Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHE\'OKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN OZETi<br />
n'est pas feinte. Les murs <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te immense<br />
salle sont recouverts <strong>de</strong> graffiti qui<br />
sont autant d'insultes à l'adresse du<br />
maître <strong>de</strong> Bagdad. Quant au palais, il<br />
donne l'impression d'avoir subi un bombar<strong>de</strong>ment<br />
intensif. Toutes les tuiles<br />
vertes du toit, fabriquées en Italie, tous les<br />
dallages en marbre précieux, toutes les<br />
fresques aux armes <strong>de</strong> Saddam <strong>et</strong> du prophète<br />
chüte. Ali ont été consciencieusement<br />
fracassés. Manifestement, la haine<br />
<strong>de</strong>s Kur<strong>de</strong>s à l'encontre <strong>de</strong> Saddam a<br />
trouvé là un terrain d'expression privilégié.<br />
Emmenés <strong>de</strong> force<br />
De r<strong>et</strong>our dans le nid d'aigle <strong>de</strong> Saddam<br />
Hussein. mille mètres plus haut, le palais<br />
a lui aussi été saccagé, mais surtout pillé.<br />
Nous r<strong>et</strong>rouverons <strong>de</strong>s plaques <strong>de</strong> marbre<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> plâtre à quelques kilomètres <strong>de</strong> là, à<br />
Spindare, où vivent près <strong>de</strong> 400 personnes.<br />
Ce village a été détruit à plusieurs reprises,<br />
la <strong>de</strong>rnière fois en 1988 lors d'une<br />
offensive contre les provinces situées le<br />
long <strong>de</strong> la frontière avec la Turquie. Après<br />
c<strong>et</strong>te attaque, qui a mobilisé 60 000 soldats<br />
irakiens, les habitants <strong>de</strong> Spindare ont été<br />
emmenés <strong>de</strong> force dans <strong>de</strong>s camps dans la<br />
région d'Erbil, au sud du Kurdistan irakien,<br />
où ils sont restés pendant trois<br />
longues années. «Nous avions la permission<br />
d'aller en ville <strong>de</strong> temps à autre, mais<br />
ma femme <strong>et</strong> mes enfants étaient r<strong>et</strong>enus<br />
en otage», nous révèle le chef du village.<br />
A Spindare, aujourd'hui reconstruit par<br />
Caritas, une majorité d'enfants ont les<br />
yeux bleus <strong>et</strong> les cheveux blonds: c'est<br />
une <strong>de</strong>s r<strong>et</strong>ombées <strong>de</strong> l'exil d'une dizaine<br />
d'années <strong>de</strong> Mustafa Banani <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses<br />
hommes dans l'ex-Union soviétique!<br />
L'attachement <strong>de</strong> Saddam<br />
Dans ce coin du Kurdistan irakien, l'histoire<br />
<strong>de</strong> Saddam Hussein <strong>et</strong> celle du clan<br />
Banani est, du reste, étroitement liée. A<br />
•<br />
une trentaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> Spindare<br />
se trouve, en eff<strong>et</strong>, le village-<strong>de</strong> B~, le<br />
fief du clan Banani. Selon Hamid, .un ingénieur<br />
kur<strong>de</strong> qui travaille <strong>de</strong>puis trois<br />
ans pour Caritas, «le père <strong>de</strong> Saddam Hussein<br />
a été policier à Barzan <strong>et</strong> son propre<br />
frère y a vu le jour». Faut-il voir là la raison<br />
<strong>de</strong> l'attachement du maître <strong>de</strong> Bagdad<br />
pour la région?<br />
Un attachement qui n'a pas empêché le<br />
chef <strong>de</strong> l'Etat irakien <strong>de</strong> s'acharner sur<br />
Barzan, qui a été détruit en 1975, en 1983'<br />
<strong>et</strong> en 1988. Aujourd'hui, le village adossé<br />
au flanc t1'une montagne est, certes, partiellement<br />
reconstruit. Mais il est surtout<br />
habité pM' <strong>de</strong>s dizaines <strong>de</strong> veuves qui occupent<br />
<strong>de</strong>s p<strong>et</strong>ites maisons <strong>de</strong> trois pièces<br />
avec <strong>de</strong>s poutres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s portes en bois, qui<br />
leur conferent une atmosphère alpestre.<br />
Là encore, la griffe suisse <strong>de</strong> Caritas est visible.<br />
Sur les hauts du village, d'autres maisons,<br />
financées par le Gouvernement allemand,<br />
sont en cours <strong>de</strong> construction. Elles<br />
seront Occupées par une partie <strong>de</strong>s dizaines<br />
<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> femmes <strong>et</strong> d'enfants<br />
qui ont trouvé refuge en Iran. «En 1983,<br />
huit mille hommes ont été arrétés par les<br />
soldats ifakiens, on ne les a jamais revus.<br />
Aujourd'hui, nous avons à, nouveau un<br />
peu d'espoir, mais il n'y a hélas plus <strong>de</strong><br />
travail pour les habitants. Notre campagne<br />
a été dévastée. Nous n'avons plus d'animaux<br />
domestiques», se lamente Cheik<br />
Abdullah, le chef du village, Un Barzani,<br />
comme tous les autres!<br />
Quant à Massoud Barzani, le chef du<br />
Parti démocratique du Kurdistan" il a pu<br />
avoir un aperçu <strong>de</strong> la mégalomanie <strong>de</strong><br />
Saddam Hussein. En 1991, lors <strong>de</strong>s négociations<br />
sur l'autonomie du Kurdistan, le<br />
chef d'Etat irakien lui a offert ... un palais<br />
à Salaheddine, sur les montagnes qui surplombent<br />
la «capitale» Erbil.<br />
Ph. Dy 0<br />
Un territoire<br />
sous perfusion<br />
1\ la fin <strong>de</strong> la guerre du Golfe, en<br />
.l"'1mars 1991, les Kur<strong>de</strong>s irakiens se<br />
soulevaient en profitant <strong>de</strong> la pagaille<br />
qui régnait en Irak. En quelques jours,<br />
tous les centres urbains tombaient<br />
sous la pression populaire aux mains<br />
<strong>de</strong>s peshmergas, les combattants<br />
kur<strong>de</strong>s. A Bagdad, Saddam Hussein ordonnait<br />
immédiatement une contre-offensive<br />
meurtrière. Près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux millions<br />
<strong>de</strong> kur<strong>de</strong>s fuyaient alors en<br />
direction <strong>de</strong> la frontière turque. Ces<br />
images sont encore gravées dans<br />
toutes les mémoires avec ces milliers<br />
<strong>de</strong> femmes <strong>et</strong> d'enfants pataugeant<br />
dans la boue en quête d'eau, <strong>de</strong> nourriture<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong> sécurité.<br />
Après pas mal <strong>de</strong> valses-hésitations,<br />
l'Occi<strong>de</strong>nt décidait <strong>de</strong> créer une zone<br />
<strong>de</strong> protection pour les Kur<strong>de</strong>s sous<br />
l'égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'ONU. Les Etats-Unis interdisaient<br />
alors à Bagdad toute opération<br />
aérienne au nord d4 36e parallèle. A<br />
l'automne <strong>de</strong> la même année, les peshmergas<br />
kur<strong>de</strong>s se soulevaient à nouveau<br />
<strong>et</strong> agrandissaient par la même occasion<br />
leur «territoire».<br />
Deux ans <strong>et</strong> <strong>de</strong>mi plus tard, le Kurdistan<br />
irakien reste un cas à part. Formellement,<br />
il fait toujours partie <strong>de</strong><br />
l'Irak, comme le soulignent avec insistances<br />
ses nouveaux dirigeants. Parallèlement,<br />
ce territoire «autonome» dépend<br />
du bon vouloir <strong>de</strong>s pays<br />
occi<strong>de</strong>ntaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Turquie qui lui<br />
perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> vivre sous perfusion.<br />
Ph. Dy 0<br />
Un <strong>de</strong>s trente-cinq palais avec son p<strong>et</strong>it lac affJflciei qui <strong>de</strong>vait perm<strong>et</strong>tre à Saddam <strong>et</strong> à<br />
ses h6tes <strong>de</strong> pêcher à la ligne .<br />
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