Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

gamk~ 11août 1993
Le PKK libère avec panache
les quatre touristes français
Le scénario était bien
rodé. le lendemain
même de la parution,
dans le quotidien turc pro-kurde
"Ozgur Gundem", d'un reportage sur
les quatre touristes français enlevés
par des rebelles kurdes près de Tat~
van le 24 juillet dernier (voir GAMK
des 9-10 août 1993), quelques
heures après le retour à Ankara
d'une mission de médiation humanitaire
qui avait sans succès pendant
une semaine tenté d'obtenir leur libération,
ceux-ci étaient retrouvés sur
une petite route d'Anatolie orientale,
sur les lieux-mêmes où ils avaient
été enlevés. Les quatre touristes
français, Robert Audouin (51 ans),
Pierre Fix (43 ans), Michel Coudray
(53 ans) et Fernand Haron (66 ans),
ont été libérés dans la nuit de lundi à
mardi par leurs ravisseurs près du
village de Koruklu, où ils avaient été
enlevés il y a 18 jours par des
rebelles kurdes du PKK. Les quatre
touristes, qui avaient été "choisis"
par des rebelles kurdes parmi les
passagers d'un bus effectuant un circuit
dans l'est de l'Anatolie, auraient
été ensuite pris en stop par un
camion sur la route de Tatvan à Van
et ils auraient été aperçus par des
gendarmes à l'occasion d'un banal
contrôle routier. Identifiés, les quatre
hommes ont été transportés au poste
de gendarmerie de Gevas, dans la
même région, d'où ils ont été
envoyés à la préfecture de Van pour
y être entendus.
Pour le mouvement de guérilla
kurde, l'opération est sans
conteste un succès. Aux pays occidentaux,
ils ont montré qu'ils
n'étaient pas les "terroristes" et les
"tu~eurs"que décrit Ankara, et qu'ils
sont capables de tenir leurs engagements,
même si l'enthousiasme était
mitigé dans les chancelleries occidentales,
puisqu'on était toujours
sans nouvelle mardi des deux autres
touristes, un Britannique et une Australienne
enlevés le 5 juillet dans lé
même région et dont la Iibératior
était prévue en même temps que cel.
le des Français, selon les communi.
qués des rebelles kurdes. ~
l'Ambassade de Grande Bretagne s
Ankara, on se réjouissait de la libéra.
tion des. quatre Français, tout er
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déplorant "qu'il n'y ait pas de déve.
loppement" concernant le Britan.
nique et l'Australienne. En libéran'
les Français, leurs ravisseurs kurdes
du PKK, qui prétend détenir l'autori.
té sur le sud-est de l'Anatolie, auré
,ainsi prouvé que les Occidentaux,
placés en état d'alerte avec cette
série d'enlèvement, pouvaient se
passer des autorités turques qui
s'étaient engagées à libérer les tou~
ristes. Mieux, ils se sont fait un poin1
d'honneur à désigner les forces de
"ordre turques comme les principau~
obstacles à leur libération, comme
l'avait d'ailleurs sous entendu la
délégation humanitaire en annon"
çant qu'elle avait dû renoncer à un
rendez-vous pour récupérer les touristes
en raison de "l'attitude de la
police spéciale turque qui l'a empêchée".
Le PKK du même coup, a
voulu prouver qu'il savait se montrer
plus "magnanime" que les autorités
turques, qui n'hésitent pas à envoyer
en prison pour des années des Occidentaux,
dont dernièrement un journaliste
allemand, accusé d'avoir établi
des contacts avec le PKK. Le PKK
pour sa part, avait "accusé" les touristes
de ne pas avoir demandé
l'autorisation préalable de ses
antennes en Occident avant de se
rendre au Kurdistan turc.
Mais c'est surtout un véritable
défi aux autorités turques
qu'ont lancé les rebelles kurdes, à la
iNTERNATIONALHERALDntJBU.NE~
veille du 9ème anniversaire du
déclenchement des hostilités contre
les forces de l'ordre turques, le 15
août 1984. Et non sans un certain
panache: après un mois de
recherches vaines des forces de
l'ordre turques, qui ont ratissé tout,
l'est de l'Anatolie, faisant au passa-:
ge de nombreux morts parmi les'
rebelles kurdes,ceux-ci ont libéré les
touristes français au nez et à la barbe
des gendarmes turcs, à l'heure et
au lieu qu'ils avaient choisis, soit,
tout simplement, à l'endroit même où
ils les avaient enlevés. Un choix délibéré,
si l'on en juge aux premiers
témoignages des touristes libérés,
qui ont fait état de longues "marches
commando" de nuit accompagnés
de leurs ravisseursdont ils n'auraient
donc subi, pQ,urseuls sévices, que
ce "trekking" forcé dans les mont
Taurus. Malgré ces déplacements
constants, 18 jours durant, les
rebelles kurdes ont donc tenu à
ramener leurs prisonniers au point
de départ pour les libérer...
Un terrible camouflet, un
véritable pied de nez aux autorités
d'Ankara, une démonstration de force
aussi à destination du nouveau
Premier ministre, Mme Tansu Ciller
qui, dans des déclarations musclées,
s'était engagée à mettre un terme
définitif aux activités du PKK. Par
cette opération hautement "publicitaire",
les rebelles kurdes ont surtout
tenu à démontrer qu'après les coups
que leur avait portés l'armée turque,
que ce soit dans leurs bases du nord
de l'Irak ou en Anatolie, ils étaient
toujours capables d'agir et de se
déplacer à leur guise sur le territoire
qu'ils revendiquent.
AUGUST 12e 1993.'
KUrds Free Last 2 Hostage Tourists
ANKARA.(Reuters) - Kurdish rebels, ending a hostage-takin$ that,
has angered Western governments, released a Briton and an Australian in
the wilds of southeast Turkey overnight, soon after setting four Ftench
tourists free.
David Rowbottom, a Briton, and his cousin Tania Miller, both 28 were
kidnapped July 5 while on a cycling tour from Britain to Australia. They
.were freed in a forest and walked into a police station in the town of
.Guroymak at abou,t midnight Tuesday.
"We're going on with the trip," Mr. Rowbottom said after they flew in
from the eastern city pf Van on Wednesday.