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18. Vilanou
Extraordinaire de cessation des paiements. Si nous n’étions pas encore
devenus les méchants, nous n’étions plus les victimes d’un viol.
L’incompétence et l’inaction allaient continuer leurs conquêtes. Si
du côté des juges, il n’y avait plus d’espoir, du côté de l’administrateur,
ne pas faire rentrer le fric détourné était une chose, mais créer
une voie d’eau nouvelle en était une autre. C’est pourtant ainsi que
Rouannet, fit en ne réclamant jamais à nos clients bordelais les loyers
qu’ils devaient nous payer directement, pour cause de crédit-bail.
Novamédical fit une demande de dossier au cabinet Vilanou le 26
mai 1993. Equinoxe, feignant d’ignorer notre décision de tout dire
pour redresser l’entreprise, a envoyé un courrier le 28 mai 1993, à
notre administrateur. Nous en avons reçu un double avec la mention
sincères salutations. C’était tout à fait conforme à l’innocence qu’ils
tentaient d’afficher. Rouannet les reçut. Cette proposition de reprise
des hommes de main de Loca Cio, sur qui le point fut fait dans
la plus grande clarté avec notre administrateur, est donc arrivée au
cabinet Vilanou. C’est bien la suite du plan de dépôt de bilan frauduleux
engagé qui continuait dans une variante légale. Equinoxe
avait interprété le redressement, non comme une volonté de notre
part, mais comme un aléa. Il n’est pas venu à l’esprit de ces petits
commerçants que nous avions pu changer d’avis. À moins que ce ne
fut un harcèlement, prélude au viol. Ils voulaient cette boîte. Ross
avait déjà été engagée chez eux en vue de notre liquidation préparée.
Ces deux objectifs, celui d’avoir vidé l’entreprise de ses plusvalues
par une fausse convention, et celui de la redresser, étaient
contradictoires. Dénoncer à la justice du commerce n’avait pas suffit
à déclencher quelque action. Il fallait annuler le protocole de levée
des plus values. Je m’attendais, l’assaut ayant échoué, Equinoxe ne
pouvant investir la cité sans le prince, à un retrait. Mais avaient-ils
lu Machiavel ? Leur bon sens paysan, comme disait Samuzeau, leur
ferait-il percevoir que l’affaire, juteuse et sans risques devenait dangereuse
pour eux car j’avais tout dénoncé à la justice dès le premier
jour. J’ai décidé de leur dire que je ne voulais plus les voir.
C’est la seconde fois que je leur annonce la rupture. La première
fois, c’est à l’hôtel Méridien Montparnasse, les hommes de mains du
banquier avaient essuyé leur premier camouflet. On entre dans le
bureau que nous connaissons. Samuzeau la pipe entre les dents est
assis derrière son bureau. Le cigare de Françoise Fabre avait au moins
pour lui l’esthétique et la bonne odeur. Il prend instantanément la
parole avec l’assurance indécente de ceux qui se sont enrichis par
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