Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

la découverte
des palais de Saddam
Au nord du Kurdistan irakien, le maître de Bagdad donne un aperçu de sa mégalomanie.
Visite guidée dans la vallée des trente-cinq châteaux.
@HEURES
VENDREDI
27 AOÛT 1993 A
L'air est frais, le paysage grandiose. Au
sommet d'une montagne, à plus de
1500mètres d'altitude, un château de style
bunker domine la vallée avec, en léger
. contrebas, un héliport. Nous sommes à
50 kilomètres de Dohouk, près de la petite
.ville d'Ashawa, dans la portion du Kurdistan
irakien qui échappe depuis deux ans
au contrôle de Bagdad. Pour parvenir à ce
nid d'aigle, il a fallu parcourir une quinzaine
de kilomètres sur une route qui aurait
fait pâlir les cyclistes du dernier Tour
de France.
Cette route a été construite sur l'ordre
de Saddam Hussein et son unique fonction
est de relier les différents palais que
le maître de Bagdad s'est fait construire
dès. 1986, pour lui et les chefs des diffé-
rents pays arabes, sur les contreforts de
cette vallée. Le premier était ainsi destiné
au roi Hussein de Jordanie.
Près d'Ashawa, au pied de la montagne,
un autre palais nettement plus imposant,
flanqué de quelques pavillons, trône au
milieu d'un espace verdoyant. C'est le Versailles
de Saddam. Autour du bâtiment
principal, plusieurs lacs ont été amenagés
pour permettre à l'héritier de Saladin de
s;adonner à la pêche à la ligne en compagnie
de ses hôtes de marque. Aux alentours,
un torrent a été canalisé pour former
toute une série de cascades.
Aujourd'hui, des enfants kurdes prennent
leur revanche en occupant le terrain. Les
lacs et les cascades de Saddam ont des
airs de piscine publique.
L'Imposant chAteau d'Ashawa a été saccagé par des réfugl~ kurdes en colère.
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Une destruction en règle
En pénétrant. à l'intérieur du palais, le
spectacle est hallucinant. Au milieu de ce
qui devait être une salle de réception, une
famille de réfugiés kurdes mange à même
le sol. A l'écart, quelques poules picorent
à quelque distance d'un feu qui noircit les
parois et les plafonds, en forme de vagues,
richement décorés .. «Nous sommes là depuis
huit mois, avec une dizaine d'autres
, familles: Saddam a détruit nos villages
pour faire construire ses châteaux. Maintenant,'
nous n'avons plus rien. Nos
champs ont été dévastés. Mes enfants sont
obligés de gagner leur vie en faisant des
petits boulots à la ville.»
La rancœur de cette mère de famille
Photos Philipp.e Dumartheray