Dossier de présentation - Scènes Vosges

Soritat
Direction artistique
Fabienne Teulières
Elle rencontre le cirque dès l’enfance et se choisit très vite un fil de fer comme
seule certitude pour inventer sa vie.
Au sortir du CNAC, elle crée le Cirque désaccordé avec ses compagnons de promotion. L’aventure prend
son envol en théâtre avec «C’est pour toi que je fais ça !», de Guy Alloucherie, puis glisse naturellement
vers l’itinérance en chapiteau. Après plusieurs créations nées de collaborations avec des metteurs en scène,
elle propose pour le collectif l’écriture et la conception d’un nouveau spectacle, «Après la pluie», finalisé en
2004 avec Christian Lucas et Patrick Cuisance , et joué à l’international plus de 170 dates.
Elle participe à toutes les créations de la Cie jusqu’en 2007, puis prend un long temps de pause pour
se consacrer à la maternité, se former à la relation d’aide et se sédentariser en milieu rural autour du
projet de reconversion agricole de son compagnon. Elle revient aujourd’hui avec un axe plus personnel
et une proposition artistique au long cours et patiemment maturée, exploration du thème du Féminin de
l’Etre et de l’Archétype de la Femme Sauvage, sous diverses formes de spectacles. Tandis que la fin du
Cirque désaccordé se dessine, elle crée la Cie Timshel pour porter dorénavant ses projets dans une pleine
cohérence artistique.
Note d’intention artistique
«Os par os la femme sauvage revient.
Elle revient à travers les rêves,
à travers les événements à demi compris et
à demi oubliés.
Elle revient à travers les histoires.»
Extrait de Femmes qui courent avec les loups
Clarissa Pinkola Estès
Je porte ce projet en moi depuis dix ans. Lorsque je me promenais alors en forêt, me venaient systématiquement des
images de spectacles avec mes «soeurs» d’art : Cynthia et son sabre qui fend l’air, Karine au chant sensible et pétillant,
Fanny avec sa corde accrochée sous un pont et Marie-Anne sur une verticale en plein désert, et toutes ensemble dans
des mouvements pour faire souffler l’énergie du vent.
Je cherche maintenant à donner réalité à cet imaginaire perçu au cœur de la nature, à partager l’intimité de mon cheminement
parmi les arbres. Je voudrais par là emprunter ce sentier lumineux et pourtant envahi de ronces vers le Féminin
de l’Etre, et faire émerger toutes ces dimensions archétypales qui cherchent à remonter à la lumière de notre époque.
Je regarde le mot «Fraternité» et j’écoute tout ce qu’il m’évoque comme belles valeurs, comme type de liens entre les
êtres. Mais aujourd’hui j’ai soif d’un autre mot, de connaître quel sens il renferme. Je ressens le besoin d’appréhender
par mon travail, par tous mes sens, par des relations dans l’art et dans la société, cet autre mot qui est «Sororité».
J’embarque ainsi La Mal Coiffée, pour cette émulation puissante d’un choeur de femmes, main dans la main, voix
mêlées, pas à pas sur ce sentier qui devient «rivière sous la rivière», pour des sœurs en art et en cheminement intérieur
enfin réunies. Voilà pourquoi je poursuis, obstinée, le sillon de ce projet. Un sillon profond creusé dans la terre pour se
nourrir d’expressions nouvelles et ouvrir des horizons physiques à l’odeur d’humus et de bois calciné.
Faire converger des parcours artistiques qui ont tant à se dire, raconter des histoires d’ici ou du fin fond de nous, donner
corps à des personnages comme revenant d’un autre age, danser sur des cailloux, se suspendre aux branches et trouver
ce chant d’os qui permet de «partir à l’horizon courir avec les loups et revenir avec sur la peau le parfum du sacré».
Fabienne Teulières
© mario del curto