Le tango des crocodiles http://www.tango-crocodiles.com [Document]

26. Virement de bord vent debout
vient de leur botter le cul, et encore, avec de trop belles pompes.
« Doliam se retire, Hurle Thory à la Cour. »
Silence encore. Ils se retirent, les jeux sont faits, je me dis.
« Puisque l’offre Equimédical n’est pas conforme, je représente
ici mon client Equinoxe seul, reprend l’avocat. Doliam se retire de
l’offre Equimédical.
— Accepté, reprend au bond instantanément le juge commissaire
Albert, comme si il attendait la balle au filet. Il venait de
faciliter, en toute connaissance de cause 3 la pirouette, le délit. »
Sans cette pirouette de notre avocat, agréée par un juge intermittent,
sans juste ça, rien de ce qui suivit dans les dix années à
venir, rien, ne serait arrivé.
On est à la chasse à la baleine, dans toute son effervescence, sa
cruauté. Les juges cooptés du commerce, perchés sur leurs hunes,
tels des prédicateurs, sont les vigies de cet abordage.
Je serai le capitaine Achab de cet avocat incestueux. Je le poursuivrai
jusqu’au Horn s’il le faut. Jusque dans le grand nord s’il faut
remonter. Je le harponnerai. Dans son ventre, je trouverai probablement
les restes de ses autres repas antropophagiques. Je ne brûlerai
pas sa graisse dans ma lampe, de crainte que sa lumière ne déforme
les objets éclairés par sa flamme. Puis je laisserai son squelette dans
un musée de la déontologie, afin de dissuader les autres individus de
l’espèce de telles prédations.
Sur le moment, mon souffle s’est coupé. Par manque d’un référentiel
adapté, je ne voyais que chaos là où devait régner l’ordre,
la hiérarchie. je ne voyais que le pouvoir, je ne devinais même pas
les ententes et les serments. Cela va tellement vite que personne
ne comprend tout de suite, car tout cela a duré moins de soixante
secondes.
« Je mets l’affaire au mieux disant, continue le juge commissaire.
— Cinq cents mille francs, hurle Thory.
— Cinq cents cinquante mille, propose l’avocate, représentant
Novamédical.
— Six cents mille, hurle Thory. »
C’est à une vente aux enchères, à un dépeçage à vif et en direct
auquel j’assiste impuissant, après neuf mois de bataille âpre et
gagnée.
« Je rappelle à la Cour, coupe Colette Bellaïche, que l’offre ne
reprend pas mes clients, Claudine Boige et Alain Xicluna qui sont
des salariés de l’entreprise.
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