Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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par les soins de l'armée qui n'a tenu
aucun compte de la volonté de sa
famille.
Voici, à titre d'information, des extraits
du témoignage du journaliste
turc Ismet G.Imset, paru dans la revue
Turkish Probe du 14 septembre
(Ch. p. 146) paraissant en anglais à
Ankara sur l'attitude des autorités
turques dans cette affaire :
.Le meurtre de Mehmet
Sincar, député et responsable local
du Parti pro-kurde de la Démocratie
(DEF), le 4 septembre dans la villeraffinerie
de Batman dans l'est du
pays, a eu des prolongements qui
indiquent clairement que la tolérance
mcmitestée par la Turquie pour
la politique des Kurdes, à fortiori pour
leur séparatisme, est presque à bout.
Sincar, un représentant élu du peu-
ple, a non seulement été tué, mais il
l'a été dans des circonstances plus
que suspectes. Les suites de sa mort
tendent à démontrer que, malgré
toutes les assurances officielles, une
nouvelle campagne clandestine a
vu le jour pour .éliminer. les 17 dé-
putés kurdes restant au parlement.
Les accusations des collègues
de Sincar selon lesquelles la protec-
tion policière accordée aux députés
- qui se trouvaient à Batman pour en-
quêter sur le meurtre d'un autre res-
ponsable du Parti - aurait été retirée
juste avant l'assassinat du parlemen-
taire, n'ont jamais reçu de réponse
satisfaisante.
Les autorités locales se sont
contentées de faire des déclarations
embarrassées pour tenter d'expliquer
comment des députés kurdes ont pu
être laissés sans protection dans une
ville réputée pour sa violence impi-
toyable à l'encontre des militŒlts pro-
kurdes.
Un des chets de la sécurité a
prétendU que les députés ne vou-
laient pas qu'on les suive. D'après un
autre, ils auraient demandé à ne pas
être protégés. Encore un autre a dé-
claré qu'il y avait bel et bien une pro-
tection devŒlt l'immeuble du DEP,
mais que les députés étaient sortis
par la porte de derrière. Et ainsi de
suite. Aucune de ces déclarations n'a
servi à éclairer la nation sur ce qui
s'était réellement passé.
CependŒlt, d'après d'autres
députés du DEP, il y avait effective-
ment une protection policière depuis
le début de leur visite dans la région,
mais celle-ci aurait été retirée dans
la matinée du samedi, peu avant
l'assassinat.
La conclusion évidente du
DEPet des militŒlts kurdes était qu'un
tel meurtre ne pouvait avoir lieu sans
la coopération des autorités locales,
ou du moins sans que celles-ci ne ferment
les yeux. Un autre incident
grave en tin de semaine, au cours
duquel un autre député du DEP
échappa miraculeusement à lamort,
ne tit que renforcer leur conviction.
La maison familiale de Sincar
à Kiziltepe, Mardin, a reçu la visite
de plus de 6.000 amis et supporters
depuis le 9 septembre et a été sous
lasurveillŒlce constŒlte des troupes
locales et de véhicules blindés.
Samedi, cependŒlt. les trou-
pes et les blindés auraient été retirés
vers 7h du matin (heure locale). Environ
quatre heures plus tard, la
maison tut ébrŒl1ée par trois explo-
sions, suivies de six coups de feu.
Cinq personnes, dont des enfants,
turent blessées au cours de l'attaque.
Ley1a ZŒla, femme député
parmi les plus ouvertement pro-kur-
des au Parlement et soupçonnée
d'avoir des liens avec le Parti, illégal,
des Travailleurs du KurdistŒl (PKK),
aurait dû se trouver sur le toit de la
maison avec les autres femmes, lors-
que les bombes sont tombées. .Au
lieu de cela, j'étais en bas en train
de regarder la télévision., déc1ara-t-
elle peu après.
D'après le dirigeŒlt du DEP,
Yasar Kaya, l'attaque visait ZŒla.
Pratiquement tout le monde, y com-
pris le ministre de l'Intérieur Mehmet
Gaziog1u, s'accorde pour dire qu'il y
a eu des tentatives dans le pays pour
compromettre la fratemité entre Kur-
des et Turcs.
L'attaque visŒ1t la maison de
Sincar pourrait fort bien être un pas
de plus vers un durcissement du DEP,
qui subit déjà des pressions intemes
afin de prendre des mesures radica-
les contre le parlement turc. La se-
maine demière, on a pu assister à un
jeu du chat et de la souris entre les
autorités turques et des responsables
du DEP, qui n'a servi qu'à renforcer
la position des durs à l'intérieur du
mouvement pro-kurde légal. Toutes
les tentatives de la famille de Sincar
et des dirigeŒlts du DEP pour orga-
niser une cérémonie funèbre turent
bloquées - mais bloquées d'une manière
tellement habile qu'Ankara a
toujours donné l'impression que la
Turquie faisait tout ce qu'elle pouvait
pour venir en aide au Parti. Dans un
premier temps, le DEP avait trans-
porté le corps de Sincar de Batman,
lieu de son assassinat, à Ankara - où
l'on avait donné l'autorisation d'orga-
niser une cérémonie officielle au par-
lement.
Ensuite, le DEP annonça qu'il
allait organiser sa propre cérémonie
en l'honneur du défunt, qu'il renon-
çait à la cérémonie funèbre à l'As-
semblée nationale et qu'il recouvri-
rait le cercueil du drapeau du Parti
plutôt que du drapeau turc.
Cette déclaration eut le don
de mettre en colère de nombreux
Turcs, parmi lesquels des soldats
aussi bien que des hommes politi-
ques, car elle tut prise pour preuve
que le DEP refusait l1dentité turque
tout court.
24 heures après l'attaque vi-
SŒlt lana, le ministre de l'Agriculture
prononça un discours d'une extrême
violence, disŒlt que quiconque re-
fusait l1dentité nationale turque pou-
vait aller au diable et rôtir en enfer,
selon ses propres termes.
.ceux qui disent qu'ils ne sont
pas turcs, ceux qui n'acceptent pas
le drapeau turc peuvent aller rôtir
dans l'enfer de leur choix., déclara
Sabin. Trois jours avant le meurtre de
Sincar, le président turc Suleyman
Demirel avait fait une remarque similaire,
par laquelle il déclarait à la
nation que quiconque sympathisait
avec ceux qui versaient le SŒlg dans
le sud~st du pays était lui-même un
tueur.
Réalisant à quel degré de colère
leur tactique avait poussé la
nation, la première chose que tirent