Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RMSTA STAMPA-DENTRO DE lA PRENSA-BASIN ÖZETi
Les
otages
Angelo
Palego, et
Envoyé spécial: Bruno Giusuni
L'Hôtel Asur est un immeuble préles
t~OI~ fabriqué de six étages, quasi ano-
T!SSlnOIS nyme: l'entrée se situe dans une
Giuseppe ruelle latérale, il est flanqué d'un énorme
Rezzonlco, parking et des vendeurs de fruits s'acti-
Anna • A
t N' vent sous ses lenetres.
;ian~~O Quand nous arrivons à Van, lundi, dans
la poussière du matin, deux hélicos de
l'armée voltigent au loin. Le réceptionniste
se fait attendre cinq minutes, puis
nous obtenons des chambres sans difficulté:
il n'y a pas un seul client, toutes les
clés sont alignées derrière le bureau.
OTAGES LIBÉRÉS AU KURDISTAN
Dans la fièvre
d'une libération
Les sept otages détenus par les indépendantistes kurdes
ont été libérés mardi. Les parlementaires suisses Angeline
Fankhauser et Eugen David étaient sur place. Bruno
Giussani a fait le voyage avec eux et raconte les journées
agitées de lundi et mardi, le suspense, les informations
contradictoires et, surtout, la méfiance des policiers turcs.
«CeUe chambre est très bien, vous jouissez
d'une vue splendide sur les collines
du Kurdistan», dit un employé, l'air complice.
Mais subitement, il suffit d'une
demi-heure pour que la moitié des clés
disparaissent - toutes celles du premier
et du deuxième étage où se trouvent nos
chambres. Et pour que le hall se remplisse
de policiers en civil. Sans aucune gêne,
ils ordonnent à la réception de leur transmettre
une copie de tous les fax que nous
demanderons d'envoyer. Plus tard, le fax'
«tombera en panne». Puisque l'hôtel ne
possède pas de photocopieuse, les policiers
sont obligés d' «emprunter» les mes-
«la Suisse doit offrir ses bons offices»
- Angeline Fankhauser, vous avez
pris contact avec les ravisseurs et négocié
la libération des otages.
Qu'avez-vous promis au PKK?
- Je n'ai rien promis. Nous avons discuté
d'une politique possible au niveau
parlementaire et gouvernemental en
Suisse.
- Une partie du «contrat» doit donc
être remplie après la libération.
- Personnellement, je pense que la
Suisse doit continuer à offrir ses bons
offices sur le plan international pour une
solution du conflit turco-kurde. De plus,
il est nécessaire de reconnaître le travail
des Kurdes qui s'efforcent de développer
un mouvement démocratique pour
résoudre le problème: nier leurs efforts
revient à provoquer le terrorisme.
- Ou les prises d'otages?
- Oui. Mais c'est un moyen d'action
que je réprouve fermement.
- Quel a été le moment le plus ditneile
de la mission?
- Nous avons été très inquiets quand
nous nous sommes rendu compte que le
conseiller national Flavio Maspoli avait
envie de s'associer aux cinq députés italiens
et qu'il voulait débarquer à Ankara
sans aucun contact préalable. En
même temps, la presse a commencé à
parler de notre action et tous les plans
de négociations que nous avions faits
ont alors été remis en question. Les intermédiaires
qui devaient nous guider à
la rencontre des otages n'osaient plus
jouer le relais et ont disparu. J'ai aussi
souffert d'apprendre que les otages ont
été libérés mais que la police les a gardés
longtemps en nous empêchant de
leur parler.
- Comment s'est passée la collaboration
avec les Italiens?
- Parfaite avec les parlementaires.
sages, le temps qu'un gamin traverse
deux rues et se rende à leur centrale. De
plus, les rideaux de la petite pièce située
derrière la paroi où est appuyé le central
téléphonique sont maintenant tirés,
Quand nous sortons, deux hommes nous
suivent partout. D'autres policiers sont
assis dans les voitures qui encombrent la
ruelle latérale.
Après les enlèvements, les gouvernements
des pays d'origine des otages
avaient envisagé de multiples solutions:
de la tractation secrète à l'assaut militaire
conjoint contre les Kurdes sous couvert
d'exercice de l'OTAN (dont la Tur-
Mais parallèlement à la délégation, un
consul et un préfet faisaient leur propre
chemin apparemment en collaboration
avec la police turque, en court-circuitant
nos efforts.
- Quel rôle a joué le Département fédérai
des affaires étrangères?
- Il nous a offert le soutien logistique
nécessaire, nous envoyant notamment
un avion mardi matin à Van.
- Comment évaluez-vous la situation
au Kurdistan?
- Elle me paraît très tendue. Je suis ici
pour la quatrième fois, et la tension monte
de façon dramatique. C'est le dernier
moment de réfléchir àce qu'on peut faire
pour éviter une aggravation. Je crains
beaucoup que le départ des otages et des
deux délégations soit le prétexte pour intensifier
les actions militaires turques
contre les Kurdes.
Propos recueillis par B. G.
L'HEBDO - 16 SEPTEMBRE 1993
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