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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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3. <strong>Le</strong> second jugement<br />

J’attends, dis-je à l’huissier en regardant sa gourmette en or. Je<br />

connaissais à présent leur puissance, leur pouvoir. Fallait que je fasse<br />

le dos rond et me sorte de là, après on verrait à remettre les choses<br />

dans le bon ordre.<br />

Je suis rentré à bord, le fax dans mon short noir, d’un pas<br />

presque léger et presque droit, sans passer par le troc pour rallonger<br />

mon sillage. Il m’apparaît presque sympathique, ce Viaud. Comme<br />

m’était apparu l’administrateur Richard Vilanou. Après tout, ça aurait<br />

pu bien se passer avec Vilanou. J’en ai marre <strong>des</strong> trocs, <strong>des</strong><br />

ivrognes. J’en ai marre de mendier. Il faut passer à autre chose.<br />

Oublier l’histoire, le tribunal de <strong>com</strong>merce, Thory, Flesch les plus<br />

values. Mon navire était là, le long du grand quai, à m’attendre. Je<br />

suis monté sur la digue qui le surplombe. Sauvé, je me dis, en regardant<br />

les courbes du roof et l’immense tableau arrière bien plus<br />

intensement que les fesses de la plus jolie fille du monde. J’ai bien<br />

dû fumer dix clopes d’affilée pour prendre conscience de la situation.<br />

Maintenant, il y en a marre, je répète tout le temps. Passer à autre<br />

chose. Une urgence, je me dis, en sautant sur le quai depuis la digue.<br />

Derrière, le soleil disparaît dans un incendie. Je vais me coucher de<br />

bonne heure ce soir. Sans rosé. Il n’y a plus besoin, et puis le cubi<br />

est vide et j’ai plus un rond. J’ai dépassé le stade de l’épuisement<br />

depuis maintenant bien longtemps. Peut être dormir quelques heures<br />

et rêver à ce qu’il va falloir faire à présent. Encore un rêve. Il ne faut<br />

pas bouger, ne pas laisser la voie d’eau de l’injustice remplir les cales<br />

de la haine. Ne pas penser à hier. Rêver sans bouger.<br />

Réveil à trois heures trente. Moins dur qu’à l’habitude. <strong>Le</strong> velcro<br />

qui m’accroche au sommeil s’est effiloché. Il scrache moins. Un<br />

réveil presque doux, en somme. Je monte à poil sur le pont. <strong>Le</strong> teck<br />

humide de l’eau de la nuit me mouille les pieds. Il ne fait pas froid<br />

malgré le petit vent de nord est qui vient de se lever. <strong>Le</strong> cyclone, lui,<br />

n’est annoncé que pour la semaine prochaine. Il se sera détourné aux<br />

derniers instants à cause du battement de l’aile d’un papillon. Hier<br />

soir, j’ai pourtant préparé les chaînes, deux ancres supplémentaires,<br />

une réserve d’eau sur le pont. Je ne veux pas perdre le navire sur<br />

une erreur aussi grossière que celle qui fit sombrer l’entreprise. Celle<br />

de m’être mouillé sur le corps mort de la justice qui, mal accroché<br />

au fond a dérapé. Je cherche la sensation de cette nuit limpide. Elle<br />

ressemble aux Noëls de l’enfance. Et ce bruit ? Ce n’est pas le bruit<br />

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