Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVIEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RIVISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASlN ÖZETi
La prise en otage et la libération de quatre touristes français
par les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan
a fait resurgir la question kurde . Un peuple qui, depuis près
d'un siècle, lutte pour affirmer son existence.
TROMPÉS ET MASSACRÉS
TURQUIE
.Damas
SYRIE
KURDES
Unpeuple slinsPIlYS
Notre malheur vient de la guerre
14-18 », résume Shewki, secrétaire
permanent à l'Institut kurde de Paris.
De fait, c'est la défaite allemande
qui engendre le démantèlement de
l'Empire ottoman, allié de Berlin, et donne
naissance à de nouvelles nations au
Moyen-Orient. Composé de différentes tribus
qui vivent depuis plus de deux mille
ans sur un vaste territoire, le peuple kurde,
uni par une histoire, une langue et une culture
communes, se retrouve écartelé entre
cinq pays: l'Arménie, la Syrie, l'Irak, l'Iran
et la Turquie. Des Etats qui, au nom de l'intégrité
de leurs territoires, mais aussi de
l'intérêt économique que représentent certaines
régions, comme le « Kurdistan irakien»
riche en gisements pétroliers, vont,
dès lors, réprimer toutes les tentatives d'indépendance
de ce peuple:.
Persécutés par Staline dès 1927, les
Kurdes d'Arménie sont déportés et dispersés
entre les différentes Républiques du
Caucase. En Iran, la tentative d'instaurer
l'autonomie en 1946 se termine dans un
bain de sang. Et, trente-trois ans plus tard,
72
l'imam Khomeiny, qui avait pourtant pro-
'" :l!
~VI
a:
~
mis l'indépendance aux Kurdes en échange ~
de leur soutien à la révolution islamique,
déclare « qu'autonomie et démocratie sont
étrangères à l'islam ».
L'Irak a toujours mené une répression
féroce contre ce peuple apatride. Accusés
de s'être rangés aux côtés de Téhéran dans
la guerre Iran-Irak, les Kurdes sont même
massacrés à l'arme chimique à la fin des
années 80. En février 1991, profitant de la
défaite de Saddam Hussein dans la guerre
du Golfe, les Kurdes irakiens se proclament
indépendants. Autonomie précaire, la
nouvelle République restant sous la menace
d'une invasion de l'année de Saddam
Hussein qui n'attend que le retrait des
forces internationales surveillant la région
pour reprendre le territoire.
En Turquie, où le conflit est permanent,
20000 activistes du Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK, d'obédience communiste)
mènent, depuis 1984, dans le sud-est
du pays, des opérations sanglantes contre
l'Etat. « 20 000 militants sur une population
de 12 à 15 millions de Kurdes, c'est
peu! », estime Shewki. Comme la majorité
de ses compatriotes, et tout en souhaitant
une reconnaissance des autorités turques,
IRAK
Bagdad.
ARMÉNIE
IRAN
LE PELERIN MAGAZINE - 20 août 1993
Shewki n'admet pas cette politique « de la
terre brûlée» : « Nous sommes contre la
violence. Nous aspirons simplement au
respect de nos droits par Ankara »; affirme
le secrétaire de l'Institut kurde de Paris.
La Turquie semble dorénavant mieux
admettre l'existence des Kurdes. Un budget
de 12 milliards de francs a été débloqué
pour moderniser le Sud-Est, « très en retard
par rapport à l'ouest du pays », confie
Tangsu Bieda, ambassadeur de Turquie à
Paris. M. l'Ambassadeur reconnaît d'ailleurs
que « certaines erreurs, dues au centralisme
et au patriotisme excessifs de ses
compatriotes, ont été commises mais que la
situation s'est améliorée. Les Kurdes,
ajoute-t-il, ont aujourd'hui des journaux,
peuvent parler leur langue et nous sommes
prêts à leur ouvrir des écoles et une chaîne
de télévision. Mais jamais nous ne remettrons
en question notre intégrité territoriale.
Et jamais nous ne permettrons aux
terroristes du PKK, manipulés par l'étranger,
de fonder une république marxiste-léniniste
indépendante. »
En attendant, la guerre fait rage. Une
guerre qui frappe surtout les populations
civiles: hommes, femmes et enfants ... « Il
faut que cela cesse! », admettent d'une
seule voix le secrétaire de l'Institut kurde
de Paris et l'ambassadeur turc. Peut-être
une note d'espoir? •
LUC BALBONT
Le Kurdistan (530000 knfl) se
partage entre cinq pays: l'/ran, l'/rak,
la Syrie, la Turquie et l'Arménie.
On compte aujourd'hui entre 23 et
28 millions de Kurdes. 100 000 en
Arménié; un million en Syrie (sur une
population totale de 10 millions
d'habitants) ; entre 6 et 7 millions en
Iran (sur 43 millions) ; entre 3,5 et
5 millions en Irak (sur 15 millions) ;
et de 12 il 15 millions en Turquie
(sur 57 millions).