Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE~PRESS REVIEW~BERHEVOKA ÇAPÊ~RIVISTA STAMPA,DENTRO DE LA PRENSA~BASIN ÖZETÎ
Kurdes
sans patrie
ILS sont vingt-deux miIlions de Kurdes dispersés
à travers le mdnde, Dix-sept millions d'entre
eùx sont en quelque sorte locataires de leur
« pays _, répartis dans cinq Etats ~ go:uvernements
plutôt musclés: la Turquie, .10 Syne: 1~ran,
l'Irak et l'Arménie, ancienne république sovlé~que.
Comme les Palestiniens, les Tamouls ou les Eskimos,
les Kurdes' sont sans patrie. Pour en posséder une,
Us se battent depuis toujours. En vain., Est-;e pour
cela que les tribus kurdes ont la réputation d être les
plus belliqueuses de l'Orient? .
Leurs guerriers, les pechmergas (ceux qUI font
face à la mort) sont de redoutables c~mbattants,
marcheurs infatigables, sachant se tapir dans la
plus petite excavation et s'évanouir dans la nature
pour échapper à leurs adversaires. Coillés d'un
turban, vêtus d'un pantalon bouffant, le chalwar, la
cartouchière en bandoulière, Us résistent éternellement
aux armées régulières turque, iranienne ou
irakienne. Cela ne les empêche pas d'être minés de
l'intérieur par des querelles internes de clans, des
rivalités de chefs, des diliérends idéologiques.
Ils peuvent ainsi faire le jeu des Etats de la
région. L'un des drames des dirigeants. kurdes,
partagés entre plusieurs pays, a toujours été de
céder à la tentation de s'aIlier, pour lutter contre leur
propre gouvernement, au gouvernement du pays
voisin, quitte à porter tort à leurs frères kurdes de
l'autre côté de la frontière.
De Barzani au PKK
Comme le génér~:d Barzani, figur~ emblé~atique
du Kurdistan, s allia au chah d Iran qw le
ravitailla en armement, pour mener son comb~
contre le parti Baas irakien, Abd~ah Ocalan, ~bt
« Apo -, leader du parti des travailleurs du Kurdis-
tan (PKK), réside à Damas sous l'oeil ~~enveillant
d'Affez el-Assad, le président syrien et dirige, de là,
la lutte armée des Kurdes en Turquie du Sud 7Est..
Fondé le 27 novembre 1978 par des militants
marxistes le PICKa mis à profit l'interdiction de 19
langue ~e après le coup d'Etat de 1980à Ankara
pour recruter près de 10.000 combattants sur le
thème de la revendication d'id",ntité culhlrelle.
Le chef du PICKavait déclaré un cessez-le-feu
unilatéral du 20 mars au 15avril, prolongé pour une
durée indéterminée, auquel U a mis fin le ~ juin,
faute de négociation avec Ankara qui refuse de
discuter avec des «terroristes -. Apo avait alors
annoncé e un été sanglant _ et e déclaré une guerre
totale à la Turquie _.
Cette guérilla a connu, cet été, un regain de
publicité quand le PICKa lancé une série d'attaques
à l'explosü contre des sites touristiques en Turquie,
blessant une vingtaine de touristes étrangers. Ces
attentats ont atteint leur but : Us ont entratné près de
75.000 annulations de réservations dont 60.000 df_la
part de l'Allemagne. Le PICKa poursuivi son act~r:
d'intimidation en enlevant six touristes (quatre
Français, un Britannique et une Australienne),
relachés sains et saufs la semaine dernière.
Le premier ministre turc Tansu Liller a récem-
~ent annoncé la création d'une force spéciale de
5.000 hommes pour lutter contre les e terroristes
séparatistes -, terminologie officielle pour désigner
les militants armés du PICKqui opèrent notamment
dans le Sud-Est anatolien frontalier avec l'Iran,
l'Irak et la Syrie.
Dans cette zone, près de 400.000 personnes
apportent un soutien logistique direct aux
10.000maquisards du PICKque l'armée et les forces
spéciales - au total 150.000 hommes - n'am"lent
pas à juguler. Il est vrai qu'Us peuvent se replier de
l'autre côté de la frontière, en Irak, dans la zone
e libérée -, placée depuis avril 1991 sous la protection
de l'aviation alliée ... Ce qui inquiète fort la
Turquie.
Au passage, Ufaut souligner que l'Irak accorde
plus de liberté aux Kurdes que l'Iran, la Syrie et la
Turquie. En effet, ces derniers ont le droit de parler
leur langue, disposent de vingt et un journaux, de
radio et d'une télévision émettant en kurde. Saddam
Hussein a admis leur présence à condition qu'Us ne
formulent pas de revendication territoriale.
Sous rEmpire oRoman
LA MONIAGNE - 19 août 1993
L'inextricable question kurde se pose depuis le
déclin de l'Empire ottoman, au XIX- siècle. Descendants
des Mèdes, parlant une langue indo-européenne,
les Kurdes furent islamisés à la fin ?U
VU- siècle et Saladin, modèle de Saddam Hussem,
originaire comme lui de Takrit, était kurde.
Leurs princes surent habUement préserver leur
civilisation en acceptant la tutelle ottomane en
échange d'une large autonomie: «Ce statut particulier,
affirme Kendal Nezan, président de l'Institut
kurde de Paris, a assuré au Kurdistan près de trois
siècles de paix _.
Tout va se gater avec le déclin de l'Empire
ottoman. Le sultan de Constantinople essaie de
renflouer ses caisses en levant un impÔt chez les
Kurdes qui se révoltent. Les Kurdes et leur chef, le
sultan Cherü Pacha, ont un moment d'espoir à la fin
de la guerre de 14-18. Par le traité de Sèvres, en
1920, les Alliés promettent d'accorder l'autonomie
au Kurdistan, mais les rivalités entre Anglais et
Français qui se disputent le pétrole de la région de
Mossoul au nord de l'Irak, remettent tout en
question: Le traité de Lausanne et l'émergence de la
Turquie moderne de Mustapha Kemal ruinent les
espoirs kurdes.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, le
nouvel espoir né du minuscule Etat de Mahabad où
rèqne Pazi Mohammed est lui aussi anéanti par les
intérêts politiques britanniques et américains qui
jouent la carte du chah d'Iran. Les Kurdes n'ont plus
d'autre solution que celle de la lutte armée.
D.D.
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