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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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1. <strong>Le</strong>s exclus du petit matin<br />

vendre n’importe quoi. Me voici admis dans la salle d’attente de la<br />

léproserie sociale.<br />

J’allais <strong>com</strong>prendre que l’homme est un animal social, aussi sûrement<br />

que le loup ou le dauphin. Lui enlever cette socialisation, cet<br />

accès au groupe, de façon aussi ignoble, à contre courant de la légalité,<br />

est un moyen de le tuer aussi sûrement qu’une balle. Une balle<br />

que ces types avaient mise dans le flingue du juge Albert, un flingue<br />

plus puissant qu’une arquebuse, qu’un pistolet plat, qu’un barillet.<br />

Et le tueur a tiré.<br />

« On t’a piqué ton ticket de loto et les six bons numéros, plaisante<br />

Martin, l’expert-<strong>com</strong>ptable, avec la dérision qu’il entretient dans ces<br />

cas là.<br />

— Ils sont dangereux. Abandonnez, nous conseille Colette Bellaïche,<br />

avocate sincèrement navrée de n’avoir pas su être à la hauteur.<br />

— Sans un rond pour te payer un avocat du niveau de ton dossier,<br />

analyse Thierry Noël, en ami, en cadre brillant et lucide, ce ne sera<br />

pas jouable.<br />

— Passe à autre chose, dit l’ami apeuré que je me perde ou ne<br />

me pende. »<br />

Je ne voyais pas les choses <strong>com</strong>me eux. Ça ne pouvait rester ainsi.<br />

J’étais seul. L’avocate Bellaïche s’était tirée. Je n’avais pas un<br />

vocabulaire juridique étoffé, ni la forme de pensée et de lecture <strong>des</strong><br />

quelques ouvrages de droit que j’avais achetés 1 .<br />

J’ai écrit au bâtonnier de Pontoise, lui racontant l’affaire Thory<br />

et le reste. Il y eut ainsi quelques échanges de courrier avec divers<br />

bâtonniers de l’Ordre <strong>des</strong> avocats qui me demandèrent un certain<br />

nombre de documents. Je les leur fournis et n’eus plus aucune<br />

réponse, si ce n’est la copie de leur correspondance avec Thory,<br />

leur cher confrère. J’ai averti le représentant <strong>des</strong> créanciers, Joliot 2 ,<br />

adressé une plainte et <strong>des</strong> éléments d’informations au Procureur de<br />

la République de Narbonne. , par l’intermédiaire d’un avocat de Carcassonne<br />

(pour 2 500 F hors taxes, s’il vous plait), afin de donner<br />

quelque poids à notre affaire 3 .<br />

En rentrant dans notre hlm, je crus que le regard de l’épicier<br />

arabe, à qui je n’achète plus les bouteilles de Boulaouanne gris à<br />

vingt-deux francs avait changé. Je ne voyais dans ses yeux que ce<br />

que je pensais à présent de moi-même. Pas grand chose. Avoir perdu<br />

si médiocrement.<br />

J’ai épuisé pendant quelques semaines le stock de mes errances<br />

citadines et on a quitté Paris, où plus rien de ce qui nous y avait<br />

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