aussi juste le temps qu’il faut pour effacer<br />

les délits pénaux, c’est le temps de la prescription pénale, le temps<br />

pendant lequel la justice restée muette absout les délits financiers.<br />

Vu et pas pris. À Saint Cyprien, un ex-de la Comex, entretient le<br />

moteur depuis trois ans. Il faut tout foutre par terre. Changer les<br />

chemises, les segments, les joints. Tout foutre à poil et repartir de<br />

zéro. C’est aussi ce que j’ai envie de faire. Passer à autre chose.<br />

C’est alors que le moteur démarre. Je devrais quand même le sortir<br />

<strong>com</strong>plètement ce moteur.<br />

J’ai attendu qu’il chauffe un peu avant d’enclencher la marche<br />

avant. <strong>Le</strong> seul bruit de l’inverseur me fait plaisir. Clac. Sec. Et le<br />

navire bouge un peu. Ça n’a pas été bien <strong>com</strong>pliqué de faire avancer<br />

lentement les quatorze tonnes hors de ce trou. Cinq cents tours pour<br />

sortir. Ces enfoirés du soi-disant chantier spécialisé dans les ventes<br />

aux enchères ont laissé le navire posé dans la darse, l’étrave face à<br />

la sortie du port, et ne nous ont même pas proposé une place. Vu<br />

l’ambiance, pas étonnant. Alors c’est tout droit.<br />

Il est huit heures trente exactement, le 10 janvier, lorsqu’on réussit<br />

à se tirer du piège. L’avocate de Thierry, Girauda avait écrit : il<br />

faut qu’Alain se tire au plus vite. Quatre jours. On avait attendu<br />

quatre jours dans ce trou hostile à tout. <strong>Le</strong>s types n’aiment pas<br />

qu’on fasse rater leurs coups.<br />

Il pleut un peu. Il ne fait pas beau mais finie la tempête qui a sévi<br />

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