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Temps Ramifié - Savoirs Textes Langage - Lille 3

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Résumé<br />

TEMPS RAMIFIÉ, REALITÉ ET LOGIQUE DE L’EXPÉRIENCE<br />

ONIRIQUE DANS LES LANGUES BANTU<br />

Gildas Nzokou<br />

Université de <strong>Lille</strong>3<br />

UFR Philosophie<br />

UMR 8163 : <strong>Savoirs</strong>, <strong>Textes</strong>, <strong>Langage</strong><br />

nzokou_gildas@yahoo.fr<br />

Dans le présent article il sera affirmé que dans la culture et les langues Bantu, les<br />

expériences oniriques ont un rôle logique très précis. Notamment, celui de désigner « le<br />

véritable sens des évènements » dans une structure temporelle embranchée. Plus exactement,<br />

la fonction de l’expérience onirique peut être vue comme une boussole dans un système de<br />

coordonnées entre les mondes possibles et les contextes temporels, telle qu’elle signale la<br />

trajectoire de l’Histoire réelle. En cela, le rêve prend aussi (de manière relative) l’aspect d’une<br />

fonction déontique, en ce qu’il met le sujet devant une situation de pluralité des trajectoires<br />

possibles de l’histoire, dont il n’aura que la latitude de choisir celle qui lui conviendra.<br />

Il devrait être ajouté que cela doit être pensé comme l’objet d’un acte intensionnel de<br />

croyance. Mais dans la présente rédaction, nous ferons abstraction de ce point. En effet, la<br />

structure logique de ce que nous appelons (dans cet article) « énoncé de faits oniriques »<br />

implique une réflexion subtile sur l’engagement ontologique d’un tel objet de l’acte<br />

intensionnel en question. Y sont donc inclus, les problèmes relatifs au domaine de la<br />

quantification. Mais ces topiques seront laissés de côté pour un prochain exposé.<br />

Introduction<br />

Quel rapport se tient-il, à l’intérieur des langues Bantu, entre les modalités logiques et<br />

l’expérience onirique ? Telle est la question à laquelle tentent de répondre les lignes qui<br />

suivent.<br />

De fait, en parcourant les formulations linguistiques bantu se rapportant aux expériences<br />

oniriques, il apparaît que ces dernières se donnent à entendre sous la forme d’énoncés<br />

modaux, mais d’une modalité particulière qui fait intervenir le temps comme ensemble de<br />

1


contextes possibles de matérialisation de ces expériences. Ici, il y a un rapport clos avec la<br />

logique des modes temporels, étant donné que les schémas d’interprétation des expériences<br />

oniriques (dans les traditions, et donc dans l’inconscient collectif des Bantu), présupposent la<br />

réalisation concrète imminentes de « ce qui a été vécu en rêve » à un point non déterminé sur<br />

l’axe du temps. Et, étant donné cette indétermination du contexte temporel de concrétisation<br />

matérielle de la « vision » onirique, il devient judicieux d’envisager cet axe temporel, c’est-à-<br />

dire l’ensemble des contextes possibles de matérialisation du rêve, comme une structure non<br />

pas linéaire mais, embranchée. Ce modèle du <strong>Temps</strong> pris comme structure ramifiée ,<br />

s’explique par le fait qu’un énoncé portant sur un fait onirique a autant de possibilités de<br />

matérialisation dans un passé indéterminé que dans un futur indéterminé ; c’est-à-dire que<br />

d’un point de vue formel, nous aurons des énoncés de type disjonctif où les disjoints seront<br />

respectivement marqués par les opérateurs temporels du passé et du futur, et où la formule<br />

entière sera doublement indexée du contexte d’énonciation (qui sera actuel, puisque se jouant<br />

dans le monde réel) et de la catégorie de l’énoncé (énoncé descriptif de faits oniriques tendant<br />

à l’effectivité objectale).<br />

Les spécificités herméneutiques propres à chaque sous-groupe Bantu seront laissées de<br />

côté, puisque leur fonctionnalité consiste en une mise en correspondance univoque entre<br />

chaque élément particulier du contexte onirique et un élément objectal précis du contexte<br />

effectif diurne. Ce qui, à l’évidence, n’est pas du ressort du logicien, mais plutôt de celui du<br />

psychanalyste et de l’herméneute. Le logicien ne s’activant, quant à lui, qu’à démêler<br />

l’architecture logique des formes d’énonciation, ceci afin de recueillir des types précis de<br />

grammaire catégorielle.<br />

Ceci étant, nous allons de ce pas, introduire notre propos en exposant brièvement les<br />

procédés de formulations langagières portant sur ces expériences oniriques et les archétypes<br />

sous-tendant les processus de signification de ces formulations.<br />

EXPÉRIENCES ONIRIQUES ET FORMES LINGUISTIQUES BANTU<br />

Pour l’illustration de notre propos, nous prendrons le Punu _ langue bantu par excellence<br />

_ comme matériau de base. Et, dans cette langue Punu, les formulations phrastiques portant<br />

sur des faits oniriques commencent toujours par des périphrases d’introduction telle que :<br />

« Nitsi lâ ô ndosi… » = « J’ai vu en rêve… ». Plus généralement, l’usage langagier ordinaire du<br />

Punu signifie ici le fait d’avoir une véritable vision ; cette dernière n’étant pas prise pour une<br />

2


simple végétation de l’inconscient à l’état de somme, mais plutôt considérée comme la<br />

prémonition d’un état de choses qui, soit s’est déjà réalisé à l’insu du sujet (auquel cas le rêve<br />

est pris comme un rapport d’information), ou bien qui vise à se concrétiser dans un avenir<br />

indéterminé dont l’imminence seule est cause de ladite vision. Dans les deux cas, les états de<br />

choses visionnés dans le rêve ne sont pas pris pour de simples fictions qui n’auraient aucune<br />

prise sur le monde réel ; bien au contraire, les relents métaphysiques et les archétypes qui<br />

sous-tendent les schémas d’interprétation et de compréhension des rêves chez les peuples<br />

Bantu font que ces derniers considèrent le rêve comme participant de l’effectivité du monde<br />

réel et actuel, le degré de matérialité et de concrétude restant le seul élément de distinction de<br />

cette expérience d’avec celle matérielle vécue à l’état de veille.<br />

Déjà, en commençant une phrase énonçant un état de choses onirique, le locuteur fait<br />

toujours percevoir la considération de vraisemblance qu’il accorde à son expérience, car la<br />

formulation tient en la périphrase suivante : « Ñine ome, mu mbä nitsii dore … » = « J’ai<br />

peur car j’ai rêvé de ceci ou cela… ». C’est-à-dire qu’ici, le rêve en tant qu’expérience du<br />

sujet, est totalement pris pour partie intégrante du monde réel effectif, sauf que sa non<br />

perceptibilité (qui n’est que momentanée) tient de l’indigence présente de sa matérialité.<br />

D’ailleurs, pendant le récit d’un fait onirique, le locuteur adresse souvent un avis de mise en<br />

garde à son auditoire en ces termes : « Du-kèbe-n, mu mba ñi-tsi lâ ô ndoci… », qui<br />

signifient littéralement « faites attention, car j’ai vu en rêve (ceci ou cela) ». C’est donc une<br />

question de niveaux de phénoménalité dynamique qui expliquerait le statut des états de choses<br />

propres aux expériences oniriques. En tant que leur phénoménalité est considérée comme<br />

dynamique, il s’ensuit qu’une certaine configuration du monde réel, matérialise le contenu de<br />

la vision onirique. De cela il s’ensuit que, le passage de l’immatérialité du rêve à la<br />

concrétisation de son contenu, suppose une variabilité du domaine d’entités qui rendent<br />

justement cette matérialité effective. Et c’est ici qu’intervient l’amorce d’une logique modale<br />

entendue comme utilisation systématique des contextes temporels et des mondes possibles<br />

dans l’expression des énoncés de faits oniriques.<br />

La logique modale ici nous permettra de saisir le temps comme ensemble de contextes de<br />

réalisation possible des états de choses oniriques. Et, du fait qu’un même état de choses ait la<br />

possibilité de se réaliser dans plusieurs contextes temporels, l’axe du temps doit être saisi sur<br />

le modèle d’une structure en ramifications qui permettra de placer en parallèle différents<br />

contextes de matérialisation possible des faits de rêve.<br />

Dans un second moment, les contextes modaux de concrétisation de l’expérience onirique,<br />

en plus d’être temporels, doivent aussi avoir une dimension spatiale puisque les énoncés, en<br />

3


tant qu’ils nomment des états de choses, sont en fait des descriptions de certaines<br />

configurations empiriques. On parlera tout simplement ici d’une logique modale qui travaille<br />

avec, à la fois des mondes possibles et des contextes temporels : ce sera en somme une<br />

logique multimodale.<br />

Ainsi, le traitement formel de ces énoncés d’expériences oniriques nécessite l’usage<br />

d’une double indexation signifiant d’abord le type auquel ces derniers appartiennent ; ensuite<br />

le contexte temporel d’énonciation (actuel) qui est celui à partir duquel les différents<br />

contextes (le passé et le futur) de réalisation possible de l’énoncé sont déterminés.<br />

NB Dans l’essai de formalisation que nous ferons du type d’énoncés qui nous occupe ici,<br />

nous considérerons les contextes de matérialisation des faits oniriques comme étant les<br />

conditions de vérité de nos énoncés. En somme, un énoncé e de faits oniriques sera vrai dans<br />

un contexte temporel t, si l’état de choses que nomme cet énoncé est matérialisé à ce contexte.<br />

Modalités logiques et expérience onirique : cadre formel.<br />

Ayant aperçu d’entrée la sémantique propre au type d’énoncés qui nous occupent, il<br />

s’impose donc de construire un modèle qui intègre à la fois, aussi bien les contextes temporels<br />

que ceux modaux. Ainsi nous définissons notre modèle comme consistant en un ensemble W<br />

non vide de mondes possibles, un ensemble T de moments 1 sur l’axe du temps, une relation R<br />

d’accessibilité entre les mondes possibles, une relation « < »d’antériorité entre les contextes<br />

temporels, enfin une fonction «╞ » (ou « v ») 2 de valuation définie sur l’ensemble des<br />

propositions et qui assigne à chaque formule de notre langage, un élément du produit cartésien<br />

{W x T}.<br />

Soit M un modèle d’un langage multimodal tel que 〈 W, T, R,


Nous commençons par donner la structure formelle d’un énoncé portant sur des faits<br />

oniriques en la marquant d’un exposant spécial. De cet énoncé suit l’implication d’une<br />

disjonction. Cette dernière étant l’expression des deux possibilités d’actualisation du contenu<br />

du rêve, ce qui se note comme suit :<br />

(A): Φ d → (PΦ ∨ FΦ)<br />

Ceci doit être lu : « la formule Φ d’un énoncé portant sur un état de choses onirique,<br />

implique que soitΦ s’est déjà réalisée dans un passé indéterminé, ou bien Φ se réalisera<br />

dans un futur indéterminé ». Les deux possibilités de réalisation de Φ, c’est-à-dire les deux<br />

éventualités de concrétisation de l’expérience onirique, sont en fait des contextes<br />

multimodaux, qui combinent temporalité (passé et futur) et modalité standard.<br />

En second lieu, en vertu du relent métaphysique sous tendant la conception du rêve<br />

dans les cultures Bantu, et qui consiste à supposer la certitude de sa réalisation, il se donne<br />

ainsi à entendre comme l’expression d’une nécessité. En effet, le statut de l’expérience<br />

onirique, dans le cadre présent, implique la certitude de sa matérialisation, d’où l’intérêt de<br />

faire précéder la formule de l’opérateur de nécessité ; puis nous l’indexons doublement du<br />

contexte modal d’énonciation et du contexte temporel correspondant On notera :<br />

(A’): (Φ d w,t → (PΦw’,t-1∨ FΦw’’,t1))<br />

Pour être plus précis, cette conception du statut du rêve, étant un acte de croyance<br />

propre à un socle culturel donné, l’on serait plus judicieux en préfixant le tout de la<br />

formule par l’opérateur épistémique qui convient, de telle sorte que nous ayons comme<br />

formule complète :<br />

(A’’): aiB [(Φ d w,t → (PΦw’,t-1 ∨ FΦw’’,t1))]<br />

qui se lit : « l’agent "i" croit que nécessairement, l’énoncé Φ d’état de choses onirique<br />

implique que, soit cet état s’est déjà réalisé, soit il va se réaliser dans un moment ultérieur<br />

indéterminé ». Et, de suite, la forme de cet énoncé nous conduit à nous interroger sur les<br />

conditions de sa vérification, c’est-à-dire sur ses conditions de vérité.<br />

Évidemment que plusieurs critères entrent en jeu dans le procès de vérification de<br />

pareil type d’énoncé, notamment le lieu et le temps de la réalisation concrète de son<br />

contenu. Mais aussi l’état d’information de constitue la croyance de l’agent épistémique.<br />

Pour l’instant, en raison de la complexité accrue qu’il y a à travailler dans une logique<br />

tridimensionnelle, nous préférons nous astreindre au traitement de cet énoncé dans sa<br />

formulation bimodale (c’est-à-dire marqué par les contextes temporels et les mondes<br />

5


possibles). Ainsi, nous posons la définition suivante de la vérité, relativement au cadre<br />

sémantique qui est le nôtre propre.<br />

DÉFINITION DE LA VÉRITÉ<br />

Soit M le modèle de notre langage multimodal, et Ψ la formule complète de notre énoncé<br />

d’état de choses onirique telle que Ψ = (Φ d w,t → (PΦw’,t-1∨ FΦw’’,t1)), on aura :<br />

(1) pour un w’ tel que wRw’, si ╞w Φ d alors╞w’ (PΦ ∨ FΦ).<br />

Ceci est une définition générale de la vérité de notre formule et qui nécessite d’être mieux<br />

précisée. Et pour ce faire il s’agit pour nous de donner une formulation plus explicite des<br />

conditions de valuation de cette formule, en faisant ressortir la fonctionnalité de chaque<br />

opérateur contextuel dans ce procès de signification. Ainsi nous écrivons :<br />

(2) pour tous les contextes temporels t-n et tn, tels que t-n < t@ et t@ < tn, on a :<br />

╞w@, t@ Ψ → ╞w’, t-nΦ ∨ ╞w’’, tnΦ [ noter que le paramètre @, mis en indice, marque<br />

l’actualité du contexte d’énonciation].<br />

Pour l’illustration, nous pouvons considérer qu’un énoncé Φ d (du type qui nous occupe<br />

ici) est posé à un moment t dans un cotexte modal w. Nous savons, par supposition, que cet<br />

énoncé implique sa propre vérification, soit dans un moment antérieur t-1 indéterminé, soit<br />

dans un moment ultérieur t1 indéterminé. De plus, cette implication se fait sur le mode de la<br />

nécessité, étant sous entendu que l’état de choses onirique se réalise d’une façon ou d’une<br />

autre, et ce de manière exclusive. Nous écrivons donc la nécessité de cette implication comme<br />

suit : (Φ d w,t → (PΦw’,t-1∨ FΦw’’,t1)). Les conditions de vérité de notre formule sont<br />

constituées par la paire des doubles modalités que sont (w’, t-1) pour un contexte bimodal<br />

antérieur, et (w’’, t1) pour un contexte bimodal ultérieur. D’où la version suivante de la<br />

définition de la vérité, en termes de valuation :<br />

VM, w, t [(Φ d → (PΦ ∨ FΦ))] = 1 ssi : soit VM, w’, t-1(PΦ) = 1 ; soit VM, w’’, t1 (FΦ) = 1<br />

Dès l’abord nous remarquons beaucoup d’étrangeté dans la formulation des conditions<br />

de vérité de notre formule. En effet, elle ne respecte pas la clause standard pour la valuation<br />

d’une formule marquée de l’opérateur de nécessité, qui exige que la formule soit vraie dans<br />

tous les mondes possibles accessibles à partir du monde où est posée cette dernière. Notre<br />

définition n’est non plus alignée sur la clause standard portant valuation de « ◊Φ » qui pose<br />

que Φ soit vraie au moins dans un contexte accessible à partir du contexte d’origine. Notre<br />

6


formulation des conditions de vérité ici indique la disjonction exclusive du conséquent<br />

comme seule alternative de vérification de l’énoncé. C’est-à-dire qu’on considère ici que la<br />

concrétisation matérielle de la vision onirique ne peut avoir lieu qu’à un seul contexte<br />

multimodal (certes indéterminé) et non pas à plusieurs contextes à la fois. Et, ceci est de<br />

prime abord introduit par la présence des opérateurs temporels P et F. Reste que le véritable<br />

intérêt pour nous, porte ici sur l’implication qu’il y a entre l’expérience onirique et le contexte<br />

de sa réalisation dans l’espace et le temps. Ce qui impose de nous enquérir du véritable statut<br />

de cette implication. Mais avant de discuter ce point, il convient de faire remarquer que les<br />

deux possibilités mutuellement exclusives de réalisation concrète matérielle du rêve, se<br />

trouvent toutes dans le cours effectif des évènement, c’est-à-dire sur la ligne de l’histoire réel.<br />

Nous représentons ceci dans le graphe suivant, où les différentes possibilités de réalisation<br />

d’un état de choses, sont autant de branches constitutives de l’histoire. D’où la conception que<br />

nous en faisons en termes de structure ramifiée.<br />

De fait, la multimodalité introduit un cadre conceptuel multidimensionnel. Et, en ce qui<br />

concerne notre enquête présente, il aurait été encore plus judicieux de travailler dans un cadre<br />

tridimensionnel, étant donné la préfixation de l’opérateur épistémique de croyance à<br />

l’ensemble de la formule, ce qui aurait donné un modèle plus dense, et donc une définition de<br />

la vérité qui aurait dû intégré certains axiomes (déjà très discutés) de la logique épistémique.<br />

Mais, ayant fait le choix d’une relative simplification, nous restons pour le moment dans un<br />

graphe cartésien ordinaire, avec un axe temporel et un autre comme ensemble des mondes<br />

possibles<br />

7


W<br />

w"<br />

w<br />

w'<br />

La spatialisation du temps à travers ce graphe nous montre la véritable dimension de<br />

l’expérience onirique. Celle-ci, en effet, apparaît comme un indicateur spécifique du cours des<br />

évènements, c’est-à-dire qu’elle semble être une sorte de boussole qui oriente le sujet dans le<br />

sens du temps historique, puisque l’un et l’autre des deux contextes de réalisation du rêve<br />

restent sur la ligne en gras, celle qui représente le cours effectif des évènements. Les lignes<br />

fines représentent, quant à elles, les différentes bifurcations que l’histoire aurait pu emprunter,<br />

mais qui ne se sont pas réalisées. Cependant, il importe de s’y prendre subtilement.sur ce<br />

point.<br />

Φ d<br />

t-1 to t1<br />

En effet, il ne suffit pas de prendre comme conditions de valuation de notre formule, les<br />

seuls contextes temporels et modaux de sa vérification, c’est-à-dire les contextes de<br />

réalisation matérielle du rêve. Il s’agit aussi d’intégrer l’élément qu’est la « Trajectoire », car<br />

ce qu’indique le rêve de manière signalétique, ce sont les trajectoires possibles de l’histoire.<br />

Ici la vision onirique, lorsqu’elle est prise en tant que prémonition, n’appelle pas à un<br />

déterminisme. La vision motive simplement l’attitude à venir du sujet, et non pas qu’elle<br />

scelle d’avance cette dernière. C’est-à-dire que l’expérience d’une vision onirique<br />

prémonitoire n’enlève pas la charge de responsabilité au sujet, quant aux choix d’action qu’il<br />

aura à faire. Ainsi, le rêve prémonitoire manifeste une fonction déontique d’une certaine<br />

façon. Ce point nous emmène donc à réécrire notre formule de la manière suivante :<br />

T<br />

8


Φh, t d → (PΦh’, t-1 ∨ FΦh’’, t1), où la paire « trajectoire de l’histoire(h)/moment du temps (t) 3 »,<br />

remplace l’ancienne indexation qui était composée de la modalité et de la temporalité (w,<br />

t).On pourrait illustrer ce fait, en imaginant un point de l’axe temporel où la formule, posée à<br />

cet endroit, serait fausse. Cependant, ce moment pourrait être le passage de plusieurs<br />

trajectoires possibles d’évènements, parmi lesquelles, la trajectoire de l’histoire réelle, c’est-à-<br />

dire la trajectoire qui représente l’intervalle de temps où la configuration onirique trouvera sa<br />

réalisation matérielle. Le graphe suivant permet de mieux coller à l’intuition :<br />

Au point de passage de toutes les trajectoires, c’est-à-dire au moment de l’énonciation, la<br />

formule n’est pas encore vraie mais elle se vérifie sur une trajectoire d’histoire à venir. Ceci<br />

suppose donc une certaine latitude au sujet, quant à l’acte décisionnaire qu’il aura à effectuer.<br />

En fait, la présence des branches signifie véritablement un avenir ouvert, c’est-à-dire plusieurs<br />

possibilités de trajectoires qu’il incombe au sujet de suivre ou de ne pas suivre. Car tout de<br />

même, l’on ne peut évacuer la possibilité pour un individu, d’agir autrement que le lui exige<br />

l’objectivité rationnelle. Raison de plus pour nous, de supposer qu’en dépit du fait d’une<br />

croyance populaire, le sujet quoi que avisé par une prémonition, se puisse laisser aller à des<br />

agissements incohérents d’avec sa vision. Et, c’est ici qu’apparaît au mieux, le caractère<br />

contingent du future propre à la matérialisation de notre expérience onirique ; la formule Ф d<br />

est vraie relativement à une branche (h) et non pas à d’autres qui, pourtant, passent toutes par<br />

un point commun (t) du temps. Nous apercevons dès lors, que la question du volontarisme<br />

doxastique a partie liée avec cet aspect de la contingence du futur. Par exemple, si j’ai un rêve<br />

(fut-il prémonitoire), est-il obligatoire pour moi, de croire que, de ce dernier s’ensuivra-t-il<br />

certains faits historiques ?<br />

Ceci nous conduira à une discussion logique, philosophique, anthropologique et culturelle<br />

qui dépasse les limites de cet article, mais qui doit certainement être repris avec toute sa<br />

profondeur ailleurs.<br />

3 Cf. Wansing 2004, pp 427- 429,.<br />

¬Ф<br />

FФh, t<br />

9


Maintenant, nous allons soulever une question restreinte au seul cadre logique (qui seul,<br />

nous importe ici) et qui vise à décliner la nature de la fonction d’implication à l’œuvre dans<br />

notre formule.<br />

SENS ET STATUT DE L’IMPLICATION DANS Ψ<br />

Quelle interprétation peut-on faire de la fonction d’implication à l’œuvre dans notre<br />

formule (sous sa notation simplifiée) [Φ d → (PΦ ∨ FΦ)] ? Visiblement, il ne s’agit pas de<br />

l’implication matérielle telle qu’elle est donnée dans la logique classique puisque notre<br />

formule ne peut s’accommoder du théorème de la disjonction ├ (α → β ) ∨ (β → α) qui<br />

l’emmènerait à ceci : [Φ d → (PΦ ∨FΦ)] ∨ [(PΦ ∨ FΦ) → Φ d ]. Plus généralement, les<br />

diverses représentations des paradoxes de l’implication matérielle ne peuvent s’appliquer à<br />

cette formule ; par exemple (1) ¬Φ d → [Φ d → (PΦ ∨ FΦ)] et (2) (PΦ ∨ FΦ) → [Φ d →<br />

(PΦ ∨ FΦ)] sont des formes paradoxales de l’implication matérielle qui, bien que valides<br />

dans le cadre classique de la logique, restent inapplicables à notre formule en raison de la<br />

sémantique y afférente. En effet, si l’on considère notre implication comme étant une<br />

implication matérielle, alors, n’importe quel fait concret dans le temps serait dérivable de<br />

n’importe quelle expérience onirique, ce qui n’est pas le sens visé ici : du coup nous excluons<br />

β → (α → β), qui est la forme simplifiée de (2), comme théorème. De même, de l’absence<br />

d’une expérience onirique donnée, l’on ne peut tirer que, si cette dernière avait eu lieu, tel ou<br />

tel autre fait réel se serait produit ; ce qui se note ¬α → (α → β) (représente la formule (1)) et<br />

qui apparaît aussi comme totalement inadéquat à rendre compte de notre implication. D’autre<br />

part, cette implication paraît encore moins interprétable en termes d’implication stricte,<br />

puisqu’elle n’intègre pas le présupposé qu’est la pertinence logique.<br />

Par contre, le comportement de notre implication semble obéir au principal théorème de<br />

la logique connexe qu’on formule comme suit : ├ (α → β) → ¬ (α → ¬β). Ce qui nous fait<br />

maintenant étendre notre formule de la manière suivante : [Φ d → (PΦ ∨ FΦ)] →¬[Φ d →<br />

¬ (PΦ ∨ FΦ)]. Or, ce théorème a pour but d’invalider celui classique de la disjonction et<br />

ainsi, de se constituer en sa contradictoire, ce que nous notons ¬[ (α → ¬α) ∨ (¬α→α)]<br />

≡¬(α → ¬α) ∧ ¬(¬α → α). Le premier membre de cette conjonction est justement<br />

l’axiome « ¬(α → ¬α) » qui est la première thèse connexe de Boethius. Et, cet axiome, de la<br />

valeur duquel dépend le théorème de la logique connexe, est l’un des conjoints de la négation<br />

du théorème classique de la disjonction. Ce qui nous indique ici, que nous sortons, non<br />

10


seulement de la logique classique, mais aussi de la modale normale pour entrer dans une sorte<br />

de logique modale non normale, régie par la règle de l’implication connexe dont la définition<br />

s’énonce comme suit :<br />

(α⇒β) = Df (α→β), avec la clause que αααα n’est pas une contradiction et β n’est pas une<br />

tautologie. En d’autres termes, cette double barre d’implication signifie que l’antécédent doit<br />

être consistant et le conséquent doit être contingent. Nous réécrivons alors ce théorème de la<br />

connexité suivant Rahman, tel que (a⇒b)⇒¬(a⇒¬b) ; et ceci est la seconde thèse connexe<br />

de Boethius formulée par Storrs MacCall. Cependant, pour plus de clarté sur ce point,<br />

revenons au théorème classique de la disjonction et reformulons ce dernier de la manière<br />

suivante : ├ (α → ¬α) ∨ (¬α→α)<br />

Du point de vue de la logique standard la formule complète reste valide en raison du fait<br />

qu’une disjonction est vraie si l’un au moins des disjoints est vrai. C’est-à-dire que, quelle que<br />

soit la valeur de α, l’une au moins des implications disjointes sera vraie, en raison de<br />

l’analyse vérifonctionnelle.<br />

Or, le deuxième membre de cette disjonction, c’est-à-dire l’implication (¬α → α), avait<br />

été rejetée par Aristote, lorsque celui-ci réfuta la possibilité pour (β →α) et (¬β→α) 4 d’être<br />

vraies ensemble. Il partait du fait que de β →α on tire ¬α → ¬β par contraposition ; ensuite,<br />

de ¬α →¬β et ¬β → α, on tire par transitivité ¬α → α, ce qui contredit sa thèse ¬ (¬α →<br />

α). Parallèlement, on peut argumenter que Aristote rejette le premier membre de la<br />

disjonction, c’est-à-dire que (α → ¬α) n’est pas valide pour lui.<br />

Dans la logique connexe nous avons donc deux paires d’axiomes connues sous les<br />

appellations de première et seconde thèse connexes d’Aristote et première et seconde thèse<br />

connexes de Boethius. Et c’est la coordination des deux premières thèses connexes (c’est-à-<br />

dire première thèse aristotélicienne et première thèse boethienne) qui forment le théorème de<br />

la logique connexe, qui est lui-même une contradiction du théorème de la disjonction de la<br />

logique classique. Et, ceci n’est pas une extension de la logique classique, mais une tout autre<br />

logique que nous appelons ici « connexe » D’où notre affirmation selon laquelle, la<br />

sémantique appropriée à l’implication au sein de notre formule, nous conduit hors du cadre de<br />

la logique classique pour un cadre modal non normal. Or, ce dernier cadre logique non normal<br />

implique certaines considérations ontologiques particulières, notamment celles concernant la<br />

structure du domaine.<br />

4 S. Rahman, H. Rückert; “Dialogical connexive logic”.<br />

11


En effet, le modèle d’interprétation de la logique connexe doublée des modalités, suppose<br />

une certaine constance du domaine. Ici, le passage de Ф d à PФ ∨ FФ, c’est-à-dire que le<br />

passage d’un énoncé d’expérience onirique à un énoncé d’état de choses réelles passées ou<br />

futures, suggère simplement de faire intervenir un prédicat d’existence qui marquerait<br />

l’effectivité matérielle du contenu de la proposition. Ainsi, notre logique modale connexe<br />

suppose donc une structure constante du domaine. Les états de choses ne subissant qu’un<br />

changement de contextes (on passe du contexte onirique au contexte de concrétisation<br />

effective). Mais, n’ayant abordé ici que la partie propositionnelle de la logique multimodale,<br />

nous remettons au prochain exposé, l’approfondissement de ce point qui, de fait, relève du<br />

domaine de la quantification.<br />

12


CONCLUSION GÉNÉRALE<br />

Marquons une première pose à notre réflexion, et disons que la dimension symbolique de<br />

l’expérience onirique se dévoile comme une sorte d’indicateur pour le sujet dans le courant de<br />

l’histoire. Comme s’il s’instaurait un mouvement de va-et-vient entre les structures du<br />

contexte onirique et celles du contexte historique (relativement au schéma de réflexion qui est<br />

le nôtre ici). Et, si l’on se met en dehors du cadre idéologique (au sens d’un ensemble de<br />

croyances) des Bantu, l’on trouverait étrange que ce soit un système de fictions qui informe le<br />

sujet de la configuration réelle des évènements dans le temps. De plus, l’analyse du cadre<br />

énonciatif de ces systèmes de fictions permet de saisir la complexité du cadre logique sur<br />

lequel l’on opère.<br />

De fait, le niveau d’analyse que nous avons atteint dans cette méditation, nous a<br />

découvert un univers logique tout à fait étranger au modèle classique. La connexité de<br />

l’implication qui se tient entre l’énonciation descriptive du contexte onirique et celle<br />

descriptive de sa matérialisation dans un contexte historique réel, nous a introduit à une<br />

logique "non-normale". De cette "non-normalité", l’on en vient à s’interroger sur la nature de<br />

la relation d’accessibilité entre les contextes multimodaux que nous avons utilisés. C’est-à-<br />

dire qu’ici intervient la question portant sur le type de la relation à l’oeuvre dans notre<br />

modèle.<br />

Comment, en effet, doit être conçu le rapport entre contexte onirique et contexte<br />

d’effectivité objectale ? Quelles propriétés logiques caractérise cette relation d’accessibilité<br />

entre les différents contextes de notre modèle, de sorte qu’une interprétation de l’expérience<br />

onirique soit possible ? Comme précédemment dit, ici nous laisserons à l’herméneute la tâche<br />

de dresser des tables de correspondance symboliques de signification du rêve. Notre tâche de<br />

logicien, s’astreindra pour l’essentiel, à l’identification des propriétés logiques de cette<br />

relation d’accessibilité spécifique. Certes, dans cette prime méditation l’espace rédactionnel<br />

n’a pas permis d’aborder tous les intérêts théoriques qu’implique notre conception du rêve _<br />

ce qui est remis à un prochain exposé _ n’empêche qu’il nous importe d’en donner un signal.<br />

Aussi, semble-t-il, la relation entre le monde du rêve et celui de la réalité indique une<br />

certaine similarité entre les structures de ces deux sphères. Et, du point de vue logique, cette<br />

relation de similarité ne signifie pas un isomorphisme entre les deux contextes, étant donné<br />

que leur relation n’est pas bijective. Il n’est pas non plus question de réflexivité. Et pourtant<br />

cela suppose quand même l’invariance de certaines composantes communes aux contextes<br />

13


onirique et matériel. Nous laissons cependant l’approfondissement de ce point, parmi tant<br />

d’autres, pour une prochaine rédaction.<br />

Appendice<br />

14


L’intelligibilité du contenu de cet article importe de mettre au clair les notions<br />

fondamentales des cadres logiques qui y ont été utilisés, notamment les notions basiques de<br />

logique modale propositionnelle (App. 1), de la logique temporelle (App.2) et de leur<br />

combinaison dans la logique temporelle ramifiée (App. 3).<br />

A1. Notions basiques de logique modale propositionnelle 5<br />

Le langage modal propositionnel est une extension du langage propositionnel classique,<br />

auquel sont ajoutés deux nouveaux connecteurs unaires et ◊, qui sont respectivement les<br />

opérateurs modaux de nécessité et de possibilité. Dans la logique modale basique et ◊ sont<br />

interdéfinissables comme suit :<br />

ϕ ssi ¬◊¬ϕ<br />

◊ϕ ssi ¬¬ϕ<br />

A la différence des connecteurs de la logique classique, et ◊ n’ont pas d’interprétation<br />

fixe. En fait, différentes lectures de ces connecteurs suggèrent différentes sémantiques et<br />

différents systèmes de preuve. e. g. :<br />

: ◊:<br />

On sait que ϕ ¬ϕ: on ne sait pas que ϕ<br />

Il est nécessaire que ϕ Il est possible que ϕ<br />

Il sera toujours vraie que ϕ Il sera quelques fois vraie que ϕ<br />

Il fut toujours vrai que ϕ Il fut quelques fois vraie que ϕ<br />

ϕ est obligatoire ϕ est permissible<br />

ϕ est prouvable ϕ est consistant (relativement à un<br />

système arithmétique donné)<br />

5 Extrait de S. Rahman et T. Tulenheimo; “Dialogues between Abelard and Eloise”. First-Order Modal Logic<br />

and Independence Friendly Logic: A Dialogical and Game Theoretical Introduction. En ligne sur<br />

http://stl.recherche.univ-lille3.fr/sitespersonnels/rahman/accueilrahman.html<br />

15


Dans ces interprétations (des opérateurs modaux), il serait clair, du moins à partir des<br />

quatre premières paires de la liste, qu’ils soient compris comme des types de quantificateurs<br />

qui portent sur des informations d’états (ou scénarios), des mondes possibles, ou sur des<br />

contextes temporels. Les langages modaux ont aussi été usagés pour analyser le<br />

comportement des programmes cybernétiques et les transitions d’états des automates finis. De<br />

plus, certains langages modaux tels que les langages temporels, combinent les différentes<br />

lectures des opérateurs modaux.<br />

La logique modale occupa d’ailleurs un large espace dans l’Organon d’Aristote. En fait,<br />

les deux tiers des Premiers Analytiques traitent de logique modale. Mais en dépit des quelques<br />

développements que réalisèrent les Stoïciens et les intenses discussions qui eurent lieu au<br />

Moyen-âge, la Syllogistique modale eut beaucoup moins d’influence que la Syllogistique<br />

assertorique. Peut-être que cela fut ainsi en raison du nombre et de la difficulté des problèmes<br />

logiques et philosophiques que cela impliquait. Ce qui est intéressant c’est que dans le<br />

Bouddhisme et le Jainisme, et dans la tradition indienne en général, la logique modale a<br />

occupé le centre des réflexions philosophiques, et cela semble être aussi le cas de la tradition<br />

arabe (ce qui se voit spécialement dans les travaux d’Avicenne), mais ces traditions étaient<br />

soit, difficilement accessibles ou bien, ont été parfois oubliées et parfois perdues.<br />

Les premiers développements et applications de la logique modale furent donc<br />

philosophiques et en relation avec les diverses notions philosophiques de « nécessité »<br />

(quelque fois identifiée à l’interprétation temporelle de ). La première tentative de<br />

formalisation de la logique modale à la fin du 19 è siècle par le logicien français d’origine<br />

écossaise Hugh MacColl (1837-1909) fut reprise et axiomatisée par Clarence Irving Lewis en<br />

1918. Aussitôt en 1946 Rudolph Carnap explora l’idée d’analyser la modalité comme une<br />

quantification sur les « mondes possibles », mais il ne disposait pas de la « relation<br />

d’accessibilité » qui définit la sémantique des mondes possibles. La sémantique actuelle des<br />

mondes possibles de la logique modale naquît de la confluence de l’approche modèle-<br />

théorétique à la sémantique formelle de la tradition polonaise et de l’axiomatique de Lewis et<br />

autres. En réalité, il y avait un autre lien moins visible mais très important, notamment le lien<br />

entre l’algèbre de la logique et l’approche modèle-théorétique à la sémantique de la logique<br />

modale. Ce lien est un résultat de Stephen Kanger obtenu dans ses séminaires à l’université de<br />

Stockholm en 1955 et publié en 1957 par cette université sous le titre Provability in Logic, et<br />

de Richard Montague. Effectivement, dans un cours magistral de 1955 à UCLA Montague<br />

donna une interprétation modèle-théorétique complète de la logique modale propositionnelle.<br />

Kanger référa dans une note de bas de page (1957c, 39) au travail de Jónsson et Tarski (1951),<br />

16


à partir duquel son usage du dispositif relationnel semble avoir été dérivé. Comme écrit<br />

Copeland (2006, 392), « rétrospectivement, ces théorèmes peuvent être vus en effet comme un<br />

traitement de tous les axiomes modaux de base et des propriétés correspondantes de la<br />

relation d’accessibilité ». Maintenant, dans les travaux de Kanger et ceux de Montague, la<br />

notion de relation utilisée était telle qu’une relation entre les modèles et non entre les mondes<br />

possibles. L’approche standard de la logique modale basique actuelle fut développée<br />

indépendamment par divers logiciens entre 1955 et 1959, particulièrement par les travaux de<br />

Carew Meredith, Arthur Prior, Jaakko Hintikka et Saul Kripke. Jack Copeland (2006) donne<br />

la priorité au travail conjoint de Meredith et Prior en 1956. En fait, le travail de Jaakko<br />

Hintikka et Saul Kripke fut la version la mieux connue de la sémantique des mondes<br />

possibles. Tandis que le premier cherchait dans une interprétation épistémique de l’opérateur<br />

de nécessité, le second étudiait une interprétation ontologique (leibnizienne) de la nécessité.<br />

De plus, dans son travail de jeunesse Hintikka appelait la relation une « relation<br />

d’alternativité » entre les états de choses possibles. Dans le contexte de la logique déontique,<br />

Hintikka (1957) appelle la relation une « relation de copermissibilité ». Richard Montague<br />

initia aux environs de 1975, une application systématique des langages modaux pour la<br />

formalisation du langage naturel. Arthur Prior (1962) après une suggestion de Peter Geach<br />

(1960), la dénomma « relation d’accessibilité », qui est maintenant le nom standard pour la<br />

relation binaire entre les mondes possibles. Hans Kamp élargît ce qui est appelé « les<br />

grammaires de Montague » à la Théorie de la Représentation du Discours (DRT) qui est<br />

maintenant le paradigme le plus influent pour la formalisation du langage naturel avec<br />

applications dans des champs variés tels que, la linguistique cybernétique, l’intelligence<br />

artificielle et la philosophie. À travers le travail de Johan Van Benthem, la logique modale est<br />

comprise comme un langage formel pour l’étude des structures. Ceci ayant été combiné,<br />

d’une part, avec l’approche DRT, et d’autre part avec la théorie sémantique des jeux (GTS).<br />

Le succès de l’approche sémantique de la logique modale telle que développée par<br />

Hintikka et Kripke est partiellement dû au fait que dans cette approche modèle théorétique, la<br />

plupart des logiques modales standards pourraient être caractérisées en mettant les conditions<br />

mathématiques simples sur les structures. Il importe de remarquer ceci : les conditions portent<br />

sur les structures (ou « cadres »). Bien que les modèles soient ce sur quoi nous travaillons,<br />

les cadres jouent un rôle central.<br />

17


DÉFINITION: Modèle, Cadre, Vérité.<br />

• Un modèle < W, R, v > pour la logique modale propositionnelle consiste en :<br />

1 /. un ensemble W non vide de « mondes possibles » (contextes ou scénarios, tels que les<br />

états temporels, les états d’information etc…)<br />

2/. une relation binaire R définie sur W, qu’on appelle « une relation d’accessibilité »<br />

3/. une fonction de valuation qui assigne une valeur de vérité v(a) à chaque lettre<br />

propositionnelle du langage propositionnel dans chaque monde possible.<br />

• Un ensemble de « mondes possibles » W, avec une relation d’accessibilité, est appelé un<br />

cadre ou une structure. Ainsi, étant donné un cadre , nous pouvons le transformer en<br />

un modèle par adjonction d’une fonction de valuation v. De plus, n’importe quel cadre peut<br />

être transformé en une variété de modèles, chacun dépendant de la fonction de valuation qui<br />

lui est adjointe. Une structure établit seulement les mondes dont nous nous occupons et<br />

stipule que ces derniers sont accessibles à partir du monde réel. Une valuation est nécessaire<br />

pour établir ce qu’il en est dans chacun des mondes possibles (ou contextes modaux) et en<br />

général il y aura plusieurs manières de le faire. Chacune de ces façons est un modèle stipulant<br />

les conditions factuelles sous lesquelles nos explorations logiques auront lieu. La structure<br />

produira les bases de n’importe quelle variété de telles conditions factuelles.<br />

• La définition de la vérité de la logique modale nous dit quelles formules sont vraies dans<br />

quel wi (monde possible) d’un modèle donné. La fonction de valuation nous donne les<br />

valeurs des lettres propositionnelles et la définition de la vérité étend cette valuation aux<br />

formules complexes. La différence de cette définition de la vérité d’avec la définition<br />

classique est que, ici la vérité est déterminée relativement à un monde possible du modèle en<br />

question. En outre, la valuation est aussi dépendante des relations entre les mondes possibles<br />

donnés. Plus précisément :<br />

DÉFINITION : Si M est un modèle , alors vM,w(ϕ) _ c’est-à-dire la valeur de ϕ<br />

dans un contexte donné w du modèle M _ est définie de la manière suivante :<br />

18


vM ,w(p) = vM,w(p) pour toutes les lettres propositionnelles « p »<br />

vM,w(¬ϕ) = 1 ssi vM,w(ϕ) = 0<br />

vM,w(ϕ → ψ) = 1 ssi vM,w(ϕ) = 0 ou vM,w(ψ) = 1<br />

vM,w(ϕ ∨ ψ) = 1 ssi vM,w(ϕ) = 1 ou vM,w(ψ) = 1<br />

vMw(ϕ ∧ ψ) = 1 ssi vMw(ϕ)= 1 et vMw(ψ)= 1<br />

vMw(◊ϕ) = 1 ssi, pour au moins un monde possible w’∈ W tel que w R w’: vMw’(ϕ) = 1<br />

vMw(ϕ) =1 ssi, pour tous les mondes possibles w’∈ W tels que w R w’: vMw’(ϕ) = 1<br />

DÉFINITION : L-Valide<br />

Nous disons que le modèle est basé sur le cadre <br />

• Une formule ϕ est valide dans un modèle , si elle est vraie à tous les contextes de<br />

W.<br />

• Une formule ϕ est valide sur une structure si elle est vraie dans tous les mondes de<br />

tous les modèles basés sur cette structure. Autrement dit : une formule ϕ est valide sur une<br />

structure si elle est valide dans tous les modèles basés sur cette structure.<br />

• Si L est une collection de structures, ϕ est « L-valide » si ϕ est valide dans tout cadre de L<br />

Différentes logiques modales sont sémantiquement caractérisées comme des formules L-<br />

valide, pour des classes particulières de structures. Pour donner un premier exemple, le<br />

système nommé T est caractérisé par la classe de structures ayant la propriété que « chaque<br />

monde est accessible à partir de lui-même » (ce qui revient à supposer que la relation R est<br />

réflexive).<br />

DÉFINITION : Propriétés d’une structure. Nous disons qu’une structure est :<br />

• réflexive si wiRwi ; pour tout wi de W<br />

• symétrique si wiRwj implique wjRwi, pour tout wi et wj de W<br />

• transitive si wiRwj et wjRwk impliquent ensemble wiRwk, pour tout wi, wj et wk de W<br />

•<br />

sérielle si pour chaque wi de W il y a au moins un wj de W tel que wiRwj<br />

• linéaire si pour tout wi et wj de W soit wiRwj ou wjRwi.<br />

19


Ces définitions fournissent la caractérisation de la structure des systèmes de logique modale<br />

qui ont la meilleure réputation, notamment: K, D, T, B, K4, S4, S4.3, S5.<br />

LOGIQUE CONDITIONS DE LA STRUCTURE<br />

K aucune condition n’est imposée sur la structure<br />

D sérielle<br />

T réflexive<br />

B réflexive, symétrique<br />

K4 transitive<br />

S4 réflexive, transitive<br />

S4.3 réflexive, transitive, linéaire<br />

S5. réflexive, symétrique, transitive.<br />

Ceci nous conduit à l’une des principales préoccupations des logiciens, qui est de dévoiler les<br />

relations entre la validité des formules et les propriétés des cadres. En effet, la validité des<br />

formules suivantes caractérise les structures précédemment mentionnées, dans le sens qu’elles<br />

sont valides si et seulement si les conditions en question sont remplies:<br />

FORMULE CONDITIONS DU CADRE<br />

1. (A→B)→( A→ B) aucune condition<br />

2. A→◊A sériel<br />

3. A→A réflexivité<br />

4. A→ ◊A symétrique<br />

5. ◊A→ ◊A symétrique et transitif<br />

6. ( A→ B)∨ ( B→ A) linéaire<br />

7. A→ A transitivité<br />

8. A→ ◊ ◊A réflexif et transitif<br />

Remarque: Il est important de remarquer que l’équivalence montrée dans la table ci-dessus<br />

est valable pour les cadres (ou structures) ; c’est-à-dire pour n’importe quel modèle basé sur le<br />

cadre correspondant. Non pas pour tout modèle. Autrement dit, ce n’est pas le cas que, par<br />

exemple, tout modèle pour la formule A→A est réflexif. De manière effective, considérons<br />

20


un modèle avec seulement un monde non réflexif où A est vraie. Dans un tel modèle, la<br />

formule est vraie mais, par supposition, est non réflexif.<br />

A2. Notions basiques de logique temporelle propositionnelle 6<br />

Techniquement parlant, la logique temporelle est fermement liée à la logique modale. Dans<br />

la logique temporelle, les mondes possibles (ou contextes modaux) deviennent des contextes<br />

temporels (qui peuvent être, soit des instants, soit des intervalles de temps, selon l’option<br />

sémantique choisie).<br />

La logique temporelle s’origine dans l’observation selon laquelle, les temps verbaux<br />

affichent un comportement régulier qui se prête à la formalisation. Deux opérateurs furent<br />

alors introduits, G et H, comme des analogues à l’opérateur de la logique modale.<br />

L’opérateur G est interprété comme « ce sera toujours le cas que… », tandis que l’opérateur<br />

H signifie « il a toujours été le cas que … ». Maintenant, en tant que tels, G et H doivent<br />

presque pas être décrits comme des temps ordinaires, mais de même que est complété par ◊,<br />

G et H ont leurs propres compléments, P et F, qui doivent être lus respectivement comme :<br />

« ce fut le cas que… à une étape du passé » et « ce sera le cas que … à une étape du futur ».<br />

Ainsi, l’opérateur F sert de pendant formel à, au moins quelques formes du Futur, tandis que<br />

P joue un rôle similaire pour le Passé. Les quatre opérateurs temporels usuels ont été résumés<br />

comme suit :<br />

Gϕ : ce sera toujours la cas que ϕ<br />

Hϕ : il a toujours été le cas que ϕ<br />

Fϕ : à une étape du futur ce sera le cas que ϕ<br />

Pϕ : à une certaine étape du passé, ce fut le cas que ϕ<br />

En ajoutant ces quatre opérateurs à la logique propositionnelle standard, nous obtenons la<br />

logique propositionnelle temporelle. Si maintenant la lettre propositionnelle « p » est<br />

interprétée comme voulant dire : « Marie est en train de chanter », par exemple, alors le<br />

6 Extrait de LTF GAMUT, Intensional Logic and Logical Grammar, Vol. II, pp32-35, The University of<br />

Chicago Press, Chicago and London, 1991.<br />

21


tableau ci-après nous montre comment certains temps verbaux peuvent être représenter en<br />

logique temporelle propositionnelle.<br />

Fp Marie chantera<br />

Pp Marie a chanté<br />

PPp Marie avait chanté<br />

FPp Marie aura chanté<br />

PFp Marie chanterait<br />

Il apparaît évidemment que toute combinaison des ces opérateurs F et P ne correspond pas<br />

forcément à un temps occurrent dans le langage naturel. Il n’est pas non plus possible<br />

d’exprimer tous les temps verbaux au moyen de ces opérateurs.<br />

Disons maintenant qu’un modèle M pour la logique temporelle propositionnelle consiste<br />

en un ensemble T non vide de moments du temps, une relation R d’antériorité, et une<br />

valuation V, qui assigne à chaque lettre propositionnelle p et à chaque moment t, une valeur<br />

de vérité Vt(p). Comme dans la logique modale, T et R forment ensemble une structure qui,<br />

dans la logique temporelle, est quelque fois référée comme un axe du <strong>Temps</strong>. Ainsi pose-t-on<br />

les conditions de vérité, relatives aux opérateurs intensionnels de temporalité :<br />

DÉFINITION.<br />

Soit M un modèle qui a T comme son ensemble de moments dans le temps et R comme sa<br />

relation d’antériorité; alors VM,t(ϕ) est définie comme suit :<br />

(i) VM,t(Gϕ) = 1 ssi pour tout t'∈ T tel que tRt' : VM,t'(ϕ) = 1<br />

(ii) VM,t(Fϕ) = 1 ssi pour au moins un t'∈ T tel que tRt' : VM,t'(ϕ) = 1<br />

(iii) VM,t(Hϕ) = 1 ssi pour tout t'∈ T, tel que t'Rt : VM,t'(ϕ) = 1<br />

(iv) VM,t(Pϕ) = 1 ssi pour au moins un t'∈ T, tel que t'Rt : VM,t'(ϕ) = 1<br />

Une ligne d’investigation dans la logique temporelle a été de concevoir des principes<br />

logiques temporels et ainsi, d’essayer de découvrir quels réquisits doivent êtres placées sur<br />

l’axe du temps afin de sauvegarder la validité de ces principes. Une autre approche<br />

complémentaire a été de trouver quels principes deviennent valides étant données des<br />

22


estrictions particulières sur l’axe du temps. Comme avec la logique modale, la notion de<br />

validité sur une structure y a joué un rôle important.<br />

Nous allons maintenant discuter quelques principes logiques temporels intuitivement<br />

plausibles, et voir quels sont les propriétés de l’axe temporel ils expriment. Visiblement :<br />

(1) G (ϕ → ψ) → (Gϕ → Gψ)<br />

(2) H (ϕ → ψ) → (Hϕ → Hψ)<br />

Seront valides sur n’importe quel axe temporel, avec G et H pris comme des versions de<br />

l’opérateur □, et le principe modal correspondant est valide indépendamment des relations<br />

d’accessibilité. Par ailleurs, il devrait être remarqué que les principes logiques temporels (3) et<br />

(4) correspondant au principe modal □ϕ→ϕ n’ont pas la plausibilité de ce dernier :<br />

(3) Gϕ → ϕ<br />

(4) Hϕ → ϕ<br />

Si R est requise d’être irréflexive, ce qui est une réquisit très raisonnable, dès lors que cela<br />

signifie qu’aucun moment du temps ne peut être antérieur à lui-même, (3) et (4) deviennent<br />

invalides. Mais, comme dans la logique, ce réquisit d’irréflexivité ne peut être exprimé au<br />

moyen d’une formule. En plus de (1) et (2), il y a les principes intuitivement cohérents<br />

suivants :<br />

(5) ϕ → HFϕ<br />

(6) ϕ → GPϕ<br />

(7) Pϕ → H (Fϕ ∨ ϕ ∨ Pϕ)<br />

(8) Fϕ → G (Pϕ ∨ ϕ ∨ Fϕ)<br />

(9) Pϕ → GPϕ<br />

(10) Fϕ → HFϕ<br />

[…] Une différence notoire entre la logique modale et la logique temporelle, c’est que pour<br />

cette dernière, il semble plus raisonnable de commencer par choisir une sémantique. Au<br />

contraire de nos intuitions à propos des modalités, qui concernent plus la validité des divers<br />

principes que les relations entre les mondes possibles, nos intuitions temporelles semblent<br />

23


porter sur la structure du temps. Ainsi, avec la logique temporelle il semble judicieux<br />

d’approcher les choses en essayant premièrement de formuler ces intuitions et alors d’essayer<br />

de trouver les principes syntactiques que ces dernières font apparaître.<br />

Disons par ailleurs qu’il existe d’autres modèles de logique temporelle, où par exemple,<br />

il est envisagé de travailler avec une quantification spécifique qui porterait sur les moments<br />

du temps. Cependant, pour la parcimonie de notre propos, nous laissons de côté toutes ces<br />

considérations et préférons nous atteler à l’exposition du modèle de langage relatif à la<br />

conception du temps comme branché.<br />

A 3. LOGIQUE MULTIMODALE et TEMPS RAMIFIÉ 7<br />

Les constructions contrefactuelles semblent combiner le temps et la modalité. (…) une<br />

combinaison de logique modale et temporelle est obtenue si, non seulement et ◊, mais aussi<br />

G et H sont ajoutés à la logique propositionnelle. Des structures sémantiques variables<br />

pourraient être choisies, mais pour garder les choses telles qu'elles ont lieu dans la science<br />

fiction, nous prendrons juste un ensemble W, de mondes possibles, chacun avec le même axe<br />

du temps fixe. Nous pouvons alors parler en termes de valeur de vérité d’une formule φ dans<br />

un monde w, au temps t. Il y a une relation d’antériorité sur l’ensemble T des moments du<br />

temps, et une relation d’accessibilité R définie sur l’ensemble des mondes possibles. Les<br />

clauses déterminantes dans la définition de la vérité sont alors :<br />

(A) VM, w, t ( φ) = 1 ssi pour tout w’ tel que wRw’ : VM, w’, t (φ) = 1<br />

(B) VM, w, t (Gφ) = 1 ssi pour tout t’ tel que t < t’ : VM, w, t’ (φ) = 1<br />

La clause pour « φ » exprime une nécessité temporalisée : φ est vraie dans un monde<br />

w, au moment t, si et seulement si φ est vraie dans chaque w’ accessible à partir de w. Il y a<br />

quelque chose qui doit être dit pour permettre à l’accessibilité inter-mondes de changer d’un<br />

moment à un autre. Ceci peut être fait en concevant R avec un paramètre temporel, et obtenir<br />

ainsi un ensemble de relations d’accessibilité Rt, une pour chaque t ∈ T. La clause devient<br />

alors :<br />

VM, w, t ( φ) = 1 ssi pour tout w’ tel que w Rt w’ : VM, w’, t (φ) = 1<br />

7 LTF Gamut; Intensional Logic and Logical Grammar, The University of Chicago Press, Chicago and London,<br />

1991, pp 40 – 44.<br />

24


W<br />

Pour paraphrase, φ est vraie dans un monde w au temps t dans chaque monde accessible<br />

à partir de w à ce moment t. Cette dernière option devient un peu plus concrète si Rt est<br />

définie de la manière suivante : w Rt w’ tient juste dans le cas où w et w’ ont la même histoire<br />

jusqu’au moment t (point du temps où ils peuvent ou non converger). Ce qui nous donne le<br />

modèle du Branching Time (ou structure temporelle en ramification) suivant.<br />

t-1 to t1<br />

T<br />

25


REMERCIEMENTS<br />

L’œuvre de science, en tant que recherche du Savoir, est une entreprise qui ne saurait être<br />

menée dans la seule sphère égotique d’un penseur solitaire. Aussi, l’actualisation de ce<br />

premier pas dans la recherche doctorale a été énergiquement soutenue par les efforts<br />

conjugués de mes Maîtres que sont les Professeurs Rahman et Nzinzi :<br />

Le Professeur Rahman, de par le rythme effréné auquel il me conduit dans l’apprentissage<br />

des matières de la logique mathématique, ne saurait trouver ici assez d’échos pour le grand-<br />

œuvre qu’il est en train de construire. En effet, la stimulation de toutes les intuitions<br />

heuristiques exposées ici, sont essentiellement son œuvre. Mais surtout, la conscience prise<br />

par moi de l’originalité que constitue le socle culturel des Bantu, est encore le fait d’une<br />

stimulation de sa part. Aussi me dois-je ici de lui présenter toute ma gratitude.<br />

Au Professeur Nzinzi, je m’en irai simplement dire merci pour tout le soutient qu’il m’a<br />

incessamment apporté depuis mes premiers au sein de l’académie : après avoir patiemment<br />

dirigé mes travaux de Licence et de Maîtrise, celui-ci s’avisa de me fournir des orientations<br />

claires et précises sur le cursus que je devais dès lors emprunter, c’est-à-dire celui d’un futur<br />

logicien. D’où toute la reconnaissance que je voudrais lui témoigner ici.<br />

Mes remerciements vont aussi à toute l’équipe de recherche doctorale « Pragmatisme<br />

Dialogique » (de l’UFR de Philosophie de l’Université <strong>Lille</strong> 3) réunie autour du Maître<br />

Rahman. Plus particulièrement à mes cadets que sont Sébastien Magnier et Mathieu Fontaine.<br />

Le premier cité ayant corrigé les épreuves de l’appendice de cet article ; tandis que le second a<br />

apporté, par ses remarques pertinentes, de la précision dans la construction de notre formule ;<br />

c’est d’ailleurs lui qui emmena l’idée de la baptiser « Dream Statement ». À mes aînés que<br />

sont Hassan Tahiri et Laurent Keiff, je présente mes profonds remerciements pour les<br />

nombreuses discussions fructueuses et les précisions théoriques qu’ils m’ont chacun<br />

apportées. À tous les autres membres de l’équipe que j’ais pas nommément cités, qu’ils<br />

trouvent ici l’expression de toute ma reconnaissance.<br />

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES<br />

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