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Temps Ramifié - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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simple végétation de l’inconscient à l’état de somme, mais plutôt considérée comme la<br />

prémonition d’un état de choses qui, soit s’est déjà réalisé à l’insu du sujet (auquel cas le rêve<br />

est pris comme un rapport d’information), ou bien qui vise à se concrétiser dans un avenir<br />

indéterminé dont l’imminence seule est cause de ladite vision. Dans les deux cas, les états de<br />

choses visionnés dans le rêve ne sont pas pris pour de simples fictions qui n’auraient aucune<br />

prise sur le monde réel ; bien au contraire, les relents métaphysiques et les archétypes qui<br />

sous-tendent les schémas d’interprétation et de compréhension des rêves chez les peuples<br />

Bantu font que ces derniers considèrent le rêve comme participant de l’effectivité du monde<br />

réel et actuel, le degré de matérialité et de concrétude restant le seul élément de distinction de<br />

cette expérience d’avec celle matérielle vécue à l’état de veille.<br />

Déjà, en commençant une phrase énonçant un état de choses onirique, le locuteur fait<br />

toujours percevoir la considération de vraisemblance qu’il accorde à son expérience, car la<br />

formulation tient en la périphrase suivante : « Ñine ome, mu mbä nitsii dore … » = « J’ai<br />

peur car j’ai rêvé de ceci ou cela… ». C’est-à-dire qu’ici, le rêve en tant qu’expérience du<br />

sujet, est totalement pris pour partie intégrante du monde réel effectif, sauf que sa non<br />

perceptibilité (qui n’est que momentanée) tient de l’indigence présente de sa matérialité.<br />

D’ailleurs, pendant le récit d’un fait onirique, le locuteur adresse souvent un avis de mise en<br />

garde à son auditoire en ces termes : « Du-kèbe-n, mu mba ñi-tsi lâ ô ndoci… », qui<br />

signifient littéralement « faites attention, car j’ai vu en rêve (ceci ou cela) ». C’est donc une<br />

question de niveaux de phénoménalité dynamique qui expliquerait le statut des états de choses<br />

propres aux expériences oniriques. En tant que leur phénoménalité est considérée comme<br />

dynamique, il s’ensuit qu’une certaine configuration du monde réel, matérialise le contenu de<br />

la vision onirique. De cela il s’ensuit que, le passage de l’immatérialité du rêve à la<br />

concrétisation de son contenu, suppose une variabilité du domaine d’entités qui rendent<br />

justement cette matérialité effective. Et c’est ici qu’intervient l’amorce d’une logique modale<br />

entendue comme utilisation systématique des contextes temporels et des mondes possibles<br />

dans l’expression des énoncés de faits oniriques.<br />

La logique modale ici nous permettra de saisir le temps comme ensemble de contextes de<br />

réalisation possible des états de choses oniriques. Et, du fait qu’un même état de choses ait la<br />

possibilité de se réaliser dans plusieurs contextes temporels, l’axe du temps doit être saisi sur<br />

le modèle d’une structure en ramifications qui permettra de placer en parallèle différents<br />

contextes de matérialisation possible des faits de rêve.<br />

Dans un second moment, les contextes modaux de concrétisation de l’expérience onirique,<br />

en plus d’être temporels, doivent aussi avoir une dimension spatiale puisque les énoncés, en<br />

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