Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZET;
LE NOUVEAU QUOTIDIEN - 27 août 1993
«Nous ne toucherons pas à un seul cheveu
de ceux qui sont retenus dans la montagne»
Le PKK enlève des touristes étrangers pour démontrer qu'il contrôle le territoire et pour imposer à l'Europe
l'urgence de la question kurde. Reportage sur les lieux où trois Suisses sont toujours captifs.
ALAIN CAMPIOTTl
ENVOYÉ SPÉCIAL
DANS LE KURDISTAN TURC
Croyez-vous qu'ils vont
ff nous enlever? Est-ce
" que cela peut nous ar.
river à l'hôtel?)) Cette jeune
Américaine d'origine asiatique
est manifestement terrorisée par
ce qu'elle vient d'apprendre: le
rapt, la semaine dernière, un peu
plus au nord, d'Anna et de Nico
Pianta, de Giuseppe Rezzonico et
de leur compagnon italien Angelo
Palego. Elle s'irrite contre
son mari qui, pour faire bonne figure.
se moque de son inquiétude.
Leur petit garçon, lui, sautille
sans souci au milieu des ruines
de la citadelle de Van. ce qui
reste sl\r une arrête rochêtlS~,
de l'antique ville fondée il y il
vingt .leuf siècles et qui fut la capitalP
des Arméniens avant le génodde.
Formidable cadre pour
une tragédie: les chaînes volcaniques,
ocre et beige, encerclent
la grande nappe bleue du lac de
Van, trop salé et presque mort.
Ces Américains qui découvrent
sans l'avoir cherché le rude casse-tête
kurde, doivent être les
derniers touristes dans le Sud-
Est turc, en tout cas les derniers
à Van.
Depuis que le Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK) a déplacé
ses actions militaires vers
le nord, le long de la frontière
iranienne, après des déboires
tôté irakien, Van est au cœur de
la guérilla, et de la zone des récents
enlèvements: des Britanniques'
ont été pris puis relâchés
dimanche près de Batman, à
l'ouest; des Français ont étélibérés
sur la route qui longe le lac
entre Bitlis et Van; les Tessinois
et l'Italien ont disparu au nord,
près de Dogubayazit.
La ville nouvelle (kurde à 80%)
a été construite à deux kilomètres
de la citadelle. loin du lac.
C'est l'habituelle misère kurde,
ce sous-développement et ce délabrement
qui font qu'on a l'impression
de changer de pays
quand on passe en Turquie
d'ouest en est: rues rarement asphaltées,
souvent défoncées,
maisons prises entre gravats et
poussière; mais les marchés, jusqu'à
la nuit, sont plantureux.
seule richesse apparente; assise
sur le trottoir, devant un dispensaire
médical, une femme tient
dans ses bras un enfant dont la
maladie a fait un vieillard mourant.
La population de Van a
doublé au cours des dernières
années à cause de la guerre: les
villageois des montagnes fuient
les combats ou, comme dit le
PKK. sont chassés par l'armée
qui détruit leurs maisons.
La gendarmerie et les soldats
en tenue de combat. portant parfois
gilet pare-balles, sont très
présents dans la ville. «Et vous
ne voyez pas tout: des unités de
contre-Jtuérilla se déplacent en
Le Kurdistan turc. Formidable cadre pour une tragédie. SYGMA
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