Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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laquelle les tueurs auraient été arrêtés
dans un premier temps, puis ils
auraient réussi à s'enfuir mais que
grâce à des portraits-robots largement
diffusés on ne tarderait pas à
les reprendre semble avoir satisfait
la grande presse turque. A l'instigation
de la police politique CMm, les
grands quotidians d'Istanbul et les
radio-télévisions turques ont d'ailleurs
lancé une campagne d'opinion visant
à accréditer l'idée que les victimes
méritaient bien leur sort puisqu'elles
collaboraient avec les terroristes
du PKK! Pour ,preuve, le quotidien
Hürriyet a publié une page de
l'agendqQu député N.Toguç:, saisie
par la police après l'agression dont il
a été victime, indiquant une rencontre
à Damas, en compagnie d'autres
responsables de son parti. avec
A.Öcalan, le chef du PKK,Cette rencontre
avait eu lieu au moment où
le préSident turc Turgut Özal luimême
prônait une solution politique
négociée et où les députés kurdes
tentaient de I).oue~les fils d'un dialogue
entre les protagonistes de ce
conflit de plus en plus atroce déchirant
leur pays,
Mehmet Sincar est le 54è responsable
dll DEP(succe~eur, du HEJ', inter-
.
dit par la Cour 'Constitutionnelle tUr-
que) assassiné au cours des deux
dernières années. Pour l'opinion
kurde et pour nombre d'observateurs
étrangers, y compris les grandes organisations
internationales de défense
des droits de l'homme, ces assassi,natssont
l'oeuvre des servicesde •
la contre-guérilla turque à la guérilla
kurde, une .guerre spéciale. visant
à terroriser et à ,éliminer physiquement
les partisans ou sympathisants
prés\.lIDé~des insurgés dans les villes
est'activement menée par les services
spécialisés turcs. Plus d'un millier
d'intellectuels, journalistes, étudiants,
.médecins, ingénieurs et enseignants
kurdes ont ainsi été assassinés
en moins de deux ans dans les
villes çonsidérées comme des fiefsdu
nationalisme kurde comme Silvan,
, .
Batman, Diyarbakir et Cizre. Aucun
assassin n'a jamais été arrêté et les
témoignages sur les tueurs cmêtés
par la population, remis à la police
et relâchés par celle-ci abondent.
Tout comme la guerre officielle, cette
guerre secrète semble suivre un plan
soigneusement établi, visant à frapper
successivement dans plusieurs
villes cibles afin de créer un climat
de terreur conduisant la population
soit à collaborer avec l'armée soit à
partir vers l'ouest.Ainsi, pour ne prendre
que les faits marquants du début
septembre : le 1er assassinat à
Batman de Habib Killç:,dirigeant local
du DEP, le 2ème Docteur Zeki
, Tanrikulu, médecin chef de l'hôpital
de Silvan, très aimé de la population
pour sa compétence, son humanisme
et sa probité et sans affiliation
politique, estfroidement abattu dans
son cabinet. le 3ème, arrestation à
l'aéroport de Batman de Nesirn Killç,
venu assister aux funérailles de son
frère, le 4ème, assassinat à Batman
du député M, Sincar et de M.
Özdemir, nouvelles menaces de mort
contre Mme Leyla Zona, députée à
Diyarbakir, le 9, celle-ci échappe
miraculeusement à un attentat dans
la maison même de Sincar, à
Kiziltepe où elle était venue présenter
ses condoléances; les tirs de mitraillettes
et les trois grenades la visant
ont blessé cinq autres visiteurs,
dont les enfants.
Dans un communiqué rendu public
le 6 septembre à Paris Amnesty In"
temational affirme recevoir régulièrement
des informations plausibles
faisant état de menaces de mort proférées
par les forces de sécurité contre
desmilitants kurdes. Lesmembres
d'une délégation étrangère ont déclaré
qu'ils étaient présentslorsqu'un
commandant de la gendarmerie a
menacé Leyla Zona. Ramazan Sat,
qui avait déposé plainte contre la
police de Batman pour menaces de
mort et tortures a été abattu dans la
rue par des tueurs non identifiés trois
mois plus tard. Dans la ville de Silvan
(province de Diyarbakir) un comm~dant
de la gendarmerie a été
enregistré sur bande magnétique
alors qu'il organisait l'assassinatd'un
homme politique local. L'enregistrement
a été réalisé en présence de
l'ancien ministre de l'intérieur !smet
Sezgin. A la connaissance d'Amnesty
International, aucune poursuite jUdiciaire
n'a été engagée contre ce
commandant. Sur l'enregistrement
en question, ce dernier affirmait
qu'après l'assassinat, il s'efforcerait
d'en faire porter la responsabilité au
PKK. Le 5 septembre l'actuel ministre
de l'intérieur Mehmet Gazioglu qui
s'était rendu à Batman, aurait déclaré
: «selon les premières informations,
il s'agit de J'œuvre du PKK, qui
cherche à exacerber les tensions régnant
dans la région.,
D'autres députés du DEP,qui se trouvaient
à Batman au moment des
faits, déclarent qu'ils ont été étroitement
surveillés par la police la veille
du meurtre, constamment suivis par
au moins deux véhicules ainsi que
par de nombreux policiers en civil.
Tous les observateurs étrangers qui
se sont redus dans la région signalent
que les policiers sont particulièrement
nombreux à Batman et que
tous leurs déplacements ont été contrôlés.
ilest donc normalement presque
impossible qu'un tel meurtre soit
commis en toute impunité et en plein
jour, dans le centre de la ville, Mais
les parlementair,es du DEPdéclarent
que tous les policiers avaient disparu
le matin du 4 septembre.
Le parti de la dér.nocrc:rtie(DEP)n'a
pas été autoiisé à' orgCmiserune cérémonie
de funérailles pour rendre
hommage à son député assassiné.
Malgré les assurances du président
Demirel et du Premier ministre Tansu
Çiller que ,le DEPpourrait organiser
librement une cérémonie, le préfet
d'Ankara, agissant à la demande du
chef de la sûreté de la ville, a interdit
les funérailles. La police est intervenue
avec une violence extrême
contre la foule rassemblée devant le
siège du DEP.Elle a également interdit
l'accès d'Ankara aux autocars
transportant des provinces les citoyens
souhaitant rendre un demier
hommage au député Sincar. La dépouille
de ce dernier a été confisquée
à la morgue, transportée et enterrée
à la sauvette dans son village natale