Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASIN ÖZETi<br />
T~MOIGNAGE<br />
La survie menacée<br />
<strong>de</strong>s Kur<strong>de</strong>s d'Irak<br />
De r<strong>et</strong>our d'une mission dans un hôpital du Kurdistan irakien pour cc Mé<strong>de</strong>cins du<br />
Mon<strong>de</strong> », Bernard Devalois craint le pire si les organisations humanitaires lâchent prise .<br />
.PAS d'eau potal'Ie, une<br />
« chaleur terrible, la violence<br />
armée au quotidien<br />
<strong>de</strong> tous côtés, le tout dans<br />
!'indifférence internationale: c'est<br />
I~tenable <strong>et</strong>. m.ême les organisations<br />
humanitaires risquent <strong>de</strong> se<br />
décourager "... ,<br />
Au terme d'un mois <strong>de</strong> labeur'<br />
éprouvant dans "hôpital kur<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Ranya, en territoire irakien à une<br />
trentaine <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong> ia frontière<br />
iranienne, le Dr Bernard De- '<br />
valois s'interroge gravement sur<br />
la survie même <strong>de</strong>s populations<br />
kur<strong>de</strong>s. '<br />
Violence<br />
permanente<br />
Répondant positivement à la<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> impromptue <strong>de</strong> « Mé<strong>de</strong>cins<br />
du Mon<strong>de</strong>" (grâce à la<br />
compréhension du chef du service<br />
anesthésie-réanimation <strong>et</strong> dit<br />
la direction du CHRU <strong>de</strong> Limoges),<br />
Bernard Devalois est Mrivé<br />
à Ranya à la mi-juill<strong>et</strong>. « La<br />
région est administrée par lEis<br />
Kur<strong>de</strong>s q'ui ont élu leur propre<br />
~arlement. Ma!s la désorganisation<br />
est compl<strong>et</strong>e. La population<br />
manque <strong>de</strong> tout, victime <strong>de</strong> l'embargo<br />
international qui. frappe<br />
toujours l'Irak, aggravé par le blocus<br />
du pouvoir irakien qui va<br />
jusqu'à couper l'électricité <strong>de</strong><br />
temps à autre. '<br />
Et, comme la situation <strong>de</strong>s<br />
Kur<strong>de</strong>s d'Iran <strong>et</strong> <strong>de</strong> Turquie n'est<br />
guère plus enviable, l'étau se res-'<br />
serre sur les montagnes où<br />
convergent les réfugiés ".<br />
Le plus impressionnant, c'est le<br />
climat <strong>de</strong> violence permanente: L'enjeu<br />
« Tout le mon<strong>de</strong> est armé. Irak <strong>et</strong> d l'<br />
Iran entr<strong>et</strong>iennent <strong>de</strong>s factions si ,', e eau<br />
bien que le moindre différènd<br />
tourne au conflit armé.<br />
Au moindre prétexte, les<br />
troupes iraniennes tirent au mor~<br />
tier sur la ville; nous avons dû<br />
d'ailleurs nous replier en Turquie<br />
p~ndant quatre jours pour c<strong>et</strong>te<br />
raison. Et puis il reste <strong>de</strong>s mines<br />
partout dans la montagne <strong>et</strong> ce<br />
sont les enfants qui payent un<br />
lourd tribut " ...<br />
,<strong>de</strong> laquelle a iravaillé l'anesthésiste<br />
lirnougeaud assure l'activité<br />
chirurgicale pour une population<br />
d'envirOn 500.000 personnes.<br />
. Une d(zaine d'opérations par jour,<br />
parfÇl1s même plus, dans <strong>de</strong>s<br />
'c09Öitions particulièrement précaires.<br />
« A peu près <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong><br />
chirurgie classique <strong>et</strong> un tiers <strong>de</strong><br />
chirurgie <strong>de</strong> guerre, c'est-à-dire<br />
<strong>de</strong>s enfants, <strong>de</strong>s femmes <strong>et</strong> <strong>de</strong>s<br />
hommes atteints d'horribles blessures<br />
ou victimes <strong>de</strong> terribles séquelles...<br />
"<br />
• « Dans c<strong>et</strong>te atmosphère irrespirable,<br />
les gens nous témoignent<br />
cependant une extraordinaire atte~tion..<br />
Nous sommes gardés<br />
• nUit <strong>et</strong> Jour par <strong>de</strong>s Peshmer~as<br />
en armes <strong>et</strong> tout le mon<strong>de</strong> s efforce<br />
<strong>de</strong> nous être agréable".<br />
Aucun Etat ne se préoccupant <strong>de</strong><br />
leur sort, les Kur<strong>de</strong>s prennent le<br />
plus grand soin <strong>de</strong>s organisations<br />
non gouvernementales qui réùs-'<br />
sissent à tenir le coup. '<br />
« Irakiens <strong>et</strong> Iraniens qui n'at-<br />
,ten<strong>de</strong>nt probablement que le départ<br />
<strong>de</strong>s missions humanitaires<br />
pour en finir, font tout pour nous<br />
décourager". « Mé<strong>de</strong>cins sans<br />
'Frontières", par exemple, a re-<br />
,noncé: un <strong>de</strong> ses militants ayant<br />
été e~éc!-lté. « Il reste quelques<br />
organisations européennes dont<br />
trois françaises: Mé<strong>de</strong>cins du<br />
,Mon<strong>de</strong>, Equilibre <strong>et</strong> France-Lib~r:tés.<br />
Les Kur<strong>de</strong>s comptent<br />
d ailleurs beaucoup sur la France<br />
en particulier à travers la per~<br />
sonne <strong>de</strong> Danièle Mitterrand, tenue<br />
en très haute estime".<br />
Aux yeux <strong>de</strong> Bernard Devalois<br />
ce n'est pas le pétrole qui consti~<br />
tue l'enjeu, mais l'eau. « Les<br />
montagnes du Kurdistan c'est le<br />
château d'eau <strong>de</strong> toute là région<br />
explique-t-i!. L'Irak <strong>et</strong> l'Iran ainsi<br />
que la Turquie dans une moindre<br />
mesure, considèrent que celui qui<br />
contrôlera le Kurdistan sera le<br />
maitre..o'où un accord tacite pour<br />
a~éa.ntlr les Kur~es. Si les orga-<br />
Une dizaine nlsatlons humanitaires, le <strong>de</strong>rnier<br />
rempart, viennent à abandonner<br />
d'opérations je redoute un véritable génoci<strong>de</strong>:<br />
Un pe!-l à l'image du drame que<br />
par jo~r co!:'nalssent les populations<br />
, chIItes dans le sud <strong>de</strong> l'Irak: il n'y<br />
A l'hôl?ital, la p<strong>et</strong>ite équipe <strong>de</strong> a plus <strong>de</strong> témoins, ni ai<strong>de</strong> huma-<br />
« Mé<strong>de</strong>Cins qU, Mon<strong>de</strong>" au sein nitairé, ni média ".<br />
88<br />
Condamnant le régùne <strong>de</strong> Téhéran<br />
Une commission <strong>de</strong> l'ONU<br />
dénonce les assassinats d'opposants<br />
iraniens à l'étranger<br />
GENÈVE<br />
<strong>de</strong> notre correspondante<br />
La ,sous-commission <strong>de</strong>s droits<br />
<strong>de</strong> lihomme <strong>de</strong>s Nations unies<br />
vient d.'adopter, par vingt voix<br />
contre trois <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux abstentions,<br />
une très. sévère résolution contre<br />
le 'régïine iranien. Le texte<br />
<strong>de</strong>m'an<strong>de</strong> expressément à Téhéran<br />
<strong>de</strong> coopérer à l'enquête sur l'assassinat<br />
du professeur Kazem<br />
Radjavi, tué, le 24 avril 1990,<br />
près <strong>de</strong> son domicile genevois. Le<br />
Ju~e d'instruction, Roland Chatelam,<br />
avait affirmé que « un ou<br />
plusieurs services officiels iraniens<br />
étaient directement mêMs» à c<strong>et</strong><br />
assassinat. Il avait souhaité que<br />
<strong>de</strong>s enquêteurs puissent se rendre<br />
à Téhéran, mais sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> n'a<br />
jamais reçu <strong>de</strong> réponse.<br />
Estimant que « les gouvernements<br />
doivent être tenus responsables<br />
<strong>de</strong>s tentatives d'assassinat<br />
<strong>et</strong> <strong>de</strong>s actes d'agression perphrés<br />
par leurs agents dans d'autres<br />
pays, ainsi que <strong>de</strong>s mesures délibérées<br />
visant à inciter à <strong>de</strong> tels<br />
'actes, à les sanctionner ou à les<br />
toMrer », la résolution condamne<br />
les assassinats à l'étranger <strong>de</strong> res-<br />
'sQrtissants iraniens tout en précisant<br />
qu'elle présume « la partici-<br />
pation directe <strong>de</strong>s services offiNels<br />
iraniens à ces assassinats ». Elle<br />
rej<strong>et</strong>te, à c<strong>et</strong> égard, « toute justification<br />
culturelle ou religieuse du"<br />
non-respect <strong>de</strong>s normes universelles<br />
en matière <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong>,<br />
l'homme». '<br />
D'autre part, la sous-commission<br />
« condamne fermement» les<br />
violations <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'homme<br />
qui continuent d'être commises<br />
en Iran: exécutions <strong>de</strong> prisonniers<br />
politiques; lapidations, tortures<br />
<strong>et</strong> autres traitements dégradants,<br />
flagellation publique <strong>de</strong>s<br />
femmes, persécutions incessantes<br />
infligées aux Kur<strong>de</strong>s <strong>et</strong> aux<br />
Bahai's, harcèlement' <strong>de</strong>s familles<br />
<strong>de</strong> réfugiés politiques.<br />
La sous-commission regr<strong>et</strong>te<br />
que, <strong>de</strong>puis plus d'un an, le gouvernement<br />
iranien empêche le<br />
représentant spécial <strong>de</strong> l'ONU <strong>de</strong><br />
se rendre dans le pays. Elle,<br />
déplore aussi le fait' que, malgr.é.<br />
les accords conclus, Téhérann'autorise<br />
toujours pas les délé~'<br />
gués du Comité international <strong>de</strong>'<br />
la Croix-Ro\lge (CI CR) à remplir'<br />
leur mission, c'est-à-dire à visiter<br />
les prisonniers.<br />
ISABELLE VICHNIAC