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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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7<br />

Retour à la maison<br />

J’ai été faire un footing sur la plage pendant une bonne heure<br />

pour voir si je tenais le coup. Je tenais le coup. J’ai habillé Sylvestre<br />

le plus chaudement possible. Nous avons revêtu chacun le même<br />

habit. Une fourrure polaire. Un pantalon de ciré bas de gamme. Une<br />

veste de quart. De celles qui restaient, un peu petite pour moi. C’est<br />

donc avec les deux cirés orange de pauvres, que nous sommes vêtus<br />

pour les quelques centaines de miles qui doivent ramener le navire à<br />

terre.<br />

La douane, probablement envoyée par le chantier Pin Roland,<br />

marri d’avoir vu la vente et donc sa <strong>com</strong>mission certaine s’envoler,<br />

nous fait une visite matinale. Ils ont admiré, <strong>com</strong>me le font tous les<br />

entrants dans ce carré les volumes et les courbes. Je leur ai montré<br />

les papiers, la sécurité. Je leur ai raconté l’histoire de l’huissier, du<br />

<strong>com</strong>missaire priseur, montré le fax du CGMer que j’avais retrouvé à<br />

bord, les délits maritimes majeurs. Je pensais les voir réagir, bondir,<br />

du genre : <strong>com</strong>ment, ils naviguaient sans acte de francisation ? le<br />

navire a été emmené sans votre accord ? Au moteur . . .<br />

« Je rentre chez moi, je dis juste à une douanière, je rentre chez<br />

moi.<br />

— <strong>Le</strong> caoutchouc s’en va, m’interpelle à quatre pattes sur le pont,<br />

mon Togolais français engoncé dans ses vêtements polaires en me<br />

montrant une fine lanière de polymère noir qui pendouille entre deux<br />

lattes du pont, devant le mât.<br />

— Ce n’est rien. Enfin si, je lui dis, en m’asseyant auprès de lui<br />

après avoir saisi le couteau attaché à poste devant la colonne de<br />

barre. Au cas. Et je me mets à arracher la lanière qui vient sur toute<br />

la longueur.<br />

— Il va falloir tout enlever, mais ça vient facile. Ça te fera un<br />

boulot pour au moins un mois. Sur les navires modernes, ce sont de<br />

faux joints, le pont en teck est collé sur un autre pont, en sandwich. »<br />

Ils sont partis sans nous souhaiter ni bonne mer, ni bon vent.<br />

<strong>Le</strong> mot sandwich lui ouvre le regard. Je lui en fais un et nous<br />

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