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Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

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33<br />

La dette<br />

Je pousse la petite porte réservée aux habitués, passe la bulle de<br />

verre <strong>des</strong> contrôles, monte l’escalier, traverse les couloirs de l’agence<br />

centrale du ccf. <strong>Le</strong>s milliers de fils électriques de toutes les couleurs<br />

de l’installation en réfection qui pendent du plafond ressemblent à<br />

mes pensées du jour, à la dette de plus d’un million et demi de<br />

francs, mise dans l’entreprise, pour avoir travaillé douze heures par<br />

jour . . . Au lieu d’avoir épargné, investi dans l’immobilier, nous voici<br />

à la rue, pour avoir créé 22 emplois au total, accumulé <strong>des</strong> plus<br />

values. Nous voilà morts pour nous être rebellés et avoir dénoncé<br />

les manœuvres auxquelles il nous aurait été facile de contribuer. La<br />

DETTE personnelle a été la boussole de beaucoup <strong>des</strong> décisions. Je<br />

pensais à la liberté à jamais perdue en entrant, seul, dans le bureau<br />

austère de ce fond de couloir.<br />

« Bonjour, me dit une dame. »<br />

Sylvette Lévy est responsable du service contentieux. Nous avions<br />

fait connaissance après que Vilanou en cavale m’ait imposé la cession.<br />

Ca a été direct et sec.<br />

« Vous nous devez 1 250 000 F , dit-elle avec la voix sèche qui<br />

sied à sa fonction. Que pouvez-vous faire pour nous rembourser ?<br />

— Rien. Je n’ai rien amassé, rien volé, rien détourné. Rien planqué.<br />

— Alors on va appeler les cautions. »<br />

Elle me regarde, pour juger du bluff de cette nouvelle. Elle a dû<br />

en voir, <strong>des</strong> <strong>crocodiles</strong> de tous ordres. Mes tripes se nouent <strong>com</strong>me<br />

du fil de pêche qu’on aurait traîné trop longtemps, qu’on ne pourra<br />

bientôt plus démêler et qu’il faudra couper. Une envie meurtrière se<br />

répand dans toutes mes veines, mes artères.<br />

« Il faut rembourser sur trois ans, c’est un maximum.<br />

— Combien pouvez-vous payer chaque mois ? continue t-elle soudain,<br />

balançant cent degrés de barre sous le vent.<br />

— Sept mille francs au plus, dis-je, sans savoir pourquoi j’annonçais<br />

une telle somme.<br />

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