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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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<strong>Le</strong> <strong>tango</strong> <strong>des</strong> <strong>crocodiles</strong><br />

de la chaîne. <strong>Le</strong> bruit de la chaîne est sec, froid, trop net pour prêter<br />

à confusion. Ce n’est pas, non plus, le plancton qui crépite <strong>com</strong>me un<br />

feu de cheminée. Ce sont probablement deux baleines qui roucoulent<br />

non loin de là avec <strong>des</strong> sons étranges et sourds, longs, modulés à travers<br />

la coque. Traversant la nappe du réveil et me retournant trois<br />

fois rapidement <strong>com</strong>me un cormoran qui s’ébroue, je me souviens<br />

que nous avons reçu le chèque de l’avance d’une maison d’édition<br />

pour la publication de mon Tango <strong>des</strong> Crocodiles.<br />

Depuis la nouvelle, je suis parti jouer dans l’eau verte <strong>des</strong> Grenadines<br />

avec Héloïse, la petite fille de Pascale. Ensuite, je ne savais plus<br />

quoi entreprendre. Aller travailler à Key West, parce que Hemingway<br />

y avait vécu et que cela me permettrait d’aller passer un peu<br />

de temps avec les baleines. Peut-être lancer une marque de fringues<br />

de mer, <strong>Le</strong> Tango <strong>des</strong> Crocodiles R○. Elle serait vendue uniquement<br />

à Saint Barth, Saint-Tropez. Peut-être irais-je vivre en Nouvelle-<br />

Zélande pour travailler pour la Coupe de l’América de l’an 2000.<br />

Peut-être vais-je errer sur la mer, de petit boulot en petit boulot. <strong>Le</strong><br />

multimédia nautique me passionne. On pourrait faire un grand catamaran<br />

en plastique recyclé. On pourrait. Mais je vais abandonner<br />

mes idées excellentes qui ne m’ont rendu ni riche, ni plus heureux. Je<br />

pensais que la liberté dépendait de cette capacité à générer de bonnes<br />

et nouvelles idées. Je refuse à présent qu’elles viennent bousiller ma<br />

vie. La seule vraie bonne idée serait de vivre, de rire, d’ouvrir de vrais<br />

yeux sur les choses et les gens. Pour moi, c’en est fini de l’entreprise.<br />

De toutes les entreprises. Je ne donnerai plus une larme d’énergie,<br />

ni quelque talent, ni une idée à cette société dont le support favorise<br />

le développement <strong>des</strong> germes pathogènes.<br />

Je suis un exclu même si j’ai à nouveau le droit de manger et<br />

quelque dignité d’auteur. Il me faudra reconstruire un autre monde<br />

qui me convienne. Je rêve <strong>com</strong>me au début de l’aventure de devenir<br />

le roi d’une île aride et sèche dont je tiendrais l’emplacement secret.<br />

J’ai résolu le problême juridique et financier de façon propre.<br />

Je ne vivrai pas <strong>com</strong>me dans l’enfance, en fuite permanente,<br />

changeant d’identité tous les mois. Il n’y aura pas de cavale. Il me<br />

faut gagner le demi-million de francs que je dois à Thierry avant un<br />

an.<br />

J’ai amarré pour quelque temps le navire, je l’ai très longuement<br />

regardé. Je le sortirai chez Wauquiez au fond du golfe dès que j’aurai<br />

les trois sous de ma première affaire, je me dis. Je suis reparti, avec<br />

un plan de vie dans la tête : vendre les échographes que je ne pouvais<br />

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