Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

LL i\H.)0.: Dl~ - 25 (lOll! f(N.?
TURQlliE
Les forces de sécurité ont fait échouer
.une nouvelle tentative d'enlèvement de touristes
Après s'être emparés de quatre nouveaux
touristes; dont trois Suisses (le Monde du
24 aoot), les séparatistes kurdes du Parti des
.travailleurs du Kurdistan (PKK) ont tenté, dans
la nuit du dimanche 22 au lundi 23 aoOt, de
renouveler l'opération .. lIs ont enlevé dans le
sud-est du pays quatre personnes, qui
seraient deux Britanniques et deux Afghans.
ISTANBUL
de notre correspondante
Certains touristes ne seront
jamais dissuadés de se rendre en
Turquie, malgré les efforts du
PKK: «Ils [le PKK] n'ont jamais
exécuté d'otages étrangers. n'est-ce
pas? Tout le monde ici est très
sympathique », déclarait un jeune
routard irlandais qui voyageaIt paisiblement
dans la province de Agri,
où le PKK avait annoncé avoir
enlevé, dimanche 15 aofit, deux
Allemands et un Néo-Zélandais.
Tous les touristes ne partagent
cependant pas sa joyeuse insouciance,
à en juger par les soupirs
exaspérés des voyagistes locaux.
«( Personne n'a pu ne pas être
affecté)) affirme Jean Espinosa, le
dIrecteur en Turquie de Nouvelles
Frontières. «( Depuis juillet, les
ventes stagnent complètement.))
Sept millions de toumtes avaient
rapporté 3,7 milliards de dollars
(environ 22 milliards de francs) à
la Turquie en 1992. Huit millions
de visiteurs et 4,5 milliards de dollars
étaient attendus cette anitée.
«Bien sar, ces événements ont eu
une influence négative )), confirme
M. Aren, de la compagnie Silkar,
propriétaire de plusieurs « Club
.Robinson », des villages de
vacances destinés.avant tout à une
clientèle allemande. A l'évidence,
les Allemands, les visiteurs européens
les plus nombreux (1,1 mil-
.lion en 1992), sont également les
.plus rapidement effrayés. Les prévisions
optimistes pour 1993
(1,5 million d'Allemands) ne se
concrétiseront pas. Le nombre de
visiteurs français - 247 000 en
1992 - demeure modeste, même si
le cap des 300 000 avait déjà été
franchi eri juin cette année.
L'Association des hÔteliers et
agences de voyages tllrcs (TURÖB)
admet que les premiers attentats à
la bombe, à Antalya en Juin, ont
secoué le secteur du tourIsme. Un
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Mais "enlèvement a towné court. Selon des
sources officielles turques, des témoins de
l'enlèvement ont donné l'alerte et les forces
de sécurité ont libéré les otages, lundi, tuant
pendant l'attaque huit séparatistes. Une diplomate
britannique a indiqué, de son côté, que
le commando du PKK a rélâché les quatre
personnes quand la zone où il les détenait a
été attaquée. Des diplomates suisses, italiens,
allemands et néo-zélandais, dont des ressor~
tissants sont aux mains du PKK, se sont réunis,
lundi. Ces pays souhaltent\travailler à la
libération de leurs otages sans avoir pour
autant de contacts directs avec le PKK,
comme le' demandent les séparatistes. -
(AFP, AP, Reuter.)
« Une saison en dents de scie»
Face aux menaces du PKK, l'industrie touristique a. trébuch~
mais elle semble avoir, jusqu'à présen4 évité une crise sérieuse
vent de panique avait brièvement
souffié mais, affirme un responsable
de l'association, la situation est
à nouveau presque normale. «( Cette
infuence a été temporaire, l'effet est
dJjà passé )), affirme M. Aren, qui
reconnaît avoir reçu des annula.
tions en juillet, mais s'affirme
satisfait des réservations pour fin
août et septembre. «( Nos établissements
sont pleins.)) .
Les opérations du PKK qui,
depuis juin, ont pris pour cible les
intérêts touristiQ,ues de la Turquie,
n'ont pas rédUIt les rentrées de
devises par rapport à l'an dernier,
mais elles ont sérieusement freiné
une expansion qui promettait,
d'être spectaculaire cette année.
Selon la TUROB, le nombre des
visiteurs étrangers était en augmentation
de 40 % par rapport à l'année
précédente en mal. Un mois
plus tard, cette hausse était réduite
à 7 %. Aujourd'hui, elle semble
s'être stabilisée en-dessous de
20%.
«Psychose
ilfiustiliée »
Nouvelles Frontières/ qui organise
quelque 200 circuIts par saison,
sans compter les randonnées
et autres aventures, avait déjà doublé
ses chiffres en juillet. M. Espinosa
estime cependant avoir reçu
près de 30 % d'annulations au
.cours des deux derniers mois. « 11 y
a des ventes, mais elles ne font que
compenser les annulations) explique-toil.
Les voyagistes en Turquie, turcs
ou é.rangers, s'indignent de l'importance
démesurée accordée par
les médias occidentaux à là campagne
du PKK ..A l'exception d'une
explosion à Antalya, qui avait
causé la mort d'un employé turc, la
plupart des déflagrations n'ont
causé que des dégâts mineurs. Le
30 juillet, la presse avait annoncé
qu'une explosion dans la station
égéenne de Kusadasi avait fait dixhuit
blessés, dont six touristes
étrangers. « Les blessés n'ont souf
fert que qUelques coupures sans gravité.
Ils ont été traités sur place )),
affirme le directeur de Nouvelles
Frontières, dont la succursale est
située près du lieu de l'attentat.
«( En Europe, il y a une psychose
qui n'est pas justifiée. ))
La' situation en Turquie n'est,
pour l'instant, nullement comparable
à celle de l'Egypte où les tou.
ristes étran$ers eux-mêmes sont la
cible de mIlitants islamiques. Le
PKK essaie de porter atteinte aux
secteur du tourisme, tout en évitant
de verser le sang de touristes
occidentaux, ce qui risquerait de
ternir son image et d'éroder la tolérance
des gouvernements européens.
La Turquie n'est d'ailleurs
pas le' seul pays méditerranéen
souffrant d'instabilité sociale et
politique. Les touristes d'aujourd'hui
doivent tenir compte de ces
facteurs, dit.-on, ou rester chez eux.
. A{lrès la libération des quatre
touristes français enlevés le 24 juillet
dernier, l'ambassade de France
avait conseillé aux visiteurs d'évi.
ter la région du sud-est anatolien
où des opérations militaires de
grande envergure sont en cours.
Dans le reste du pays, en revanche,
le risque est limIté.
L'industrie turque du tourisme,
mise à rude épreuve par la guerre
du Golfe d'abord, pUIS par la fermeture
de son accès routier via la
Yougoslavie, a plutôt bien résisté.
Sa diversite est probablement un
facteur de son sq,ccès. Les estivants
européens, attirés par les pinèdes
ombragées et les eaux turquoise de
la Méditerranée et de la mer Egée,
constituent évidemment la clientèle
la plus recherchée, puisque la pluJ
riche en devises. Mais les touristes
en provenance de l'ancienne Union
soviétique (1,2 million en 1992),
qui ont détrôné l'AlIemagne au palmarès
des. visiteurs étrangers,
demeurent une source de revenus
importante pour la Turquie, même
si, dans leur cas, il s'agit bien
entendu davantage de petit com.
merce que de tourisme traditionnel.
Des hôtels
pleins pour l'automne
L'attrait des palais et mosquées
d'Istanbul, l'ancienne eapit.ale ottomane,
n'est pas saisonnier. Istanbul
est une destination populaire pour
s'évader, le temps d'un week-end
ou d'une petite semaine, durant
toute l'année. Ses hôtels cinq
étoiles sont bien équipés pour l'organisation
de congrès et de séminaires.
Quelque 5000 oto-rhino-laryngologistes
venus du monde
entier' se sont récemment réunis
pour le plus grand congrès qu'ait
connu Istanbul. «Nos grands hOtels
sont pleins pour cet automne )),
affirme un porte parole de la
TUROB.
L'industrie du tourisme a trébuché,
mais elle semble avoir, jusqu'à
présent, évité une crise sérieuse.
Pourtant, les hÔteliers et les
agences de voyage retiennent lelir
souffie, sachant que chaque inci~
dent, même mineur, est inévitabl&mènt
suivi d'annulations. « C'est
une saison en dents de scie, conclut
M. Espinosa. On commence à etre.
philosophe, on attend l'année prochaine.»
.
NICOLE POPE'