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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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2. <strong>Le</strong> charter<br />

positif, les yeux verts se détourneraient. Djian dit que ce métier plaît<br />

aux filles. Mais mon rapport avec l’écrivain et l’écriture s’arrêtait à<br />

Fitou, au temps où Claudine et Djian partageaient, dans les bergeries<br />

de Fitou, ce qu’il y avait, et que Djian quittait ces soirées dans un<br />

laconique je vais bosser. Et puis, un éditeur toulousain, avait montré<br />

mes lignes à une lectrice qui m’avait dit :<br />

« C’est pas rien. On dirait Djian. »<br />

J’en demandais pas tant et c’était pas mon objectif conscient.<br />

Notre histoire, mal écrite était aussi confuse que les connexions entre<br />

mes neurones imbibés de rosé. J’écrivais juste <strong>des</strong> notes, pour ne pas<br />

oublier, pour m’accrocher à la paroi, pour faire valoir le droit un jour,<br />

pour je ne sais quoi, mais davantage ancré au plafond <strong>des</strong> tribunaux<br />

que dans la littérature.<br />

Car les notes trop affairistes ou techniques n’intéressaient personne,<br />

tout le monde s’en foutait, ou bien les gens n’y <strong>com</strong>prenaient<br />

rien. Je n’avais pas le talent de Balzac pour César Bireautot[2]. Et<br />

puis Balzac a mis treize ans pour Birreateau et les banquiers. J’imaginais<br />

parfois les fins qu’il aurai fallu écrire et imaginer pour rendre<br />

notre déroute attractive, et je m’y laissais dériver, entre rêve et réalité<br />

8 .<br />

Une canette ouverte est posée sur mon bureau, installé dans<br />

ce local, loué après la saison, à un marchand de frites de ce petit<br />

port de la Méditerranée. Il manque juste un ventilateur que je devrais<br />

trouver aux puces, dimanche, sous les grands arbres où je flâne<br />

souvent avec Claudine et Martine. Je me suis installé là quand le<br />

virus m’a pris. Ni celui de l’herpès, ni celui de la grippe, ni celui qui<br />

prive nos tentatives d’amour <strong>des</strong> contacts les plus doux, mais celui,<br />

dont la programmation a pour seul objectif la <strong>des</strong>truction <strong>des</strong> enfoirés<br />

sociaux, <strong>des</strong> banquiers véreux, <strong>des</strong> juges in<strong>com</strong>pétents. Ce virus<br />

m’a pris <strong>com</strong>me la foi en Dieu, <strong>com</strong>me le désir d’une brune aux yeux<br />

verts. Quelques gran<strong>des</strong> affaires n’ont pas été étouffées. Il reste à parler<br />

<strong>des</strong> affaires dans les pme. C’est pour cela que j’ai créé ce cabinet<br />

d’un genre nouveau. Entre celui d’un chasseur de primes, d’un avocat<br />

efficace, d’un cabinet de consultant, il visait tant la délinquance<br />

que l’in<strong>com</strong>pétence en col blanc. Il puisait sa raison d’être dans le<br />

laxisme <strong>des</strong> autorités nommées par les tribunaux, dans le désespoir,<br />

la révolte, ou l’anéantissement total de tous ceux que j’avais rencontrés.<br />

Ma nouvelle assistante est une superbe brune, ressemblant<br />

201

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